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Les tumeurs hébergent un microbiote capable d’influer sur la survie des malades

{{ config.mag.article.published }} 20 août 2019

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Une étude parue dans Cell montre que les tumeurs hébergent un microbiote dont la diversité varie d'un individu à l'autre. L'enrichissement de cette flore par transfert de microbiote fécal pourrait permettre de prolonger la survie des malades de cancer.

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Depuis quelques années, le microbiote intestinal intéresse les chercheurs en oncologie (Lire notre interview de Joël Doré, spécialiste de l’écologie microbienne : « Restaurer le microbiote pour mieux lutter contre le cancer »). Une récente étude publiée dans Cell se penche cette fois sur le microbiote… tumoral. Et oui, car, à l’instar de notre système digestif, notre peau ou notre cerveau, la tumeur héberge un ensemble de microorganismes qui pourraient bien jouer un rôle dans son devenir.

Avec une survie à 5 ans après chirurgie de seulement 9%, le cancer du pancréas est l’un des cancers les plus agressifs. Pour une raison que la science ignore encore, une minorité de patients survivent au-delà de ce délai (on parle alors de « survivants à long terme » ou « long term survivor » – LTS – en Anglais par opposition aux « survivants à court terme » ou « short term survivor » – STS). L’explication se trouverait-elle dans leur microbiote ? C’est ce qu’ont tenté de déterminer les chercheurs de l’Université du Texas (US).

Un microbiote plus diversifié associé à une survie prolongée dans le cancer du pancréas

Pour ce faire, les scientifiques ont comparé le microenvironnement tumoral chez les LTS et chez les STS. Ils ont constaté d’une part que le microbiote des LTS était beaucoup plus diversifié. D’autre part, ils ont observé que les cellules du système immunitaire – qui avaient infiltré la tumeur pour la combattre – étaient actives, au contraire de celles des STS, endormies par la tumeur (Lire notre BD « L’insaisissable gang des K »). Cette observation rejoint les résultats de travaux menés depuis plusieurs années montrant que le microbiote intestinal est essentiel au bon fonctionnement de nos défenses immunitaires : il éduque notamment nos globules blancs à distinguer les bactéries nécessaires à la digestion des aliments de celles responsables de pathologies, empêchant ainsi la survenue de maladie auto-immune comme la maladie de Crohn.

Les tumeurs hébergent un microbiote capable d'influer sur la survie des malades
Illustration issue de l’article paru dans Cell

Enrichir le microbiote tumoral grâce au transfert de microbiote fécal

Ces résultats suggèrent qu’une plus grande hétérogénéité du microbiote tumoral pourrait être bénéfique pour lutter contre le cancer. Mais comment l’enrichir ? En modifiant le microbiote intestinal ? C’est l’hypothèse qu’ont posé les chercheurs. Ils ont en effet constaté que 25% de la composition du microbiote tumoral était identique au microbiote intestinal. Il semblerait qu’il y ait donc bien un dialogue entre les 2 microbiotes et qu’en agissant sur l’un, il serait possible d’influer sur l’autre. Pour le démontrer, les scientifiques ont transféré le microbiote fécal de patients LTS, STS ou de donneurs sains à des souris avant de leur inoculer des tumeurs. Ils ont ainsi pu montrer que le cancer se développait moins rapidement chez les souris ayant reçu le microbiote de LTS, en comparaison à celles l’ayant reçu de STS ou de donneurs sains. Par ailleurs, les cellules immunitaires présentes dans la tumeur étaient davantage activées (voir la vidéo résumant l’étude).

En diversifiant le microbiote fécal, il serait donc possible de modifier le microbiote tumoral, rendre le système immunitaire plus efficace et prolonger la survie des patients. Ces résultats doivent bien entendu être répétés et vérifiés dans d’autres cancers mais ils ouvrent la voie vers de nouveaux traitements.

Emilie Groyer


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Emilie Groyer

Rédactrice en chef du site web de Rose magazine. Titulaire d'un doctorat en biologie, Emilie a travaillé 10 ans dans le domaine des brevets en biotechnologie avant d'opérer une reconversion dans le journalisme. Elle intègre la rédaction de Rose magazine en 2018. Sa spécialité : vulgariser des sujets scientifiques pointus pour les rendre accessibles au plus grand nombre.

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