Cryoconservation de tissu ovarien
C’est quoi ? C’est le prélèvement par chirurgie ou cœlioscopie d’un ovaire, ou plus fréquemment de fragments d’ovaire, en vue de procéder à leur cryoconservation par congélation lente.
À la fin des traitements, ces fragments pourront être greffés chez la femme pour qu’elle retrouve une fonction ovarienne normale lui permettant d’envisager une grossesse, naturelle ou médicalement assistée.
Autre avantage : en stockant des milliers de follicules qui sont contenus dans le tissu ovarien, on peut espérer plusieurs enfants, ce qui paraît aléatoire avec la vitrification d’ovocytes, dont la quantité est le plus souvent limitée.
Pour qui ? C’est la seule option possible pour les patientes prépubères. Elle peut être aussi pratiquée chez les femmes en âge de procréer à condition qu’elles disposent d’une réserve ovarienne suffisante, généralement jusqu’à 35 ans.
Dans quel cas ? Avant des traitements très toxiques pour les ovaires et susceptibles d’entraîner une ménopause, comme la radiothérapie pelvienne ou la chimiothérapie à base d’alkylants*. Cette technique, qui a l’avantage de pouvoir être mise en œuvre très rapidement, est utile quand les traitements doivent débuter sans délai et qu’une stimulation hormonale est contre-indiquée.
Considérée comme prometteuse, elle est toutefois encore expérimentale et beaucoup moins bien maîtrisée que la vitrification. « Depuis 2004, seulement une centaine d’enfants dans le monde sont nés après une greffe de tissu ovarien, précise le Pr Grynberg, chef du service de médecine de la reproduction et préservation de la fertilité à l’hôpital Jean-Verdier, à Bondy. On a encore très peu de recul. »
Autre bémol : le risque de réintroduire chez la malade des cellules cancéreuses présentes dans le greffon (notamment dans certaines pathologies comme les leucémies).
Dernier inconvénient, « cette technique, qui nécessite une chirurgie, est aussi plus invasive qu’une ponction vaginale, précise le Pr Grynberg. Cela peut être vécu comme relativement lourd pour les patientes, dans un moment où elles viennent de subir l’annonce d’un cancer et doivent réaliser dans des délais courts un grand nombre d’examens ».
* Les agents alkylants attaquent directement l’ADN des cellules en inhibant la division cellulaire.
Vitrification d’ovocytes
C’est quoi ? Une technique décongélation ultrarapide des ovocytes à laquelle on recourt avant les traitements pour pouvoir les utiliser plus tard.
On commence par stimuler les ovaires pour booster le développement des follicules et permettre la production de plusieurs ovocytes matures au lieu d’un seul dans les conditions naturelles au cours du cycle.
Le médecin procède ensuite à la ponction des ovaires par voie transvaginale, sous anesthésie locale. Les liquides folliculaires sont aspirés et on en extrait les ovocytes matures, qui pourront alors être vitrifiés.
Autorisée en France en 2011, cette méthode a considérablement amélioré le taux de survie des ovocytes comparativement à la congélation lente. « Jusque-là, on était confrontés à la formation de cristaux qui altéraient les cellules lors des processus de congélation-décongélation, explique le Pr Michael Grynberg.
Aujourd’hui, c’est une méthode fiable, qui permet une grossesse par fécondation in vitro dans 40 à 50% des cas.»
Pour qui ? Toutes les femmes en âge de procréer et dont les ovaires sont suffisamment riches en follicules (réserve ovarienne su sante). « Après 40 ans, on sait que les chances de succès sont infimes, donc, en France, on ne la propose pas », précise le Pr Grynberg.
Dans quel cas ? Dès qu’on peut l’envisager, car c’est la technique la mieux maîtrisée. Elle est toutefois contre-indiquée quand l’urgence demande de débuter les traitements sans attendre les deux à trois semaines nécessaires à la stimulation ovarienne, et en cas de cancer hormono-dépendant, difficilement compatible avec l’administration d’hormones si la tumeur est en place. « Il existe un principe de précaution chez les cancérologues, très réticents quant à la stimulation hormonale chez des femmes avec cancer du sein », explique le Pr Grynberg.
Cependant, il n’est pas démontré que ce traitement, sur une courte durée, soit réellement délétère d’un point de vue oncologique. Les décisions se prennent au cas par cas et de façon collégiale. »
Autre option : prélever des ovocytes immatures, donc sans stimulation préalable. Mais ce procédé reste expérimental.
Laetitia Moller
Retrouvez cet article dans Rose Magazine (Numéro 13, p. 28)