Aujourd’hui, RoseUp emménage dans de nouveaux locaux. Ses propres locaux. Une première pour notre association créée, comme un défi, il y a 9 ans, avec le rêve fou d’éditer un magazine « sur-mesure » pour les femmes touchées par le cancer. Une association pour les malades, par les malades.
Le premier numéro de Rose Magazine a été imaginé, monté, développé, dans mon salon sous l’œil effaré de mes enfants qui voyaient leur maman, boule à zéro, filer sur son ordinateur, dès sa séance de radiothérapie terminée. Les copines venaient ensuite et passaient des heures à commenter tel édito, choisir telle photo.
Puis il y a eu la grâce des rencontres. Notre premier bureau, voisin de Doctissimo, nous fut prêté, le temps d’un été 2011 par le groupe Lagardère à Levallois-Perret à la demande d’Anne Méaux. Quelques ordinateurs, une imprimante, une machine à café et, déjà, Rose Magazine paraissait en octobre 2011. Nous étions quatre à porter ce journal sorti, sans aucune subvention publique, à 200.000 exemplaires. Un journal qui, parce qu’il était pensé, écrit avec le cœur, a su vous toucher au cœur.
Un miracle renouvelé durant 9 ans
Mais comment continuer, renouveler le miracle sans local et sans le sou ? C’est le groupe Bayard Presse qui nous sauva en décembre 2011 en nous proposant un « vrai bureau », dans son bâtiment de Montrouge : plus que des mètres carrés, ce groupe de presse généreux, fraternel, nous a accueilli, nous permettant de bénéficier des prix groupés sur le papier (notre plus gros budget), de sa compétence, de sa chaleur. Nous y avons rencontré bien des soutiens, des sourires, des amis et… Catherine Veillet-Michelet qui, depuis, est devenue la présidente de notre association.
En 2016, Bayard restructurant ses espaces, RoseUp a dû, à nouveau, trouver une maison. Fabienne Dulac, directrice générale d’Orange qui nous accompagne depuis le premier jour de sa fidèle bienveillance, nous a proposé la perle rare : plus de 100 m2 de bureaux à Vanves, aux portes de Paris. Ce nouvel espace nous a permis de nous étendre, de recruter enfin une assistante, une cheffe web (Kristina Hrushka), une journaliste scientifique de haut niveau (Émilie Groyer, PhD) pour toujours mieux vous informer, vous être utile. Orange rendant lui-même, en 2020 l’immeuble à son bailleur, nous devions à nouveau déménager.
» L’assiette du pauvre «
Nous avons cherché, en vain, durant des mois, un nouveau partenaire pour nous loger, mission de plus en plus difficile, puisque l’équipe s’est étoffée et nos besoins techniques (notamment en fibre internet professionnelle) sont ceux d’une rédaction web. L’échéance s’approchant sans que nous trouvions de mécène, nous avons décidé de « faire le grand saut » : louer nos propres bureaux. Un pari financier. Mais aussi un fort moment symbolique.
Je me souviens, ma grand-mère, dans les Landes, ajoutait toujours à la grande tablée familiale (sept enfants) une assiette. À la campagne, on appelait ça « l’assiette du pauvre ». Non pas que, chez ma grand-mère, on fut riche. Loin de là. Le « pauvre » parfois était plus argenté que grand-mère, mais, pour elle, il restait celui que la vie n’avait pas épargné. Celui qui était seul, malade, sans repères. Au fil des ans, des dizaines d’invités sont venus se réchauffer à cette tablée et s’assoir derrière cette « assiette du pauvre » : des lointains cousins, des républicains espagnols réfugiés, des ouvriers journaliers sans le sou, des étudiants étrangers ramenés par mes tantes…
RoseUp a bénéficié durant des années de cette « assiette du pauvre ». Bayard Presse puis Orange nous ont gardé une place à leur table. Une place de choix, en nous traitant, non comme des obligés, mais comme des amis précieux. Par pure générosité. Par conviction que notre action, informer, défendre les droits des malades de cancer était utile. Cette place ne nous a pas pesé, au contraire. Elle nous a donné de la force, de l’allant. Lorsqu’on reçoit tant de bienveillance, notre devoir est d’en rendre plus encore.
Merci !
À l’heure où notre association emménage dans « ses » locaux, nous voulions remercier toutes celles et tous ceux qui pendant neuf ans ont œuvré pour permettre à RoseUp d’exister. Merci donc à Anne Méaux, Georges Sanerot, Maxime de Jenlis, Catherine Veillet-Michelet, Fabienne Dulac et à toutes leurs équipes qui nous ont permis de porter cette formidable aventure et nous ont laissé une place à leur table.
Nous voulions vous remercier aussi, vous, adhérentes, de nous porter chaque jour. De répondre présentes, de vous assoir à notre table commune avec vos propositions, vos idées, vos histoires, vos désaccords, parfois. On se réchauffe, on se raconte, on se confie, on s’engueule de temps à autres – mais c’est comme cela que fonctionne une vraie famille !
Céline Lis-Raoux