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« Retirer le E171 des médicaments serait extrêmement lourd » selon le syndicat des entreprises pharmaceutiques

{{ config.mag.article.published }} 28 août 2019

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Le E171 (ou dioxyde de titane), cet additif suspecté d’être cancérigène, a été récemment interdit dans l’alimentation. Quid des médicaments ? « Cela prendra plus de temps » déclarait le Ministère de l’économie et des finances. Pour quelles raisons ? Nous avons posé la question au Dr Thomas Borel, directeur Scientifique du Leem, syndicat des entreprises pharmaceutiques.

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Pouvez-vous nous expliquer à quoi sert le E171 dans les médicaments ?

Il a plusieurs fonctions : il s’agit d’un produit d’enrobage qui va protéger le médicament des ultraviolets et donc éviter sa dégradation. Il facilite aussi leur ingestion, quand ils sont sous forme de gélules notamment.

Le E171 est également un excipient. Il va donc jouer sur la pharmacocinétique du principe actif du médicament, c’est-à-dire sur la façon dont il va être absorbé, distribué, métabolisé et éliminé par l’organisme.

Le E171 a été interdit dans l’alimentation. Anticipez-vous une interdiction plus globale ?

Nous travaillons sur cette question depuis plusieurs années. Et plus généralement sur l’innocuité des nanomatériaux, dont fait partie le E171. Par exemple, à la demande de l’Agence nationale du médicament (ANSM) – qui est la seule entité compétente pour se prononcer sur les composés qui peuvent entrer ou non dans la composition des médicaments-, nous avons interrogé les fabricants pour établir un état des lieux des différents nanomatériaux utilisés dans les productions et leur concentration.

Il y a encore beaucoup d’incertitudes sur le sujet. On sait que la concentration de E171 est beaucoup plus faible dans les médicaments que dans les denrées alimentaires. Mais la concentration au-delà de laquelle le E171 devient dangereux n’est pas encore établie. Se pose aussi la question des médicaments qu’on prend quotidiennement pendant plusieurs années…

Certains confiseurs avaient décidé de retirer le E171 de leurs produits avant même l’interdiction. Les laboratoires pharmaceutiques pourraient-ils suivre la même voie ?

Retirer le E171 d’un bonbon n’a pas les mêmes implications que de l’éliminer d’un médicament. Comme je l’ai mentionné, il intervient dans la pharmacocinétique. Si nous devions nous en passer, nous devrions déposer des dossiers auprès de l’ANSM pour démontrer que la nouvelle formulation est « bioéquivalente » à la précédente. Le E171 entre dans la composition d’environ 4 000 produits de la pharmacopée française selon 60 millions de consommateurs et UFC – Que choisir. Ce serait extrêmement lourd de tous les retester.

Propos recueillis par Emilie Groyer


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Emilie Groyer

Docteur en biologie, journaliste scientifique et rédactrice en chef du site web de Rose magazine

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