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Cancer du rein. L’immunothérapie confirme sa place dans le traitement des formes avancées comme localisées

{{ config.mag.article.published }} 24 avril 2024

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Photo : Anne-Charlotte Compan

Le Pr. Laurence Albiges, oncologue médical à Gustave Roussy et spécialiste des tumeurs urologiques, revient pour nous sur les récentes annonces faites lors du congrès international de cancérologie de l’ASCO dédié aux cancers génito-urinaires.

Pouvez-vous rappeler quel est le traitement actuel pour les cancers du rein localisé ?

La pierre angulaire des traitements est la chirurgie. On retire tout ou partie du rein : on parle de néphrectomie totale ou partielle. Les patients sont ensuite surveillés pour détecter une éventuelle récidive et intervenir au plus tôt.

Il n’existe pas de traitement pour réduire le risque de récidives dans le cancer du rein ?

Dans d’autres localisations de cancer, il existe des traitements dits adjuvants, que l’on administre en post-opératoire dans ce but. Dans le cancer du rein, aucun traitement ne s’était avéré efficace. La situation a changé cette année.

Car des résultats présentés au dernier congrès de l’ASCO-GU ont changé la donne…

En effet, il s’agit des résultats de l’étude Keynote-564. Cet essai clinique a testé l’efficacité du pembrolizumab (Keytruda©), une immunothérapie, chez des patients présentant la forme la plus classique du cancer du rein, à savoir le cancer du rein à cellules claires, et à haut risque de récidive. Le traitement était donné, après la chirurgie, toutes les 3 semaines pendant un an.

Des résultats précédents, présentés en 2021, avaient déjà montré que ce traitement permet de réduire le risque de rechute. Les nouvelles données prouvent qu’il améliore également la survie globale. En d’autres termes, grâce au pembrolizumab, on guérit davantage de patients. C’est le premier médicament, donné en adjuvant, qui montre un tel bénéfice dans le cancer du rein.

La prise en charge des patients va donc changer ?

En réalité, elle a déjà changé pour nos patients à haut risque de rechute dès décembre 2023 quand les autorités de santé ont octroyé un accès précoce à ce médicament. C’est un traitement qui est bien toléré. Il peut toutefois exister des effets secondaires qui correspondent à un emballement du système immunitaire : des dysfonctionnements de la thyroïdes, un rash cutané… De façon exceptionnelle, ce traitement peut déclencher des maladies auto-immunes. C’est pourquoi les patients doivent être informés des risques et suivis de près.

Qu’en est-il de la prise en charge des cancers du rein métastatiques ?

Depuis 2019, nous disposons de 2 stratégies en première ligne1 qui consistent à combiner 2 traitements. Dans la première, on associe un anti-angiogénique et une immunothérapie. Dans la seconde, on associe 2 immunothérapies.

Lors de l’ASCO-GU, nous avons eu la présentation des données d’actualisation à long terme de ces différentes stratégies. Elles montrent qu’un patient sur 10 est en rémission complète, et pour certains d’entre eux, depuis 5 à 10 ans. C’est considérable. Cela signifie que certaines maladies peuvent être contrôlées sur la durée.

Comment choisissez-vous entre les 2 stratégies de traitement ?

Actuellement, notre choix se fait en fonction du profil du patient et de la maladie. Gustave Roussy conduit actuellement un essai clinique européen, Care1, pour déterminer s’il serait possible d’identifier les patients qui répondront mieux à l’une ou l’autre des stratégies grâce à l’utilisation de biomarqueurs.

Y a-t-il eu une autre avancée ?

Oui, cette fois elle concerne la qualité de vie des patients. Il faut savoir qu’actuellement l’immunothérapie est administrée intraveineuse, en perfusion de 30 minutes. Une étude vient de montrer que l’injecter en sous-cutané, comme un vaccin par exemple, ne change pas son efficacité.

Ces résultats ne sont pas spécifiques du cancer du rein. Une précédente étude l’avait démontré dans le cancer du poumon. C’est extrêmement important parce que cela signifie que les patients resteraient beaucoup moins longtemps à l’hôpital.

Dans le futur, les immunothérapies pourraient-elles même être administrées en ville ?

Pour l’instant, leur administration se fait toujours en intraveineuse et à l’hôpital, sauf dans le cadre d’hospitalisations à domicile. Mais on peut imaginer qu’à termes le patient n’ait plus besoin de se déplacer. Pour en arriver là, il faudra d’abord que les autorités de santé acceptent cette forme sous-cutanée puis, son administration en dehors de l’hôpital. Le cancer du sein a ouvert la voie avec la thérapie ciblée, nous avons donc bon espoir que l’immunothérapie le soit aussi.

1. Les traitements de première ligne en condition métastatique sont les premiers traitements administrés quand le cancer devient, ou quand il a été diagnostiqué d’emblée, métastatique.


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Emilie Groyer

Docteur en biologie, journaliste scientifique et rédactrice en chef du site web de Rose magazine

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