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Rémission ou guérison ? Rencontre avec le Dr Dominique Gros, sénologue

{{ config.mag.article.published }} 31 août 2017

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Rencontre avec le Dr Dominique Gros, Praticien hospitalier honoraire des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, auteur de la préface des « Les neuf clés de la rémission ». Il nous rappelle que « la guérison ne se limite pas au corps biologique...

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Pourquoi les médecins ont-ils du mal à parler de guérison et préfèrent le terme de rémission ?

Médicalement, que signifie le mot guérison sinon une disparition réelle – complète, totale et définitive – de la maladie cancéreuse ? Et quel malade n’aspire pas à savoir s’il est guéri ? Or, les traitements achevés, aucun critère médical ne permet d’affirmer pour une personne donnée que le cancer ne s’exprimera pas à nouveau un jour. Quand elle surgit, une rechute est la preuve a posteriori que la maladie était toujours présente biologiquement, quoique invisible et indétectable : le malade n’était donc pas guéri. D’où l’utilisation du mot rémission. Il traduit l’incapacité de se prononcer sur une évolution future inconnaissable à l’échelle individuelle.

En cancérologie, la vérité de la guérison a une formulation probabiliste. Puissante auxiliaire du vrai, la démarche statistique concerne des groupes de malades, du collectif, alors que c’est un individu unique et singulier qui interpelle le médecin. C’est sa guérison à lui qui l’intéresse.

Ce mot de rémission est lourd d’incertitude. Il évoque une guérison douteuse, approximative, hypothétique, partielle, provisoire. Cette impuissance du médecin à dire « Vous êtes complètement et définitivement guéri » maintient le patient dans un statut d’être-à-risque et peut faire obstacle au retour espéré de la sérénité.

Et c’est seulement après une certaine durée d’observation, écoulée sans rechute depuis les traitements, mesurée en nombre d’années variable selon les cancers – sein, poumon, pancréas … – que le médecin peut s’autoriser à dire un sujet guéri. S’agissant de la maladie cancéreuse, le concept de guérison est une entité rétrospective.

Trouvez-vous qu’en France cet aspect du parcours, l’après-cancer, soit suffisamment évoqué et pris en compte par les médecins ?

Concernant cette incertitude de la guérison inhérente à l’après cancer, elle est évoquée et traitée de façon différente d’un médecin à l’autre. Tant d’éléments interviennent dans cette affaire ! Chaque médecin a ses affects, son histoire, son rapport personnel à la vie, au cancer, à la mort, à la vérité. Comment son approche de l’incertitude pourrait-elle demeurer indemne et ne pas en subir les influences ?

Et puis, en face de lui, il y a une personne : elle a sa perception et sa propre définition de la guérison. La guérison ne se limite pas au corps biologique. Il y la guérison psychologique, spirituelle, sociale. Il y a aussi le sentiment de guérison. Tel sujet s’estime guéri parce qu’il se sent bien, tel autre se juge encore malade car il souffre de séquelles thérapeutiques. Pour un autre, la fin des traitements signe la guérison. D’autres encore sont convaincus que l’on ne guérit jamais du cancer.

Pourquoi ne parle-t-on pas davantage de médecine intégrative en France ?

Utilisée aux États-Unis et au Canada, l’oncologie intégrative est une approche globale qui conjugue médecine conventionnelle et médecine complémentaire. Elle correspond à ce que nous appelons chez nous les soins de support – homéopathie, acupuncture, hypnose, art-thérapie, socio-esthétique, groupes de parole, soutien psychologique, reiki … Le dernier Plan cancer leur a donné la légitimité nécessaire et ils sont maintenant intégrés dans les Services de cancérologie. Les malades peuvent en bénéficier tout au long de leurs traitements et hospitalisations. Cela a bien évolué : je ne crois pas que la peur habite encore l’esprit des médecins à l’égard des soins de support, qui deviennent eux-mêmes prescripteurs. Sauf peut-être chez quelques uns qui pensent que le pouvoir de guérir n’appartient qu’à la médecine conventionnelle et considèrent qu’un bon malade est sans doute un patient libre, autonome, pensant, mais pas trop…

