Face aux cancers, osons la vie !

Quand les résultats de l'auto-complétion sont disponibles, utilisez les flèches haut et bas pour évaluer entrer pour aller à la page désirée. Utilisateurs et utilisatrices d‘appareils tactiles, explorez en touchant ou par des gestes de balayage.

{{ config.search.suggestions }} soin de support soin de socio-esthétique Rdv de socio-esthétique perte de cheveux liée au cancer ongles fragilisés par le cancer perte de sourcils liée au cancer sport adapté au cancer perte de cils liée au cancer maquillage des cils détente et bien-être

Loi Duplomb : “Il ne faut pas ignorer les signaux d’alerte sur la dangerosité de l’acétamipride”

{{ config.mag.article.published }} 31 juillet 2025

{{ config.mag.article.modified }} 7 août 2025

{{ bookmarked ? config.sharing.bookmark.remove : config.sharing.bookmark.add }}
@TomaszKlejdysz/Shutterstock

Alors que les néonicotinoïdes sont interdits en France depuis 2018, la loi Duplomb prévoit de réintroduire l’un d’entre eux : l’acétamipride. Que sait-on réellement de son impact sur la santé humaine ? On fait le point avec le Pr Coumoul, toxicologue.

En 2018, la France s’est positionnée en fer de lance de la protection de la biodiversité en devenant le premier pays à bannir les insecticides de la famille des néonicotinoïdes. Cette interdiction, instaurée par la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages adoptée en 2016, visait notamment à protéger les insectes pollinisateurs, tels que les abeilles, dont la population avait fortement décliné à cause de ces pesticides. Des dérogations furent cependant accordées à partir de 2020 avant que l’interdiction ne redevienne totale et définitive en 2023.

La loi Duplomb, adoptée le 8 juillet dernier, prévoit une réintroduction dérogatoire de l’acétamipride*, un néonicotinoïde principalement utilisé pour protéger les cultures de betteraves sucrières et de noisettes des attaques de pucerons. Cette loi, “visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur”, répond à la préoccupation des professionnels de la filière qui déplorent une chute drastique de leur production depuis l’interdiction de ce pesticide et affirment ne disposer d’aucune alternative viable.

Cette décision a déclenché un vaste mouvement de contestation matérialisé par la pétition “Non à la loi Duplomb” qui réunit à ce jour plus de 2 millions de signatures. Du jamais vu.

Face à ces revirements, une question se pose : que sait-on réellement de l’impact des néonicotinoïdes sur la santé humaine ? Pour y voir plus clair, nous avons interrogé le Pr Xavier Coumoul, toxicologue à l’université Paris Cité et co-auteur du rapport de l’INSERM « Pesticides et effets sur la santé« , publié en 2021.

Pouvez-vous nous rappeler comment un pesticide est autorisé à entrer sur le marché européen ?

Dr Xavier Coumoul, toxicologue et spécialiste des pesticides - roseupassociation rosemagazineDr Coumoul : Lorsqu’un industriel souhaite mettre un pesticide sur le marché, il dépose un dossier auprès de l’EFSA, l’autorité européenne de sécurité des aliments, pour démontrer qu’il est sûr et efficace. Celui-ci contient des données toxicologiques et environnementales, notamment. L’EFSA va les évaluer et consulter les agences nationales compétentes – en France, il s’agit de l’Anses1. S’il manque de données, des tests complémentaires seront demandés. Sur la base de l’avis de l’EFSA, la Commission Européenne décidera d’approuver ou non le produit au niveau européen.

L’avis de l’EFSA n’est toutefois pas figé. Il peut être réévalué, par exemple si des études académiques apportent de nouvelles données qui remettent en cause la sécurité du produit.

C’est ce qui s’est passé en 2018 lorsque la France a interdit les néonicotinoïdes ?

Non, à l’époque nous avions très peu de données épidémiologiques sur les néonicotinoïdes. Cette décision a été prise pour des raisons politiques car ces produits tuaient les abeilles.

Aujourd’hui, la réautorisation de l’acétamipride est-elle liée au fait que nous disposons de nouvelles données rassurantes ?

