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Anosmie : retrouver le goût des choses

{{ config.mag.article.published }} 13 décembre 2021

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Photo : Bruno Poinsard

Plus d'odorat ? Votre palais aussi est chamboulé ? Le cauchemar... Mais rassurez-vous, ce trouble, très fréquent avec les traitements, est temporaire. Et vous pouvez agir !

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« Je ne sens plus rien », « depuis que je suis en chimio, tout ce que je mange est métallique, j’ai l’impression d’avaler des clous », « tout est insipide, je n’ai plus envie de manger. Je me force pour me nourrir juste ce qu’il faut »… Vous vous reconnaissez ? Comme un patient sur deux en oncologie, vous souffrez d’une perte de l’odorat (anosmie) et/ou du goût (agueusie).

On l’ignore souvent, mais le nez joue un rôle fondamental dans les phénomènes de dysfonctionnement du goût : il en est responsable à 80 %. « On croit que la saveur des aliments est surtout apportée par le goût », explique Guillaume Buiret, chef de service ORL au centre hospitalier de Valence, « mais la langue s’occupe seulement des saveurs salées, sucrées, acides, amères, et umami [présente notamment dans les aliments fermentés ou cuits longuement, NDLR]. Le nez fait tout le reste par rétro-olfaction. Quand on mastique, on libère des molécules aromatiques qui vont remonter par l’arrière-gorge dans la cavité nasale et vont stimuler la muqueuse olfactive », précise ce spécialiste, expert à l’Afsos (Association francophone des soins oncologiques de support).

Essentielle : l’hygiène bucco-dentaire

Malheureusement, certains traitements mettent nos neurones sensitifs à rude épreuve. C’est particulièrement le cas de la chimiothérapie. Selon la classe de médicaments et la dose de produit reçue, les cellules qui se multiplient rapidement – comme celles qui commandent le goût et l’odorat – sont détruites. Même conséquence avec la radiothérapie quand elle touche la sphère ORL ou cranio-faciale.

Aussi, du jour au lendemain, les saveurs deviennent difficiles à détecter, sont déformées, voire s’effacent. Vous pouvez aussi éprouver une aversion pour le sel, avoir la sensation de manger des aliments fades, ne plus supporter certaines odeurs et parfois même votre propre odeur… Ces déviances, très dures à vivre, peuvent entraîner une perte d’appétit, voire une dénutrition, ce qu’il faut absolument éviter. « S’il n’est pas possible d’empêcher la survenue de ces troubles, on peut réduire leur intensité », rassure le Dr Buiret.

ATTENTION À LA DÉNUTRITION !

Le risque quand nous quittent l’odorat et le goût est de perdre l’appétit, puis l’envie de cuisiner et de manger avec les autres. Des effets qui peuvent vite se mesurer sur le moral et sur la balance… et entraîner une dénutrition.

Pour ne pas en arriver là, privilégiez les plats qui vous font envie. Ou bien testez de nouvelles saveurs ou de nouvelles associations d’aliments. Et, la vue jouant un rôle très important dans le plaisir de manger, décorez vos assiettes !

En panne d’inspiration ? Voici deux applications gratuites, truffées de bons conseils et de recettes adaptées : vite-faitbienfaits.fr, créée par le Dr Philippe Pouillart, de l’institut polytechnique UniLaSalle de Beauvais ; et zestcancer.com, qui propose aussi un service de livraison de courses à domicile.

Première étape, la prévention. « Avant de commencer vos traitements, prévoyez un bilan buccodentaire chez votre dentiste. Il pourra ainsi éliminer et/ou traiter une inflammation (mucite, candidose) parfois à l’origine d’une altération du goût ou de l’odorat. » Pendant les traitements, en cas de désordre avéré, il est important de conserver une hygiène bucco-dentaire irréprochable. Rincez-vous la bouche avant et après manger pour nettoyer vos papilles gustatives. Faites des bains de bouche en utilisant une eau gazeuse avec du jus de citron (si vous n’avez pas de lésion buccale) ou du bicarbonate de soude alimentaire. « Important aussi, garder la bouche humide et augmenter les apports en liquide. La salive permet d’extraire les molécules responsables du goût et de l’odorat, de les solubiliser (pour le goût), de les aérosoliser (pour l’odorat), et de les faire parvenir jusqu’aux récepteurs du goût. »

Pour stimuler la production de salive, plusieurs solutions s’offrent à vous: sucez des glaçons ou de la glace pilée (aromatisés ou non), mâchez des chewing-gums, des bâtonnets de glycérine neutre, utilisez un brumisateur ou bien passez à la salive artificielle (demandez à votre médecin). Pour augmenter l’insalivation et la perception des flaveurs, pensez surtout à mâcher et à avaler len-te-ment.

