Face aux cancers, osons la vie !



{{ config.search.suggestions }} soin de support Soin de socio-esthétique détente et bien-être perte de cheveux liée au cancer ongles fragilisés par le cancer perte de sourcils liée au cancer sport adapté au cancer maquillage des cils perte de cils liée au cancer rester féminine malgré le cancer

« J’ai vécu une « love affair » avec mon oncologue »

{{ config.mag.article.published }} 20 décembre 2014

{{ bookmarked ? config.sharing.bookmark.remove : config.sharing.bookmark.add }}
Illustration Marta Orzel

Adèle* menait une vie paisible avec son mari et ses deux enfants. Jusqu’à ce qu’un cancer lui révèle ce qui lui manquait…

{{ config.mag.article.warning }}

À 36 ans, comme une femme sur neuf, j’aurais pu me contenter d’avoir un cancer du sein ! Mais non, j’ai fait plus fort : je suis tombée amoureuse de mon oncologue ! Pourtant, je ne pensais pas avoir le profil : mariée, mère de deux enfants, un job de libraire passionnant. Mais quand le cancer m’a été annoncé, mon couple battait déjà un peu de l’aile. Et ça ne s’est pas arrangé ensuite. Chimio, rayons… Mon mari ne partageait pas ma maladie. Il s’éloignait, au contraire. Peut-être était-ce de ma faute ? Parce que je ne voulais pas inquiéter ma famille et que je minimisais ? Toujours est-il que j’ai vécu ce qui m’arrivait dans une profonde solitude. C’est peut-être pour ça que les rendez-vous avec mon oncologue sont vite devenus si importants. Mon médecin était la seule personne à savoir réellement qui j’étais sous les apparences. Je ne lui faisais pas peur. Il connaissait la maladie par cœur.

La première fois que j’ai vu Pierre*, j’ai été troublée : c’était le sosie de mon mari ! Pas un don Juan, donc ! Mais il était doux, attentionné, il prenait soin de moi. Tout ce dont je manquais à ce moment-là. Ai-je fait un transfert ? C’est possible car, tant physiquement qu’intellectuellement, c’était vraiment Louis, mon mari… Entre Pierre et moi, les choses ont évolué progressivement. Au début, nos rendez-vous sont restés strictement médicaux. Puis, de geste en geste – une main qui effleure la mienne, une caresse sur ma joue –, cela a glissé vers une véritable relation amoureuse. Une fusion de deux âmes. Quelque chose en dehors de la vie et de toute raison, comme cela arrive parfois après un deuil. Trois mois après ma première consultation, quand Pierre m’a prise dans ses bras et m’a embrassée, je me suis dit que plus rien ne pouvait m’arriver. Seul comptait le désir, comme ultime pulsion de vie face à la peur de mourir. Eros contre Thanatos…

On se voyait où l’on pouvait. À la clinique. Dans son cabinet en ville. Dans un appartement prêté par une amie… Malgré notre accord tacite de ne pas faire de mal à ceux que nous aimions, forcément, nous culpabilisions. Pour Pierre, vivre une relation avec une patiente relevait de la catastrophe. Ses convictions personnelles, religieuses et professionnelles ont été mises à rude épreuve. Il était tellement affecté par l’idée d’être un mauvais médecin qu’il ne dormait plus, et moi je vomissais tripes et boyaux à peine rentrée chez moi.

Envers et contre tout

Cette relation a duré trois mois, les plus durs du traitement. Elle m’a permis de tenir jusqu’à la rémission. Quand Pierre m’a annoncé la bonne nouvelle, j’ai tout de suite compris que cela signifiait ne plus se voir. Car, hormis un suivi annuel, nous n’avions plus de raison « objective » de nous retrouver. Notre relation a donc cessé naturellement. Sans souffrance. J’ai repris ma vie d’avant et tout ce qui allait avec : mon mari, qui ne se doutait de rien, mes enfants, mon job. À ceci près que je n’étais plus la même. En faisant sauter certains verrous, j’avais profondément changé. J’ai essayé d’assurer mon rôle de mère et de « femme de » pendant trois ans. Mais, en 2004, je n’en pouvais plus de faire semblant. J’en voulais tant à mon mari de ne pas m’avoir soutenue durant la maladie que j’ai demandé le divorce. Je lui ai aussi tout raconté, pour Pierre et moi. Il était abasourdi. Un peu plus tard, un nouvel homme est entré dans ma vie, Marc. Avec lui, j’ai vécu sept ans de passion, loin de la maladie, et de Pierre. Je me sentais de nouveau aimée, désirée, savourant pleinement le bonheur de voir mes enfants grandir.

