La ligne d’arrivée, au bout de mes 12 séances de chimio, j’avais décidé que je la passerais le sourire aux lèvres. Même vidée, même exténuée.
Mais tout du long, j’ai beaucoup plaisanté, et particulièrement quand j’allais à l’hôpital privé Jean Mermoz à Lyon. C’est important de témoigner sur le fait qu’on peut rire aussi dans ces moments là. Si je me le suis permis, c’est parce que je ne me sentais pas le droit d’arriver avec la tête de quelqu’un pour qui ça va mal. Moi, j’avais la chance d’avoir un pronostic très favorable, alors que pour d’autres le combat s’annonçait bien plus difficile. Alors pas de raison de verser dans le triste et le mélodramatique. Rire est un médicament. Ça envoie une énergie qui fait du bien à tous ! Ça adoucit le quotidien. Le mien en premier.
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Depuis mon adolescence, j’ai pris le parti de rire de tout, parce que j’ai eu une enfance triste, dévalorisante. À pleurer. Rire, et surtout faire rire, a mis des paillettes dans ma vie. C’est dans ces moments là que mes parents – qui ne me regardaient pas – me regardaient enfin.
« Mon nom ? Angelina Joli »
L’humour est ainsi devenu ma seconde nature. Le bon mot, la blague, je les dégaine sans y penser. Ça me vient tout seul, spontanément, et surtout dans des circonstances anxiogènes. Lors de ma première séance de chimio, quand l’infirmier m’a demandé mon nom pour vérifier qu’il ne se trompait pas de patiente, j’ai répondu « Angelina Joli ». Il s’est marré, et m’a dit « Vous êtes mieux qu’elle ». J’ai beaucoup aimé faire sourire les soignants. Ma façon à moi de les remercier pour tout ce qu’ils font, tous les jours. On ne le voit pas, mais ils passent beaucoup de temps sur nos dossiers ! Leurs journées sont longues, chargées, parfois lourdes. Ma récompense est venue d’une secrétaire de l’hôpital qui m’a dit un jour : « Vous êtes un rayon de soleil ».
Le rire c’est mon compagnon de voyage, ma façon de regarder le monde. Dans la salle de chimio, j’ai surtout ri de moi, pas toujours finement je vous l’accorde. Je sais que certains patients ne goûtaient pas forcément mon humour, mais d’autres ont apprécié d’être là, avec une rigolote. Je repense à une femme avec un cancer bien plus grave que les deux miens (sein et utérus), que j’ai vu un jour se redresser dans son fauteuil à côté de moi et sourire, alors qu’elle ne souriait jamais. J’ai la prétention de croire que lorsqu’on rit ensemble, on se soigne ensemble.
À suivre…
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