DÉFINITION

Flaveur : somme des sensations olfactives et gustatives (odeur + saveur) perçues, par exemple, lors de l’absorption d’un aliment ou lors de la prise d’un médicament.

Incontournable : le training olfactif

Problème: vous ne sentez pas ce que vous avalez ? Il va falloir redoubler d’imagination pour ne pas perdre l’envie de vous nourrir. Ajoutez par exemple des épices et des aromates pour camoufler les saveurs désagréables. En cas de goût amer ou métallique, un peu d’emmental (si vous ne souffrez pas d’aphtes) donnera du relief à vos préparations. Forcez sur le sel et sur le sucre, la sauce soja ou le vinaigre balsamique, les coulis acidulés sur les desserts… Faites macérer la viande dans une marinade fruitée – voire du jus de fruits – pour contrebalancer une sensation d’amertume.

Si même vos couverts vous semblent avoir un « goût », adoptez des couverts en bambou (ou en plastique). Privilégiez les plats chauds, les papilles détectent plus facilement les saveurs lorsque les aliments sont chauds. Entre les repas, pour éliminer le mauvais goût qui reste dans la bouche, sucez des bonbons mentholés.

En parallèle, dès l’apparition des symptômes, stimulez vos neurones olfactifs. Comment? En sniffant! Une étude menée par des chercheurs de l’université anglaise de Norwich, publiée le 16 mars dans la revue médicale International Forum of Allergy & Rhinology, conseille de renifler au moins quatre odeurs différentes facilement identifiables (café, menthe, orange…) quelques minutes deux fois par jour, pendant deux à trois mois.

Cette « formation aux odeurs », fondée sur la neuroplasticité (c’est-à-dire la capacité du cerveau à se réorganiser pour compenser un changement ou une blessure), permet de récupérer plus rapidement et plus complètement le sens de l’odorat. Cela sans effets secondaires indésirables, ce qui n’est pas le cas avec les corticoïdes.

Vous pouvez aussi vous entraînez au sein d’ateliers. Ces derniers se sont multipliés à la suite des phénomènes d’anosmie apparus avec la pandémie de Covid-19, mais ils existaient déjà bien avant, pour les malades de cancer. Ainsi, depuis 2001, l’association CEW propose-t-elle des séances – en groupe ou individuelles, pour les cas les plus sévères – animées par une olfactothérapeute. Cette professionnelle de l’olfaction jongle avec 150 mouillettes parfumées et fait sentir aux patients des odeurs de paysage (la mer, le sous-bois…), des parfums de l’enfance (mine de crayon, colle ou confiseries), ou encore le doux fumet de certains aliments.

Concrètement, on se base sur la bibliothèque de souvenirs olfactifs du cerveau pour reconstruire une flaveur et ainsi stimuler, voire réactiver, les fonctions de l’odorat. Si vous préférez organiser un atelier olfactif à la maison, mais souhaitez être guidé, il existe des kits d’huiles essentielles ou un jeu de société type loto des odeurs. L’important étant de réunir des odeurs variées permettant une stimulation olfactive multiple: du floral, du fruité, du boisé… Comme un musicien de haut niveau, il faut faire ses gammes tous les jours, en fermant les yeux, pour une concentration maximale.

Cette autorééducation permet de récupérer plus vite vos sens. La bonne nouvelle, c’est qu’avec l’arrêt des traitements ces troubles diminuent, jusqu’à disparaître. Les cellules sensorielles, attaquées, voire détruites, vont « repousser » en un mois et demi en moyenne. « Après que j’ai terminé la chimio, tout est revenu, j’ai retrouvé l’odeur, le plaisir de la vie », confirme Jessie Daniel, patiente et experte de l’Institut Rafaël-Maison de l’après-cancer, qui anime désormais un atelier de méditation olfactive, axé sur le pouvoir psychosensoriel des odeurs. À l’instar de la fameuse madeleine de Proust!

INFO +

Photo de Bruno Poinsard

Retrouvez cet article dans Rose Magazine (Numéro 21, p. 52)


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Céline Dufranc

Journaliste

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