Face aux cancers, osons la vie !

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Des malades de cancer revisitent des pubs iconiques

{{ config.mag.article.published }} 27 septembre 2019

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Nous avons interprété huit publicités célébrissimes en y intégrant des femmes touchées par le cancer. Impressionnant !

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La publicité est le miroir de notre société. Les images qu’elle véhicule sont autant de visages incarnant nos mythologies modernes. Images parfaites, « photoshopées » souvent, léchées toujours, célébrant les corps intacts, la beauté, la jeunesse. Et puis, certaines pubs sortent du cadre. Provoquent. Déroutent. Ce sont de celles-ci qu’on se souvient le mieux. L’exemple de Benetton, devenu à travers quelques clichés mythiques la marque d’une génération concernée (par le VIH, l’homosexualité, la diversité culturelle), est emblématique d’un art qui peut aussi changer le regard. C’est donc avec Benetton que nous ouvrons ce portfolio. De simples détournements de publicités ? Non.

Car chacune des femmes qui habitent ces images les redéfinit, leur donne un nouvel élan. Les réinvente. Regardez « United against cancer » : ces quatre femmes sont malades. Pour deux d’entre elles, c’est visible. Boule à zéro. Trachéotomie. Et, pourtant, qui peut deviner que Reine avec sa paisible assurance de femme enceinte s’est battue contre un cancer de l’ovaire ? Et qu’Élisabeth, cheveux longs et beauté hiératique, souffre d’un cancer du poumon ? Il y a les cancers qu’on voit. Et ceux, invisibles, qui rongent en silence. Il n’y a pas « que » le cancer du sein. Mais tous ceux, aussi, qu’on n’ose pas dire pour ne pas se retrouver jugé, jaugé – gorge, poumon, ovaire, côlon…

Puissante et sexy dans l’interprétation de Wonderbra, séductrice dans l’image inspirée d’Aubade ou guerrière pour Invictus, vous êtes, lectrices de Rose Magazine, ces dix femmes à la fois. Parfois fortes, parfois fragiles, sœurs, mères, amantes et amies. Et c’est parce qu’à Rose on vous aime, on vous admire, on vous adore (comme le proclame la dernière image dérivée de Dior) que l’on vous dédie ces images.

Nos pubs de malades - roseup association

Leïla, « Pas besoin de parler fort pour se faire entendre… »

On m’a diagnostiqué un cancer du larynx en 2015. J’avais 30 ans. Mon fils n’avait que six mois. J’ai décidé de continuer à lui donner le sein : ce sont des petites choses essentielles qui m’ont permis d’avancer tout au long de ma maladie. Après l’opération, j’ai vraiment mesuré le bonheur des actions de la vie quotidienne – que beaucoup ne remarquent même pas. Manger, par exemple. Après l’opération, j’étais alimentée par une sonde. Quand on me l’a retirée et que j’ai pu boire à nouveau du chocolat chaud… c’était merveilleux ! Et, évidemment, parler. Surtout que je suis une vraie pipelette ! Au début, je m’époumonais pour me faire entendre. Puis je me suis aperçue que, lorsque je parlais moins fort, les gens tendaient l’oreille et faisaient plus attention à ce que je disais. Comme me l’a dit un jour mon PDG, on n’a pas besoin de parler fort pour se faire entendre.

Reine, « Un bébé après un cancer de l’ovaire ? Un miracle ! »

Nos pubs de malades - roseup associationQuand on me voit sur cette photo, avec mon ventre rond, on ne peut pas s’imaginer que j’ai eu un cancer de l’ovaire. Et pourtant, il y a trois ans, j’ai commencé à avoir d’importantes pertes de sang. On a d’abord cru à une inflammation de l’intestin, mais en fait il s’agissait d’un cancer épidermoïde ovarien. Un cancer atypique. Surtout à 25 ans ! On a retiré l’ovaire atteint et une partie de l’intestin qui avait également été touchée. Avant la chimiothérapie, on a préservé mes ovocytes. Je savais que je voulais des enfants. Mais finalement ça n’a pas été utile : je suis tombée enceinte naturellement et plutôt facilement. Dans mon entourage, tout le monde a été étonné. Même si je vois cet enfant comme un miracle, je leur réponds souvent en rigolant : « Calmez-vous, j’ai toujours un ovaire, je ne suis pas tombée enceinte par l’opération du Saint-Esprit ! »

Elisabeth, « Les préjugés, j’y ai été confrontée avec le cancer. »