« Il était la seule personne à savoir qui j’étais sous les apparences »

Mais, en 2007, nouveau coup dur : lors d’un contrôle, on m’a découvert un deuxième cancer du sein. Grave. Un grade 4 nécessitant une mastectomie. Effondrée, j’ai tout de suite appelé Pierre. Mue par cet incroyable lien qui nous lie, envers et contre tout. Cet homme m’avait sauvée une fois, il faisait donc inexorablement partie de ma vie. Comme moi, il était bouleversé, il pleurait… On a longuement discuté. De nouveau, je remettais ma vie entre ses mains et je lui faisais une confiance totale. Mais cette fois-ci, et même si la magie opérait toujours, nous n’avons pas mélangé les genres. Notre relation est restée platonique. Elle s’est intellectualisée. Pierre était là, m’écoutait, me rassurait. Me sauvait, encore.

Cette année, j’ai fêté mes 50 ans. Et c’est peu dire que j’ai de la chance car j’ai fait une nouvelle récidive il y a quatre ans. À croire que j’ai décidé de défier toutes les statistiques ! Le même scénario s’est alors répété : j’ai rappelé Pierre et je lui ai dit : « Sors-moi de là ! » Cela a été dur, très dur, même, mais je n’ai pas flanché. Je n’ai même pas eu peur de mourir. La mort rôde, glisse sur moi, sans me prendre. C’est incroyable ! Aujourd’hui, je suis persuadée d’une chose : je taisais trop mes propres besoins. Et c’est pour ça que je tombais malade. Cette expérience, extrême, m’a permis de reconsidérer ma vie. J’ai arrêté de subir et de me taire. Je ne me demande plus si je suis dans l’être ou dans le paraître. Je suis moi-même. Paisible, sans faux-semblant, libérée des contraintes et du jeu social. Si une situation ou des personnes m’ennuient, je ne tergiverse plus. Je fais ce qui est bon pour moi. Aujourd’hui, mon ex-mari sait que s’il m’arrive quelque chose, c’est Pierre qu’il faudra appeler. Il a compris.

* Les prénoms ont été changés.

 


{{ config.mag.team }}

Céline Dufranc

Journaliste

59:29

Relation avec les proches {{ config.replay.label }}

Replay Webinaire dédié aux proches – Trouver ma place

Vous accompagnez un proche touché par un cancer ? Vous aimeriez l'aider et l'accompagner mais ne savez pas quelle attitude adopter, ni quels mots employer ? Durant ce webinaire, Hélène de la Ménardière, notre onco-psychologue, vous aide à trouver votre place.

25 juillet 2024

Relation avec les prochesQuestion/Réponse

Cancer et psycho : « Comment faire comprendre à mes proches que je ne veux pas parler de la maladie ? »

Depuis qu'elle leur a annoncé son cancer, les amis de Kate ne lui parlent plus que de ça : où en sont ses traitements, a-t-elle des effets secondaires... Elle sait qu'ils s'inquiètent pour elle mais elle aimerait parler d'autre chose quand elle les voit. Comment leur faire comprendre sans les froisser ? Sophie Lantheaume, psychologue clinicienne de la santé à l’hôpital privé Drôme Ardèche, la conseille.

17 juin 2024

21:38

Symptômes et diagnostic {{ config.podcast.label }}

Osons la vie – L’annonce du cancer. Aurélie : « J’ai compris ce que c’était que d’être aimée à ce moment-là »

Chaque année en France, plus de 380 000 personnes reçoivent un diagnostic de cancer. L’annonce de la maladie est toujours un moment de bascule qui laisse une trace dans la mémoire de celles et ceux qui l’ont vécu. Dans cet épisode, découvrez l’histoire d’Aurélie. C’est au cours d’un examen gynécologique de routine qu’on lui découvre des masses au niveau de l’utérus. Une mauvaise nouvelle qui tombe d’autant plus mal, qu’elle vient de rencontrer un homme charmant. Est-ce que cette annonce signera la fin de cette belle histoire ?

20 mai 2024

21:44

Symptômes et diagnostic {{ config.podcast.label }}

Osons la vie – L’annonce du cancer. Anne : « Je suis comme Alice au Pays des Merveilles qui tombe dans le terrier du Lapin Blanc »

Chaque année en France, plus de 380 000 personnes reçoivent un diagnostic de cancer. L’annonce de la maladie est toujours un moment de bascule qui laisse une trace dans la mémoire de celles et ceux qui l’ont vécu. Dans cet épisode, découvrez l’histoire de Anne. C’est en vacances, en plein mois d’août, qu’elle sent une boule dans son sein. Elle décide de ne pas écouter une voix intérieure qui la taraude et qui lui répète « Regarde là ! ». Elle esquive, tergiverse, jusqu’à ce qu’un torticolis la pousse à aller voir un médecin. Anne ressort de la consultation avec une ordonnance non pas pour une séance de kiné mais pour effectuer la toute première mammographie de sa vie. Le mot « cancer » est prononcé. La voilà propulsée dans une autre dimension.

6 mai 2024