Des centres, comme Ressource, créé en 2011 par le Dr Jean-Loup Mouysset, ou des associations, font de plus en plus partie du parcours de soin du patient …

Oui, ces structures sont précieuses. Pour bien des malades soignés, la période dite de l’après-cancer, rythmée par les examens de contrôles réguliers, peut s’avérer fort difficile à vivre. Quand, inaugurée par la formule Revenez me voir dans six mois, survient cette rupture symbolique du cordon ombilical rassurant qui la reliait à l’équipe soignante, la personne se retrouve tout d’un coup projetée et abandonnée seule dans la vraie vie. « Et maintenant, qu’est-ce je fais ? Comment je m’accommode de mes angoisses, de ma fatigue, des séquelles thérapeutiques, de mon nouveau corps, de ma peur au moindre symptôme ? Comment je reconstruis ma relation aux autres, à ma famille, à mes amis, à mes collègues de travail ?… ». De plus en plus d’Associations ou initiatives individuelles  offrent des structures d’accueil dévolues aux soins de support oncologiques. Chacune a ses spécificités. Ces soins sont proposés et délivrés hors de l’Institution hospitalières et gérés par des bénévoles, d’anciens patients ou non. Exemples pour le cancer du sein : Ateliers de l’embellie (http://www.ateliersembellie.fr), La vie après le cancer (http://www.lavieaprescancer.com), Réseau Cancer du sein (https://monreseau-cancerdusein.com)…

Que peut apporter le livre de Kelly Turner aux patients ?

Ce livre encourage à s’informer, participer, s’impliquer, être acteur de sa santé. Il n’est pas un guide de guérison du cancer. Il apporte des témoignages de malades qui, malgré le mauvais pronostic qui leur avait été donné, n’ont pas voulu baisser les bras et racontent ce qu’ils ont radicalement changé dans leurs modes de vie. Ils disent leur conviction quant à l’influence favorable de ces changements sur leur processus de guérison. Mais la conviction est un sentiment et aussi forte soit-elle n’a pas valeur de preuve.

Sait-on vraiment pourquoi on a guéri de son cancer ?… ou la part de mystère y est pour beaucoup ?

Pourquoi guérit-on ? Sans nul doute, grâce à la médecine. « J’ai été bien soigné ». Pourtant, combien de fois, nous autres médecins, sommes-nous face à des malades au pronostic initial jugé défavorable et qui ont pourtant guéri ? Ou bien l’inverse.

N’y a-t-il pas d’autres forces curatives qui participent à la guérison du cancer ? Celle de la nature avec son pouvoir d’auto-guérison. Celle du malade : « Je me suis bien battu », « J’ai la foi, elle m’a aidé » … Celle du médecin par son écoute, sa parole, son esprit serein et positif, son aura. Quant au cancer lui-même, avec ses spécificités, son degré de malignité et son génie évolutif propres, il influence la guérison dans un sens positif ou négatif.

Le pouvoir de guérir est un pouvoir partagé, sans que l’on puisse déterminer la part respective de chacune des forces thérapeutiques en présence.

J’aime et j’ai toujours fait mienne cette célèbre et si juste répartie d’Ambroise Paré à l’adresse d’un malade qui le remerciait avec effusion de l’avoir sauvé. Il répondit : « Je t’ai soigné, Dieu t’a guéri ». Point nécessairement de religion dans cette formule, mais l’humilité et la clairvoyance d’un médecin sachant reconnaître l’existence de l’inexpliqué.

Toute guérison d’un cancer comporte une part de mystère.

A LIRE
«Les Neuf clés de la rémission », Kelly A. Turner. FLAMMARION


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Céline Dufranc

Journaliste

63:00

Recherche et essais cliniques {{ config.replay.label }}

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