CE QU’IL FAUT RETENIR
– Le délai pour concevoir un enfant n’est pas plus long chez les femmes ayant eu un cancer du sein, que la grossesse soit spontanée ou médicalement assistée.
– Le fait d’avoir un antécédent de cancer du sein n’a pas d’incidence sur le risque de césarienne, de complications pendant la grossesse ou de malformation du bébé. Cela augmente en revanche le risque de fausse couche.
– Etant donné la forte probabilité de tomber enceinte naturellement, il est conseillé de n’avoir recours à l’assistance médicale à la procréation qu’après 6 à 12 mois de tentatives, en fonction de l’âge de la patiente et de ses antécédents médicaux.
On estime qu’entre 3 et 13% des femmes tomberont enceinte après un cancer du sein. Plusieurs raisons expliquent ce faible taux. Les relations de couple sont mises à mal par la maladie. Les traitements entraînent souvent des troubles sexuels qui rendent les rapports sexuels difficiles. Sans oublier le fait que de nombreuses femmes ne souhaitent tout simplement plus devenir mère après cette épreuve.
La première étude qui s’intéresse à l’impact du cancer du sein sur la fertilité en vie réelle
Mais qu’en est-il de l’impact réel des traitements sur la fertilité féminine ? Jusqu’à présent, les études s’étaient focalisées sur des indices indirects, comme la durée d’aménorrhée1 post-traitement. L’étude française FEERIC a observé pour la première fois ce qui se passe dans la vraie vie.
Pour ce faire, les chercheurs ont analysé les grossesses de femmes, entre 18 et 43 ans, guéries d’un cancer du sein localisé n’ayant pas récidivé, et de femmes sans antécédent de cancer.

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Pas de différence entre les femmes ayant ou non un antécédent de cancer du sein
Après les avoir suivies pendant 3 ans, l’étude a montré que les deux groupes étaient comparables en ce qui concerne :
– Le délai de conception2 : le délai pour tomber enceinte était de 5 mois3 pour les femmes avec un antécédent de cancer du sein contre 3 mois pour les autres femmes. Une différence non significative.
Quand la grossesse était spontanée, elle était obtenue au bout de 3 mois dans les 2 groupes. Quand elle était médicalement assistée (PMA), le délai était également comparable : 14 mois pour les femmes avec un antécédent de cancer, 17,6 mois pour les autres.
Notons toutefois que les femmes avec un antécédent de cancer du sein avaient davantage recours à une PMA (environ 20% contre 4,4% chez les autres femmes).
– Le taux de grossesse : après deux ans de tentatives, environ 74 % des femmes étaient tombées enceintes, quel que soit le groupe.
Des issues de grossesse rassurantes
De manière rassurante, il n’y avait pas de différence entre les 2 groupes en termes de taux de césarienne, de complications lors de l’accouchement et encore de malformations à la naissance. En revanche, on déplorait plus de cas de fausses couches chez les femmes avec des antécédents de cancer (17,4% contre 8% dans l’autre groupe).
Privilégier les grossesses naturelles
“Les professionnels de santé devraient informer leurs patientes non seulement des options de préservation de la fertilité, mais aussi de la forte probabilité d’obtenir une grossesse spontanée après le traitement” concluent les auteurs de l’étude. “Une fois que les patientes ayant eu un cancer du sein décident d’essayer de tomber enceintes, il pourrait leur être conseillé de commencer par une conception naturelle plutôt que de recourir directement aux méthodes d’Assistance Médicale à la Procréation (AMP), étant donné que la conception naturelle est initialement plus efficace. Ce n’est qu’après plusieurs mois de tentatives infructueuses qu’il faudrait leur conseiller de recourir à l’AMP. Le délai précis pour une orientation vers des spécialistes de la fertilité n’est pas clairement établi, mais se situe probablement autour de 6 à 12 mois, en fonction de l’âge de la patiente et de ses antécédents médicaux.”
1. absence de cycle menstruel
2. période de temps qui s’écoule entre le moment où un couple commence à essayer de concevoir un enfant et le moment où une grossesse est effectivement obtenue.
3. les délais indiqués sont des médianes. Par exemple, si le délai médian est de 3 mois, cela signifie que 50% des femmes sont tombées enceintes avant 3 mois, et 50% après 3 mois.
