En 2020, pile avant le premier confinement, j’ai appris que j’avais un cancer du sein. Déjà que la période était pleine d’incertitudes, cette annonce en a encore rajouté ! J’ai eu très peur, j’imagine que c’est pareil pour toutes celles à qui cela arrive. Pour ma famille, et notamment mes deux filles, cela a été un choc, je le sais, même si elles restaient assez pudiques sur ce qu’elles ressentaient. Et puis, un peu avant ma première chimio, Amandine, l’aînée qui avait alors 14 ans, m’a fait un cadeau qu’elle avait préparé en secret avec la complicité de sa cadette, Clémentine, et de Fred, mon mari. C’était une sorte de calendrier sur le modèle des calendriers de l’Avent (on était en mai !) spécial chimiothérapie.
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Sur une plaque cartonnée de format A3 qu’elle avait recouvert de papier blanc, elle avait collé des petites enveloppes colorées, avec les dates de mes seize chimios inscrites dessus. À l’intérieur, était glissé un petit mot, tantôt signé d’elle, tantôt signé de sa sœur ou de leur père. Ça disait « courage maman gros bisous ! » ou bien « tu es très forte » ou encore « plus que deux chimios avant les cocotiers ! ». J’avais en effet décidé qu’après les traitements on s’offrirait des vacances à Tahiti. À ce jour, ce rêve n’a pas encore été réalisé. Pas vraiment les moyens de partir là-bas à quatre ! Mais qui sait ? Peut-être qu’un jour…
En tout cas, son cadeau fait avec les moyens du bord m’a surprise et bouleversée. D’abord parce que l’activité manuelle est un truc qu’on aime bien dans la famille, cela nous rassemble. Et puis c’est plus qu’un objet en carton et en papier. Il est aussi fait de tout le temps passé à y réfléchir, à trouver le matériel pour le fabriquer, à penser aux petits mots à écrire avec sa sœur et son père. Le plus incroyable c’est que je ne me suis rendu compte de rien ! Je ne peux pas dire que j’avais hâte d’arriver à une nouvelle enveloppe, et en même temps, j’étais tellement heureuse de lire les messages. Je préférais les découvrir sans témoin. Un moment de grande émotion à chaque fois…
L’entourage, les aidants sont souvent désarmés face à ce qu’on vit, nous, les malades. Ils se demandent quoi faire, et bien qu’ils sachent qu’il n’est pas nécessaire de déployer des trésors d’ingéniosité, ou de dépenser des sommes folles pour nous soutenir et nous faire plaisir. Des petits mots gentils, banals, glissés par-ci, par-là, font un bien fou. Ça vaut tous les cocotiers de Tahiti !
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Propos recueillis par Sandrine Mouchet