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Ma chimio en 5 mots, par Sophie – Épisode 2 : Lâchée

{{ config.mag.article.published }} 2 août 2024

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A 60 ans, Sophie, journaliste, couvre les JO 2024 à Paris. Ce sont ses 9èmes Jeux Olympiques d’été. Il y a un an, elle affrontait un double cancer : du sein et de l’utérus.

En juin 2023, Sophie, 60 ans alors, s'apprêtait à vivre un été entier sous Taxol et Endoxan pour traiter une tumeur au sein. Douze séances de chimio prescrites. Une expérience que cette journaliste spécialisée dans le sport, habituée aux grandes compétitions internationales, nous résume en 5 mots. Voici le deuxième …

Depuis 2004, et mon premier cancer, ma famille ne s’est plus manifestée. Aucun signe en 2015 lorsque je les ai informés de ma mastectomie préventive. Et jusqu’à aujourd’hui, silence radio total. Alors, avec ce diagnostic de 2 cancers, sein et utérus, tombé en mai 2023, des mots forcément trop lourds et trop flippants pour eux, je savais déjà qu’ils ne seraient pas là pour moi. Donc je ne leur ai rien dit. Quand on dit rien, on attend rien, donc on est moins déçu.

« Pas un texto, pas un smiley, rien… »

Dans mon entourage professionnel, et parmi mes amis aussi, le vide s’est fait mais plutôt au moment de l’ablation préventive de mon sein en 2015. Pour certains, l’idée de l’amputation a été too much. Pas supportable, pas gérable, alors… ils ont disparu.

Les quelques amis qui me restaient encore se sont dispersés en juin 2023, au mot chimio. J’avais pourtant tenté de jouer la carte de l’humour en les prévenant, j’avais été rassurante en précisant que mon pronostic – malgré ce double cancer – était favorable… Aucun retour. Je ne demandais même pas de l’aide, juste un petit message, un signe de soutien. Mais non, rien. Pas un texto, ou ne serait-ce qu’un smiley. Le mot chimio tétanise. Tu le prononces ou tu l’écris, et les gens te voient déjà au cimetière.

« Comment ai-je pu à ce point me tromper sur mes amis ? »

Je me suis entendu dire : « Faut les comprendre ». C’était donc à moi d’être compatissante face à leur propre peur ? Pour me consoler, on me disait que si les gens n’étaient pas là pour moi dans ce moment, c’est que ce n’était pas de vrais amis. Du coup, tu retournes cette question dans ta tête : « Comment ai-je pu me tromper à ce point sur eux ? » Et la personne à qui tu en veux le plus, finalement, c’est toi ! Ce silence, ce lâchage ont été très violents. Violente aussi la douleur… Au fond de moi, j’étais une femme en colère, très en colère. Dans l’unité chimio de l’hôpital privé Jean Mermoz de Lyon, le staff médical l’a senti. Il m’a fait comprendre qu’elle était mauvaise conseillère et trop énergivore. Il fallait que je m’occupe de moi. Et c’est ce que j’ai fait, moi qui ne le faisais jamais. J’ai pris tous les soins de support qu’on me proposait : ostéo, kiné, activité physique adaptée, socio-esthétique.

Finalement, ce sont des connaissances expatriées à Dubaï, Sydney ou Washington, qui ont été les plus présentes. Leurs SMS, leurs appels ont été un soutien auquel je ne m’étais pas attendue. Au gré de leurs vacances en France, ils sont passés me voir durant cet été 2023 caniculaire à Lyon. Ce sont eux qui forment désormais le premier cercle de mes amis.

À suivre…

À LIRE AUSSI : Retrouvez tous les épisodes de notre série Ma chimio en 5 mots ici.


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Sandrine Mouchet

Journaliste, rédactrice en chef de Rose magazine et directrice de Rose Magazine Éditions

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