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Travail de nuit et cancer du sein : une liaison dangereuse ?

{{ config.mag.article.published }} 10 septembre 2018

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Les études sur les liens entre travail nocturne et développement du cancer du sein se multiplient. Les risques, longtemps occultés, sont mieux définis. Et s’il s’agissait du scandale sanitaire de demain ?

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« Mon corps ne sait plus jamais où il est… » Chef de cabine chez Air France, Martine, 59 ans, a développé un cancer du sein en mai 2015. « À l’heure qu’il est, je suis toujours en chantier », glisse sa voix pétillante, truffée d’humour, derrière laquelle se cachent trente-sept ans de vols long-courriers.

Comme 3,5 millions de Français*, Martine travaille en horaires décalés. « Nous, les navigants aériens, nous vivons à l’envers des autres. Nous n’avons plus d’horloge interne. À un moment, il faut bien que nos corps compensent et s’expriment… »

« Pour nous, la causalité est évidente »

Martine ne fume pas, n’a pas d’antécédents familiaux, boit avec modération, bref, ne figurait pas parmi les femmes à risques. Alors, son cancer, elle l’attribue en partie à un travail stressant et « à cette vie où tu te fais violence tout le temps ».

Elle égrène: « Dormir quand tu n’en as pas envie, rester éveillée quand tu voudrais te reposer, manger quand tu n’as pas faim… Même en repos, c’est un combat permanent pour se remettre au rythme des autres, de sa famille. » Le lien entre travail nocturne et cancer du sein féminin ne fait guère de doute dans l’esprit d’Astrid Aulong-Beaumont, présidente de l’association Les Hôtesses de l’air contre le cancer et navigante chez Air France :

« Nous n’avons pas de statistiques fiables au sein de notre compagnie. Mais, à travers notre forum, nous sommes en contact avec près de 2 000 collègues qui, comme Martine, sont touchées à des degrés divers. Sur un personnel navigant de 14 000 personnes (dont 9 000 femmes), ce n’est pas rien ! Pour nous, la causalité est évidente. Même si, bien sûr, nous ne sommes pas médecins. » 

Perturbations en profondeur

Du côté des scientifiques, les études se multiplient. En juin dernier, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dévoilait son «Évaluation des risques sanitaires liés au travail de nuit».

Ce rapport collectif d’expertise passe au crible plus de 24 études internationales et consacre notamment un chapitre aux cancers hormonodépendants, dont le cancer du sein féminin. Principal enseignement: travailler la nuit perturbe en profondeur les cycles circadiens.

« Ces rythmes – de circa, « autour », et dia, « jour » – sont contrôlés par une horloge interne au cœur de notre cerveau, explique le Pr Gérard Lasfargues, directeur général adjoint scientifique de l’Anses. Elle règle toutes les grandes fonctions de notre organisme et doit être remise à l’heure chaque jour, à travers l’alternance lumière-obscurité. Or, le travail nocturne provoque une désynchronisation, puisque l’on s’active pendant notre nuit biologique et que l’on dort la journée. »

De nombreux effets sanitaires

Les effets sanitaires sont nombreux et de plusieurs ordres. « D’abord, la perturbation circadienne entraîne un dysfonctionnement de la cellule en elle-même. Ensuite, l’exposition à l’éclairage artificiel, la nuit, bloque la production de mélatonine, hormone protectrice, oncostatique, qui permet de lutter contre les effets cancérogènes », reprend le Pr Lasfargues. La perturbation du sommeil induit, également, un stress physiologique qui engendre des désordres immunitaires.

Il poursuit: « Or, l’immunité joue un rôle clé dans la cancérogénèse. L’alimentation des travailleurs de nuit est souvent perturbée, est associée parfois à des comportements à risques (consommation d’alcool et de tabac) et au manque d’activité physique… Enfin, le risque de surpoids, voire d’obésité, est augmenté, et le surpoids peut, lui aussi, favoriser le développement de cancers. »

À l’issue de ces travaux, l’Anses ajoute: « L’ensemble de ces éléments renforce l’hypothèse que la désynchronisation circadienne […] pourrait entraîner une perte du contrôle de la prolifération cellulaire, et favoriser ainsi le développement de cancer. »

«Probablement » cancérogène

En 2011 déjà, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) classait le travail de nuit comme facteur « probablement » cancérogène (groupe 2A). L’année suivante, l’Inserm livrait les résultats de l’étude « Cecile », menée de 2005 à 2008 sur un panel d’un peu plus de 2 500 Françaises (1 232 cas de cancers du sein et 1 317 cas sans cancer).

Au total, plus de 11 % de ces femmes avaient, à un moment de leur carrière professionnelle, travaillé de nuit. Conclusion: celles qui avaient travaillé en horaires nocturnes présentaient un risque accru de 30 % d’avoir un cancer du sein par rapport aux autres. Un taux qui grimpait à 40 % chez les femmes dont l’activité professionnelle avait été désynchronisée pendant plus de quatre ans.

