Le millepertuis

On le prend pour : Ses vertus apaisantes. Cette plante est réputée pour calmer l’anxiété et procurer un sommeil de qualité.
Les risques : En agissant sur des enzymes du foie, le millepertuis peut diminuer la concentration de certains médicaments dans le sang et, de ce fait, leur efficacité1. C’est le cas avec certaines chimiothérapies notamment celles à base de docétaxel, d’irinotecan, de métothrexate ou d’imatinib, et certaines hormonothérapies. Il est donc fortement déconseillé d’en prendre pendant les traitements.
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Le ginseng

On le prend pour : Ses vertus énergisantes. Les racines de cette plante sont connues pour lutter contre la fatigue et les pertes de mémoire.
Les risques : On le soupçonne d’interagir avec les traitements mais les études sont contradictoires à ce sujet : dans certains cas, il diminuerait leur efficacité, dans d’autres, il augmenterait leur toxicité. Le principe de précaution s’applique donc avec ce complément alimentaire. Demandez conseil au pharmacien de votre hôpital ou de votre ville : il saura vous donner une réponse personnalisée en fonction du traitement que vous prenez.
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Le curcuma

On le prend pour : Ses vertus anti-oxydantes. Cette épice est réputée pour lutter contre les douleurs articulaires et améliorer la digestion. On lui prête même des propriétés anti-cancéreuses.
Les risques : Ils sont doubles. D’une part, le curcuma (en complément alimentaire) peut interagir avec les traitements, notamment les chimiothérapies à base d’irinotécan, de cyclophosphamides ou de vincristine. D’autre part, il peut provoquer des toxicités, notamment au niveau du foie, si l’on en consomme des doses élevées : plus de 153 mg de curcumine (la substance active du curcuma) par jour pour un adulte de 60 kg2. Or, cette dose peut être largement dépassée lors d’une cure de compléments alimentaires à base de curcuma. Vigilance particulière pour les “nouvelles formulations” de type phytosomes, micelles, ou encore nanoparticules colloïdales qui favorisent grandement son passage dans la circulation sanguine.
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Le desmodium
On le prend pour : Détoxifier le foie. Cette plante aurait la propriété de protéger cet organe des excès de nourriture ou d’alcool, ou de la toxicité des médicaments.
Les risques : Il peut provoquer des atteintes hépatiques. Un comble pour un protecteur hépatique ! Contrairement au curcuma, les agences de santé n’ont pas été “en mesure de fixer des conditions d’emploi de Desmodium ne présentant pas de risque” 3. Sa consommation est donc déconseillée.
TROIS RAISONS DE RESTER VIGILANT AVEC LES COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES
Quelle que soit leur composition, les compléments alimentaires, et notamment ceux à bases de plantes, doivent être pris avec précaution. Pour 3 raisons :
La qualité
Les compléments alimentaires ne sont pas soumis aux mêmes réglementations que les médicaments. Il peut donc arriver que la nature et la quantité des ingrédients qui les composent soit différentes de celles annoncées (quand c’est le cas) sur l’emballage. Certains ingrédients peuvent se retrouver en plus faible quantité, ou au contraire, en plus grande. On peut également trouver des traces d’ingrédients non listés sur l’étiquette.
Les risques d’interaction
Les compléments alimentaires peuvent perturber l’élimination par le corps de certains traitements, plus particulièrement les thérapies orales.
- Soit en l’empêchant : dans ce cas, le traitement va rester plus longtemps dans le sang et risquer de provoquer des effets indésirables.
- Soit en la favorisant : dans ce cas, le traitement sera moins présent dans l’organisme et risque d’être moins efficace. Exemple : le millepertuis.
La toxicité
Certains ingrédients, présents en grande quantité dans les compléments alimentaires, peuvent provoquer des effets indésirables qui leur sont propres. Exemple : le curcuma et le desmodium peuvent être toxique pour le foie.
1. La prise de compléments alimentaires a été peu étudiée en oncologie. On ne dispose donc pas de données de “vraie vie” sur l’effet qu’ils peuvent avoir sur tel ou tel traitement et à partir de quelle dose ils peuvent devenir problématiques. Les recommandations quant à leur usage repose essentiellement sur une extrapolation de résultats obtenus sur des cellules ou des animaux et sur le principe de précaution.