Habité
Par un cartoon permanent ! Dans le cerveau de ce soignant dessinateur, des images s’esquissent sans cesse, s’affinent et prennent vie. Né en Belgique, nourri à la BD, Xavier (qui garde son nom de famille secret) aide les personnes à mourir sans souffrance, en ajoutant de la vie aux jours, à défaut d’ajouter des jours à la vie.
Doux géant
Sa voix douce contraste avec sa taille imposante (1 m 93) et son look de rocker. C’est aussi son outil pour rencontrer l’autre. Il sait trouver les mots quand il le faut, mais il sait aussi respecter le silence, surtout quand l’émotion est là. Parfois, elle se fait chantante, il s’en amuse et en amuse ses patients et ses collègues. « The show must go on », pourrait être sa devise, à lui, le fan absolu du groupe Queen !
Attentif
Au fil de ses 12 années passées en service de soins palliatifs, il a appris à écouter. Ne pouvant promettre aux patients qu’il accompagne une fin idéale, il leur garantit une oreille attentive et « d’être là ». Ces temps d’écoute offerts – jamais comme un luxe – aux patients ou à leurs proches lui permettent de cerner les attentes et les besoins de chacun au moment où la vie s’en va, et d’y répondre de la meilleure façon.
Tactile
Il se souvient de Frankie, un patient qui, en fin de vie, ne pouvait plus bouger ses mains. Pourtant, tous les jours, et jusqu’au bout, il attendait que Xavier les prenne dans les siennes et qu’il les anime pour lui. Toucher, masser, caresser, c’est faire exister l’autre et l’aider à se sentir encore vivant.
Reconnaissant
Il y a eu Blanche, qui lui a offert son nom d’artiste. Puis il y a eu Nanie, avec qui la relation a été d’emblée si évidente. Elle a été pour lui une nouvelle grand-mère. Une fusion que son décès n’a jamais éteinte… Un dessin que Xavier lui a dédicacé lui tient désormais compagnie dans l’au-delà. Une dernière volonté qui a touché l’homme au cœur.
Tatoué
On remarque sa peau encrée d’étoiles. La grande représente son arrière grand-mère Nénène, les deux plus petites son frère et lui regardant le ciel un soir de chagrin. Xavier a toujours été fasciné par les étoiles. Il dit que leur lumière, qui continue de nous parvenir après leur mort, les rend immortelles. Des astres qui ont inspiré à Blanche, une vieille dame que Xavier a accompagnée, ce surnom : L’Homme étoilé. Il en a fait, en 2017, sa signature artistique, lorsqu’il a commencé à dessiner son quotidien à l’hôpital.
Photographie de Benjamin Decoin
Retrouvez cet article dans Rose Magazine (Numéro 22, p. 50)