Nos pubs de malades - roseup associationCette pub me rappelle mon adolescence. Je suis d’origine cambodgienne et, à l’époque, je vivais dans un quartier où les nationalités se mêlaient. On portait tous une écharpe Benetton et le badge avec une main jaune « Touche pas à mon pote ». Il n’y avait pas de discrimination. Finalement, l’une des rares fois où j’ai été confrontée aux préjugés, c’est à l’hôpital. On m’a découvert un cancer du poumon il y a deux ans. Il était déjà métastasé dans l’ensemble de mes os. On me donnait quatre à six mois à vivre. J’ai dû rester alitée pendant deux mois, parce que les médecins avaient peur que je me casse et que je reste tétraplégique. J’avais mal partout. Un jour, ma tante m’a demandé : « Pourquoi ils te mettent des patchs de nicotine ? » J’ai rigolé et je lui ai répondu qu’elle se trompait, que c’était de la morphine. Mais elle avait raison ! Comme j’avais un cancer du poumon, on en avait déduit que j’étais fumeuse. Alors que c’était faux ! En fait, mon cancer est lié à mes origines : c’est un cancer génétique qui touche principalement les jeunes femmes asiatiques…

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Amandine, « Je m’autorise à être comme je suis. »

Nos pubs de malades - roseup associationJ’aime bien cette image inspirée de McDo, car elle dit qu’il n’y a pas une manière d’être malade. Certaines marchent la tête nue, d’autres préfèrent porter une perruque ou un bonnet. C’est ce que j’apprécie dans l’association RoseUp : on est jamais jugées ou soumises à des injonctions d’être « comme ci ou comme ça ». Sans doute parce que c’est une association créée et portée par des patientes, pas par des gens qui ne connaissent le cancer que par ouï-dire ! Ça rend bienveillant.
Je n’ai jamais été complexée par mon apparence, même pendant mon cancer. Pourtant, les traitements ne m’ont pas épargnée. Je ne répondais pas à une première chimio, alors on a changé de protocole et augmenté les doses. Je me suis retrouvée anémiée, avec la peau très blanche, et j’ai perdu mes cheveux. Aujourd’hui, ils commencent à repousser. Ça fait une sorte de duvet gris-blanc. Mais je trouve ça plutôt cool, ça donne un certain style ! Je m’autorise à être comme je suis et à ne pas faire d’effort pour m’habiller ou me maquiller. Le message que j’ai envie de faire passer c’est : si tu as envie d’aller à ta séance de chimio sans perruque, sans foulard et sans fard, viens, on s’en fout ! J’ai aussi posé sur l’image Benetton : quand je nous regarde toutes les quatre sur la photo, j’ai l’air d’être la plus malade, parce que je n’ai plus de cheveux. Élisabeth, elle, a de longs cheveux et un joli teint. Pourtant, son cancer est beaucoup plus grave que le mien. Comme quoi, il ne faut pas s’arrêter aux apparences.

 

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Mélody, « Je suis une guerrière »

Ce poème célébrissime, Invictus, de William Ernest Henley, me colle à la peau : un de ses vers est tatoué sur mon ventre, « Maître de mon destin ». Je me sens encore plus volontaire et prête à tout vaincre après ce shooting pour ­RoseUp ! J’ai eu deux cancers du sein en même temps. J’avais 25 ans. J’ai subi une double mastectomie et une dizaine d’opérations de reconstruction mammaire, avec pas mal de complications : infection, prothèses qui ne me convenaient pas… En 2016, j’ai fait une récidive dans les os. Aujourd’hui, je prends une chimiothérapie par voie orale, et c’est pour la vie. Je dois également refaire des séances de radiothérapie au niveau des fesses dès que la douleur au bassin devient trop forte. Pourtant, je ne me suis jamais sentie malade. Comme dit le poème, je suis blessée mais jamais je ne gémis. Je suis une guerrière.

 

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Anaïs, « M’aimer. Ça me va bien ! »

Nos pubs de malades - roseup associationJ’ai été diagnostiquée avec un cancer du sein en 2015 – alors que je m’entraînais pour le championnat de France de marathon. J’ai pu continuer à courir pendant les traitements et je suis devenue championne de France de la discipline durant l’été 2016. J’ai subi de multiples opérations : un grand dorsal et un lambeau, puis mes prothèses se sont fissurées et on a dû les retirer. Quand je suis entrée à l’hôpital pour leur extraction, je me sentais prête à rester amazone. Quand je me suis réveillée de l’anesthésie, j’ai senti quelque chose sous le bandage. Le chirurgien m’avait fait un lipofilling sans même m’en parler, au prétexte qu’à « 25 ans il n’allait pas me laisser sortir comme ça » ! Je n’ai pas de difficulté à jouer avec mon corps, je me sens très à l’aise dans ce rôle d’égérie de marque de lingerie. Et la « leçon no 1 :  s’aimer » me va plutôt bien !

 

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Ophélie, « Ma cicatrice, c’est le tatouage de ma vie. »

Nos pubs de malades - roseup associationQuand je me vois là, en photo, je suis très fière de mon parcours. Au début, j’ai détesté ma cicatrice. Maintenant, je la considère comme le tatouage de ma vie. J’ai été diagnostiquée avec un chondrosarcome au fémur droit à l’âge de 15 ans. Avant tout cela, je faisais beaucoup de sport : de la course, de la danse, de la gym… Mais j’ai vite compris que je ne pourrais plus jamais courir. J’ai été alitée pendant plusieurs mois, mes os étaient trop fragiles. J’ai aussi connu le fauteuil roulant. Pendant ces moments difficiles, je me suis fait une promesse : reprendre le sport. Aujourd’hui, je suis inscrite dans une salle où je pratique la musculation et le fitness. Je m’entraîne régulièrement et je partage mes expériences sur Instagram. Je fais tous les exercices. Je pense que, à partir du moment où tu te sens limitée, tu n’as qu’une envie, c’est de te dépasser encore plus. Les douleurs sont dans la tête, ce qui compte le plus c’est le mental. Et le positif appelle le positif !

