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Depuis mon cancer, j’ose – « La mer a été ma façon de tenir la maladie à distance »

{{ config.mag.article.published }} 6 janvier 2019

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Illustration Faunesque

Avant son cancer du sein métastatique, jamais Louise n’aurait imaginé passer des mois entiers en mer. Elle qui ne savait pas nager…

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Je n’avais jamais mis le pied sur un bateau avant 2012. À 61 ans, je ne savais même pas nager. Pourtant, quand mon compagnon a décidé d’acheter un voilier et de naviguer jusqu’au Chili, où il avait construit une maison, je n’ai pas hésité : je l’ai suivi. Malgré la récidive de mon cancer. Je n’avais aucune expérience de la mer, mais une folle envie de vivre cette aventure. De vivre tout court, en fait. Et de voir du pays ! Mes fils m’ont prise pour une dingue. Normal, nous avons toujours été si proches, eux et moi… Lors de mon divorce de leur père, vingt ans plus tôt, Ludovic, le dernier, n’avait que 7 ans. C’est donc seule avec eux, en 2001, que j’ai affronté mon premier cancer du sein (chimio, opération, rayons…).

Je pensais l’avoir définitivement chassé. Mais, en 2009, j’ai appris que des métastases avaient gagné mes poumons et mon médecin a été clair : je ne guérirais pas. Seul traitement possible : une chimio à vie, pour stabiliser la maladie. Forcément, partir à l’aventure dans ces conditions semblait une folie ! Même Inès, ma petite-fille chérie, m’a dit : « T’es vraiment chelou ! » Mais non. C’est juste que j’étais devenue une boulimique de vie et que le traitement allait devoir s’y soumettre, non l’inverse. Au début, mon oncologue s’est montrée plutôt perplexe. Mais elle a vite compris que je ne capitulerais pas. Sauf, évidemment, si elle me le déconseillait fortement. Elle ne l’a pas fait. Elle a choisi de me faire confiance et de me laisser vivre… entre deux traitements !

L’horizon sans fin

Pour notre premier voyage, en novembre 2012, nous avons mis le cap sur le Maroc. Après trois semaines de mer, j’ai pris l’avion à Casablanca pour revenir faire ma chimio en France pendant que mon compagnon poursuivait sa route. Je l’ai ensuite rejoint en Martinique, entre deux traitements, puis en Équateur, où il avait laissé le bateau quelques mois. En fin d’année 2013, il a repris son voyage vers le Chili et je l’ai accompagné jusqu’aux îles Galapagos.

Revenir pour mieux repartir, attirée comme un aimant par le sentiment de liberté que j’éprouvais lorsque je découvrais d’autres paysages, ça a été ma façon de tenir la maladie à distance. À moi l’horizon sans fin, les fabuleux levers et couchers de soleil, les rencontres insolites. J’ai eu un véritable coup de cœur pour le Pérou et la Bolivie. J’étais boostée par l’ambiance, les tenues colorées des habitants, leur attachement à la Pachamama (la déesse Terre), la majesté des paysages andins. Quel bonheur de se retrouver le soir sur l’île du Soleil ou de parcourir le désert de sel et le désert Dali ! Je n’ai jamais eu peur. Même pas lorsque j’ai eu un gros problème de port-à-cath, en Équateur, et que j’ai dû rentrer en catastrophe en France. Ni au tout début de notre périple, en Méditerranée, quand nous avons essuyé une panne de moteur, déchiré une voile et que nous avons dû être remorqués jusqu’à la côte espagnole. Heureusement, nous avions un téléphone satellite pour rassurer mes garçons…

« Partir à l’aventure dans ces conditions semblait une folie ! »

Finalement, je dois avoir un bon karma, ou une bonne étoile ! C’est ce que je ressentais la nuit, en mer, quand je prenais mon quart sous le ciel étoilé. Bon, j’ai parfois eu des petits coups de blues, quelques moments d’angoisse, pendant lesquels je ne pouvais m’empêcher de penser : « Combien de temps ça va durer ? » Alors je respirais un bon coup et j’appliquais la bonne vieille méthode Coué. Je laissais ma petite voix intérieure me souffler : « Louise, profite de l’instant présent. »
Comme je n’ai aucune prise sur l’évolution de la maladie, il m’arrive quand même de devoir capituler. Comme au mois d’octobre, quand une chute de mon taux de globules blancs m’a obligée à rester à la maison. Bye bye ma petite virée à Madrid ! Heureusement, je revenais d’Afrique du Sud… Dans ces moments-là, je m’enferme dans mon cocon, à écouter mon corps et à lui donner le repos qu’il réclame. Puis, je me libère, et me voilà papillon ! Prête à m’envoler vers d’autres destinations !

Ici et maintenant

Parce que tant que je serai traitée je serai vivante. Même si les effets secondaires me ralentissent parfois. En Inde et en Italie, par exemple, la douleur provoquée par mon syndrome mains-pieds était telle que je ne pouvais quasiment plus marcher. Mes orteils, entourés de compresses, ressemblaient à des momies ! J’en souris aujourd’hui car je suis toujours là, c’est l’essentiel ! La souffrance, ça va, ça vient… La pire n’étant pas toujours celle que l’on croit. Lorsque mon compagnon, qui vivait entre la France et le Chili, a choisi de s’installer avec une compagne chilienne plus jeune que moi, là, j’ai vraiment souffert. Être trompée quand vous perdez votre féminité, n’est-ce pas l’une des pires douleurs qui soit ? Pourtant, je me suis relevée. Pendant quatre ans, j’ai même continué de voyager avec mon ex-compagnon. Mais, l’été dernier, j’ai réalisé que le voir chaque fois repartir vers la vie qu’il s’était construite ailleurs m’était trop douloureux. Souffrir pour quelqu’un est un luxe que je ne peux plus m’offrir. Je dois me concentrer sur l’ici et maintenant. Savourer le moindre rayon de soleil. Profiter de mes enfants et de mes petits-enfants au maximum. Ne rater aucun moment. Car chaque jour qui finit et que j’ai bien vécu est une revanche sur la vie.

« Chaque jour qui finit et que j’ai bien vécu est une revanche sur la vie. Finalement, le cancer est aussi une chance »

Finalement, comme toutes les épreuves que nous traversons, le cancer est aussi une chance. Il m’a aidé à être celle que je suis devenue. À aller au bout de mes envies. Et surtout, il m’a permis d’éprouver à quel point mes fils m’aiment. Aujourd’hui, ils ont peur pour moi. Leurs baisers claquent plus fort. Leurs regards m’accompagnent partout. J’essaie de ne pas trop leur montrer quand je suis fatiguée. Je veux qu’ils vivent leur propre vie, sans s’inquiéter de mon devenir.
Je viens de fêter mes 65 ans entourée de tous ceux qui m’aiment et je suis pleine de projets : accompagner mes enfants au ski, partir à Buenos Aires avec mon meilleur ami, Frank. Il me reste tant de pays à découvrir ! Tant de choses à faire ! Ma devise, maintenant, c’est vraiment « Carpe diem ».

 

Illustration Faunesque


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Céline Dufranc

Présente depuis 2011 et notre numéro 1, elle a promené sa plume dans toutes nos rubriques : reportage, beauté, santé, forme et bien-être… Des sujets dont elle s’empare avec le vécu de celle qui a aussi connu le cancer et qui est aujourd’hui proche aidante auprès de sa maman, atteinte d’un myélome. Son style est dans l’ADN du magazine : enjoué, complice, résolument positif.

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