Juin 2023, je me revois dans le bureau de mon oncologue. Elle est au téléphone et échange sur les résultats d’imagerie de mon sein. Évidemment, le jargon qu’elle emploie endort un peu mon attention jusqu’à ce qu’elle prononce un chiffre : « 3 millimètres ». Je prête l’oreille, et je comprends que pour ces 3 millimètres de tumeur – en plus ou en trop ? -, je vais avoir de la chimio. Ma seule question est alors celle-ci : « docteur, je vais perdre mes cheveux ? ». Réponse : « Oui ». J’ai beau être plutôt du genre garçon manqué, je suis comme la plupart des femmes : les cheveux ça veut dire beaucoup ! J’avais 3 semaines avant ma première séance de chimio pour m’y préparer. J’ai décidé de le prendre comme une aventure disons… pas ordinaire.
« Un bob anti-UV et anti-pluie, idéal pour la pêche au crabe ! »
À l’hôpital privé Jean Mermoz (Lyon), on m’avait remis une liste de boutiques où trouver des perruques. Mais c’est en entrant, par hasard, dans une pharmacie que je suis tombée sur un rayon de prothèses capillaires. Et franchement, je les ai trouvées… magnifiques ! On aurait dit des vrais cheveux, alors que c’était toutes des synthétiques.
J’en ai immédiatement essayé une, pour voir. Je me suis trouvée rajeunie. Formidable ! Mais ça grattait quand même un peu, et avec les températures estivales, est-ce que j’allais supporter ça sur ma tête ? Pas sûr. Oui, mais bon, en avoir une sous la main, c’était rassurant, non ? Finalement, j’ai décidé de remettre cet achat à plus tard. L’été, je le passerais sous un bob. Un bob à la fois anti-UV et anti-pluie, idéal pour la pêche au crabe !
J’ai commencé à perdre mes cheveux 20 jours exactement après ma première séance de chimio. Bizarrement, j’ai gardé mes cils et mes sourcils (ils sont tombés après l’arrêt de ma chimio !). Pour dormir, j’ai mis une charlotte pour ne pas en retrouver partout. À l’hôpital, j’ai fait la connaissance de Catherine, socio-coiffeuse. Une femme géniale. Elle m’a conseillé de les raser. Le 13 juillet 2023, nous nous sommes retrouvées devant un grand miroir. Elle a pris la tondeuse et, en 3 minutes, je me suis retrouvée avec la boule à zéro.
« Une petite tête de clown »
En me voyant, j’ai d’abord pensé à ces photos de femmes tondues à la Libération, puis à un mouton tondu du bush australien, et finalement à… la tête de mon frère ! Et franchement, ça ne m’a pas réjouie. Il fait partie des gens qui m’ont lâchée lors de mon premier cancer en 2004. Et le message que je lui avais envoyé pour l’informer de ce qu’il m’arrivait aujourd’hui, était resté sans réponse. Alors, me retrouver avec cette tête n’a pas égayé l’instant. Mais c’était fait. « Ni belle, ni moche » me suis-je dit. Et, j’ai mis mon bob.
J’ai passé tout mon été avec. Couleur bleu ciel avec un peu de orange, il me donnait une petite tête de clown. Juillet, et surtout août 2023, ont été très pénibles. La chaleur a été omniprésente, de jour comme de nuit. Et je dois dire que ne plus avoir de cheveux a été presque un kif. Dormir avec un linge mouillé sur le crâne, quel délice ! J’en suis presque à me dire que si il recommence à faire aussi chaud cet été, je me raserais bien la tête !
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