 

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Mélanie M., « Mon beau décolleté, je l’ai mérité !  »

Nos pubs de malades - roseup associationMon beau décolleté, je l’ai mérité ! à 34 ans, j’ai eu un premier cancer au sein gauche, puis, à 40 ans, un second au sein droit. Le sein gauche a été reconstruit par grand dorsal suivi d’une reconstruction du mamelon avec la peau de la cuisse. Je ne voulais absolument pas de corps étranger et j’ai eu la chance d’être suivie par une femme merveilleuse, le Dr Zinzindohoué, qui m’a écoutée et a respecté mes désirs. Mais c’était quand même huit heures d’opération et des mois de rééducation ! Pour le second cancer, j’ai opté pour une prothèse et, du coup, j’ai gagné une taille de soutien-gorge dans l’affaire ! J’ai redécouvert le plaisir d’avoir un beau décolleté ! J’ai appris à m’aimer, à vivre avec cette nouvelle silhouette et à en jouer. C’est pour cela que le petit défi sensuel de la pub « Regardez-moi dans les yeux ! » me plaît bien !

 

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Mélanie C., « La communauté m’a portée. »

Nos pubs de malades - roseup associationQuand on m’a diagnostiqué un cancer du sein l’an dernier, à 32 ans, j’ai dû arrêter mon travail de secrétaire dans l’éducation nationale. Parallèlement, nous avons déménagé. Je me sentais un peu isolée. C’est ma petite sœur qui m’a envoyée sur Instagram. Au début, je me suis dit : « Mais qui va s’intéresser à la vie d’une nana qui a le cancer ? » Et, en fait, en quelques mois s’est créée autour de moi une belle communauté. Dans mes publications, je m’interroge beaucoup sur la notion de regard. Comment regarde-t-on quelqu’un qui est en arrêt maladie ? Qui n’a pas de cheveux ? Qui a pris du poids ? Je ne veux pas faire passer mes messages comme des vérités générales, j’essaie de réfléchir et de faire aussi avancer les autres vers plus de respect des différences. Instagram m’a fait sortir de l’isolement, la communauté m’a aidée, et j’espère aussi avoir aidé certaines de ces femmes.

 

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Cindy, Je réapprivoise mon image. »

Nos pubs de malades - roseup associationLe cancer m’a prise par surprise, pendant l’été 2017. J’allaitais mon bébé et j’ai senti une boule dans ma poitrine. J’ai eu un mauvais pressentiment, alors j’ai tout de suite pris rendez-vous chez le médecin – et tout est allé très vite. On m’a diagnostiqué un cancer du sein agressif. J’ai enchaîné chimio, radiothérapie, thérapie ciblée et, maintenant, hormonothérapie. Pendant les traitements, je ne me reconnaissais plus dans le miroir. Pourtant, mon entourage ne cessait de dire que ça ne se voyait pas, que j’avais bonne mine et, quand j’ai perdu mes cheveux, que j’avais de la chance d’avoir un joli crâne. Quand on traverse ce tsunami, ces remarques sont difficiles à supporter même si elles sont bienveillantes. On a l’impression qu’on ne prend pas au sérieux nos souffrances. Aujourd’hui, je regrette encore mes cheveux longs, mes ongles et mes sourcils fournis, mais j’essaie de réapprivoiser mon image. Cette séance photo va m’aider à accepter la nouvelle Cindy. Charlize Theron a une telle prestance et une telle confiance en elle ! Me mettre dans sa peau, tête haute et regard vers l’avenir, c’est un pas de plus vers la guérison.

Propos recueillis par Mathilde Durand, Emilie Groyer, Céline Lis-Raoux
Photographe : François Rousseau
Stylisme : Nathalie Croquet

Retrouvez cet article dans Rose Magazine (Numéro 17, p. 76)


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Emilie Groyer

Rédactrice en chef du site web de Rose magazine. Titulaire d'un doctorat en biologie, Emilie a travaillé 10 ans dans le domaine des brevets en biotechnologie avant d'opérer une reconversion dans le journalisme. Elle intègre la rédaction de Rose magazine en 2018. Sa spécialité : vulgariser des sujets scientifiques pointus pour les rendre accessibles au plus grand nombre.

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S’aimer, vivre… et courir vite

Anaïs Quemener, championne de France de marathon pose, après son cancer du sein et ses multiples opérations, pour être notre égérie. Elle réinvente la sirène Aubade.

Image et estime de soiTémoignages

Amandine égérie de Rose Magazine

"J'aime bien cette image inspirée de McDo, car elle dit qu’il n’y a pas une manière d’être malade."