Pas du tout. C’est même plutôt le contraire. Depuis, de nouvelles données montrent un lien entre l’exposition aux néonicotinoïdes et l’altération des fonctions cérébrales. 

Une revue de la littérature a permis d’établir un lien entre l’exposition chronique aux néonicotinoides, dont l’acétamipride, et le risque d’anencéphalie (défaut de développement du cerveau chez l’embryon, ndlr) et de troubles du spectre autistique.

D’autres études, réalisées in vitro ou chez les souris, ont mis en évidence des mécanismes de neurotoxicité.

Un lien a-t-il été établi avec le cancer ?

Tout à fait. Une étude récente menée en Chine a montré une corrélation entre la présence dans l’urine du métabolite de l’acétamipride et un risque accru de cancer du foie.

Ces résultats ne justifient pourtant pas l’interdiction de ce néonicotinoïde…

Non car il s’agit d’études isolées. Par ailleurs, elles établissent uniquement des corrélations pour les études épidémiologiques, et non un lien de causalité. Il s’agit toutefois de signaux d’alerte qu’il ne faut pas ignorer.

L’EFSA reconnaît d’ailleurs que l’acétamipride peut “affecter de façon défavorable le développement des neurones et des structures cérébrales associées à des fonctions telles que l’apprentissage et la mémoire“. C’est pour cette raison qu’elle a recommandé d’abaisser les seuils d’exposition à ce pesticide.

Aurait-il fallu appliquer le principe de précaution selon vous ?

Oui, avant de réintroduire une molécule, qui a été précédemment interdite, il faut lever tout doute. Ce n’est pas le cas avec l’acétamipride, notamment parce que nous manquons de données. Il faudrait de nouveaux tests sur sa toxicité, menés par des organismes indépendants. Il est également indispensable d’étudier son impact à long terme, notamment sur le développement de pathologies cancéreuses comme le cancer du foie.

* Depuis l’écriture de cet article, la réintroduction de l’acétamipride a été retirée de la loi suite à la censure du Conseil constitutionnel.
1. Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail

{{ config.mag.team }}

Emilie Groyer

Rédactrice en chef du site web de Rose magazine. Titulaire d'un doctorat en biologie, Emilie a travaillé 10 ans dans le domaine des brevets en biotechnologie avant d'opérer une reconversion dans le journalisme. Elle intègre la rédaction de Rose magazine en 2018. Sa spécialité : vulgariser des sujets scientifiques pointus pour les rendre accessibles au plus grand nombre.

Facteurs de risque et préventionVrai-Faux

Cancer : faut-il se protéger des UV toute l’année ?

Quand on est en traitement de cancer, la réponse est oui, même en hiver. Mais l'indice 30 est-il suffisant ? Et que valent les nouvelles crèmes de jour avec SFP ? On répond à toutes vos questions.

13 septembre 2024

Facteurs de risque et préventionActualité

ESMO 2023. L’exposition aux particules fines augmente le risque de cancer du sein

Selon une étude française présentée cette année à l’ESMO, les PM2,5 présentes dans l’air augmentent le risque de développer un cancer du sein, et ce même quand les seuils réglementaires sont respectés. Décryptage avec le Pr  Béatrice Fervers, l’épidémiologiste qui a conduit l’étude. 

30 octobre 2023

Recherche et essais cliniquesActualité

Nouveaux traitements contre le cancer du poumon : retour sur le congrès de l’ESMO 2022

Pollution, immunothérapie, thérapie ciblée. Le Pr Nicolas Girard, oncologue et pneumologue à l’Institut du thorax Curie Montsouris, a sélectionné pour nous trois études majeures présentées lors du congrès européen de cancérologie de l'ESMO.

16 septembre 2022

Facteurs de risque et préventionEnquêtes

Cancers évitables : stop à la culpabilisation

Cancers « évitables » : 40 %. Ce chiffre sous-entend que ceux qui sont victimes de la maladie en seraient aussi responsables, voire le mériteraient. Un message terriblement culpabilisant. Et injuste, sur le fond comme sur la forme. Démonstration en 5 points.

25 avril 2022