Un risque accru de 26 %

Des chiffres confirmés en septembre 2018 par l’équipe de Pascal Guénel et Emilie Cordina du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations de Villejuif. Pour la première fois, les chercheurs ont compilé les résultats de 13 000 femmes (6 093 patientes atteintes de cancer du sein comparées à 6 933 femmes en bonne santé) issus de 5 études menées indépendamment en Australie, au Canada, en Allemagne, en Espagne et en France. Ils ont ainsi montré que les femmes non ménopausées qui travaillent de nuit – au moins 3 heures entre minuit et 5h du matin – augmentent leur risque de développer un cancer du sein de 26%. Ce sur-risque est d’autant plus important que les femmes travaillent plus de 2 nuits par semaine depuis au moins 10 ans.

Bonne nouvelle : l’étude montre aussi que le risque diminue quand les femmes reprennent une activité de jour (à partir de 2 ans après l’arrêt du travail de nuit). Les chercheurs n’ont pas non plus constaté d’augmentation du risque chez les femmes ménopausées. « Peut-être parce qu’après la ménopause, une grande partie des femmes avaient arrêté de travailler de nuit depuis plusieurs années » précise Pascal Guénel dans le communiqué de l’INSERM.

Quand la pathologie éclot plus vite…

En juillet 2015, une étude menée aux Pays-Bas s’intéresse cette fois aux prédispositions génétiques.. Les chercheurs soumettent des souris femelles, porteuses de prédispositions génétiques au cancer du sein, à une perturbation des rythmes circadiens en inversant leur rapport jour-nuit.

D’ordinaire, ces animaux déjà prédisposés développent une tumeur en cinquante semaines. Les souris exposées à un cycle désynchronisé ont, d’une part, subi une prise de poids de 20 % de plus que les autres sujets, mais elles ont, surtout, vu apparaître leur première tumeur huit semaines avant les autres rongeurs.

L’étude révèle aussi que les souris touchées sont moins sensibles aux traitements. En clair, la pathologie éclot plus vite et se montre plus longue à traiter.

Les femmes porteuses de gènes BRCA1 et 2 seraient-elles, en conséquence, plus affectées que les autres par une activité en décalage horaire chronique? Le groupe de travail de l’Anses sur les horaires atypiques le soupçonne.

Des études récentes suggèrent en effet que la mutation de certains gènes de l’horloge interne ou de gènes contrôlés par celle-ci peut, d’une part, s’associer aux effets du travail de nuit (et augmenter les risques de cancer) et, d’autre part, altérer l’efficacité du traitement par chimiothérapie.

La reconnaissance d’une maladie professionnelle ?

Plusieurs grandes enquêtes, épidémiologiques notamment, se poursuivent aux États-Unis et en France. Le comité d’experts réuni par l’Anses – c’est la première fois qu’une agence sanitaire passe en revue autant d’effets liés à la pratique du travail de nuit – a ainsi confirmé le constat du Circ en 2011. Et a conclu à un «effet probable» du travail de nuit sur le risque de cancer. «Probable, c’est déjà fort», souligne le Pr Lasfargues.

Astrid Aulong-Beaumont n’en démord pas: «Il y a un vrai défaut d’information chez nous. On nous apprend à faire un massage cardiaque pour sauver la vie des autres, mais la nôtre…»

Comme les infirmières de Cyclosein, l’association Les Hôtesses de l’air contre le cancer vise une reconnaissance du cancer du sein en tant que maladie professionnelle. Illusoire? Pas tant que ça. «La possibilité peut être envisagée», estime le Pr Lasfargues.

En 2008, le Danemark a été le premier pays à accorder des indemnités à une quarantaine de femmes atteintes d’un cancer du sein lié à l’exercice d’un travail nocturne posté sur une période prolongée…

Le combat de Cyclosein

Sara Bonelli et Sylvie Pioli ont créé l’association Cyclosein à l’automne 2015. Infirmières de nuit à l’hôpital de Martigues (Bouches-du-Rhône), elles travaillent de 20 h 30 à 6 h 30, en alternant une semaine à vingt heures ouvrées et une à cinquante.

« Quand on évoque le cancer du sein, on parle de nombreux facteurs: tabagisme, hérédité, alcool, obésité, rayons ionisants… Mais le travail de nuit? Jamais.» Leur combat ne vise pas à interdire l’activité nocturne, mais à «offrir une véritable information sur ses conséquences possibles». Sara: «Nous savons bien que pour le développement d’un cancer aucun risque n’est prévalent. C’est le cumul qui est dangereux. Mais les fumeurs savent ce qu’ils encourent. Et ceux qui ont eu un cas de cancer dans leur famille sont sensibilisés, suivis. En revanche, les risques liés au travail de nuit sont totalement passés sous silence… »

Objectif de l’association à terme : voir le cancer du sein reconnu comme maladie professionnelle pour toutes celles qui travaillent ou ont travaillé de nuit.

Coralie Bonnefoy

* Soit 15,4 % des salariés : 21,5 % des hommes et 9,3 % des femmes.


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