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Hélène Mauri, infirmière et photographe

{{ config.mag.article.published }} 18 mai 2018

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Hélène Mauri, infirmière et photographe, mène un projet photographique auprès des patients hospitalisés à l'Institut Curie, intitulé "S'il n'y avait qu'une image".

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Comment le projet « Et s’il n’y avait qu’une image » est-il né ?

Infirmière depuis 2007, j’ai exercé trois ans à temps plein puis j’ai fait un master en photographie à l’Ecole nationale supérieure Louis Lumière de 2010 à 2013 : la photo est ma passion depuis l’adolescence. En travaillant en tant qu’infirmière, j’ai constaté que la chambre d’hôpital était un lieu assez impersonnel, toujours avec le même mobilier, des murs vides. Je me suis demandé ce que l’on pouvait faire pour la personnaliser davantage et j’ai eu l’idée d’une photographie, d’une image, qui auraient du sens pour le patient.

Quel genre d’image ?

Une image apaisante qui pourrait être un soutien pour eux. Un lieu ressource. Un souvenir d’enfance… Ils réfléchissent et ensuite je leur propose d’aller photographier cette image, quelle qu’elle soit et où qu’elle soit, et de leur en ramener un tirage photographique que nous accrochons dans leur chambre. Chaque photographie est accompagnée du prénom du patient, de son âge et du texte de sa demande. Les demandes sont variées, m’amenant parfois à faire quelques voyages et la photographie réalisée apporte un complément au soignant dans la prise en charge des patients.

Quelle a été votre toute première réalisation ?

En 2013, j’ai expérimenté la démarche en la proposant à une personne de mon entourage qui avait un cancer et m’a demandé une photographie de cascade près de Perpignan. Je suis allée réaliser cette photo, que je lui ai rapportée dans sa chambre d’hôpital. Ce fut un moment très fort pour elle avec beaucoup d’émotions et de souvenirs. Cela m’a donné envie de développer cette démarche à travers un projet de plus grande ampleur pour d’autres patients. Cela fait cinq ans maintenant.

Comment le projet est-il financé ?

Le projet est financé par la Fonds de dotation Dominique et Tom Alberici. J’ai également été lauréate d’une Bourse Déclics Jeunes de la Fondation de France et du Prix Spécial Avray en 2016.

Comment « recrutez-vous » les patients ?

Ce sont les soignants de Curie qui identifient les patients qui seraient susceptibles de vouloir participer au projet. Ensuite, je vais à leur rencontre pour leur proposer d’y participer, en leur laissant l’entière liberté de choisir le type de photographie (portrait, paysage) et sa localisation. D’ailleurs, si un patient de Curie est intéressé, qu’il n’hésite pas à me contacter directement (helene.mauri@gmail.com).

Quelle est la photo qui vous a fait parcourir le plus de kilomètres ?

La toute première, celle du bateau, le Colibri à Nouméa : je suis allée jusqu’en Nouvelle-Calédonie (24 h d’avion), je ne sais pas si on peut faire plus loin !

Quelle est celle qui a été la plus difficile à réaliser ?

Celle-ci, car j’ai eu beaucoup de mal à trouver ce bateau à Nouméa : il m’a fallu plus de 5 jours de recherches intensives. L’histoire était un peu complexe mais je suis revenue avec la photo. Celle qui m’a donné du mal également c’est la cascade. Tout aussi difficile à trouver. Certaines photos demandent beaucoup de recherches et de courage, c’est parfois de vraies aventures. Il ne faut pas abandonner malgré la difficulté. Je vais toujours jusqu’au bout. Pour ces deux images, des personnes que j’ai croisées sur mon chemin m’ont aidée ou guidée.

Quelques mots sur celle qui vous a le plus touchée…

Celle du pissenlit réalisée pour Faustine, la première patiente que j’ai rencontré à l’Institut Curie : elle avait 37 ans. Nous nous sommes très vite bien entendues. Elle est sortie de l’Institut Curie après notre première rencontre. Je n’ai pas eu de ses nouvelles pendant deux ans jusqu’à ce que je la croise par hasard dans les couloirs de l’Institut Curie. Je lui ai proposé une nouvelle fois de lui faire une photographie. Elle m’a demandé une photo de pissenlit. Quand j’ai voulu lui ramener sa photographie elle était décédée la veille. J’ai transmis par la suite la photographie à sa sœur mais son décès fut très difficile pour moi, la sensation de ne pas avoir réussi, de ne pas être arrivée à temps. C’était la première fois que j’arrivais trop tard. Je voulais tellement faire cette image pour elle. Sa famille a beaucoup aimé la photographie. Mais je me souviens de chaque demande. De chaque visage. De chaque photo.

Qu’apportent ces images aux patients ?

En plus de personnaliser leur chambre d’hôpital, elles apportent du bien-être et de l’émotion. La photo représente un repère sur lequel ils peuvent s’appuyer le temps de leur hospitalisation et cela participe à leur prise en charge. Cette approche artistique transforme pour un temps le corps malade en un corps de ressentis et d’émotions, corps de vie retrouvée. Plus qu’une simple image, la photographie réalisée est ensuite sources d’échanges, de découvertes avec les soignants et la famille. Elle est également support de soins auprès de l’équipe soignante. En effet, le lieu photographié représente un endroit d’apaisement et ces images ont contribué à la réalisation de séances d’hypnose par certains soignants lors de soins douloureux.

Au total, combien de photos avez-vous réalisées pour les patients ?

47 ! Et c’est loin d’être fini !

 

EN SAVOIR PLUS
www.helene-mauri.com
www.siuneimage.com
www.pointsdefuite.net

EXTRAITS de « S’il n’y avait qu’une image »
Souvenir de Bonifacio
Chêne de Vy-lès-Filain


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Céline Dufranc

Journaliste

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