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Bouffées de chaleur : peu de solutions non-hormonales efficaces

{{ config.mag.article.published }} 23 novembre 2018

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Les bouffées de chaleur sont très invalidantes. Elles le sont d'autant plus quand elles sont secondaires à une ménopause induite par les hormonothérapies. Des solutions sans œstrogènes existent mais leur efficacité est limitée.

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Une sensation d’étouffement, une suée incontrôlable, une peau aussi brûlante que de la lave en fusion. Les bouffées de chaleur prennent par surprise et se répètent parfois des dizaines de fois par jour, transformant la vie de celles qui en souffrent en enfer. Les substituts œstrogéniques sont les traitements les plus efficaces pour les soulager (dans 80 à 90 % des cas). Mais pour certaines femmes, leur prise n’est pas une option : soit parce que les hormones leur font peur, soit parce qu’elles ont été atteintes d’un cancer hormonodépendant. Quelles solutions pour elles ?

« L’hygiène de vie est importante. Il faut par exemple éviter les choses qui déclenchent les bouffées de chaleur : les aliments très épicés, les boissons trop chaudes ou trop infusées, certains alcools, explique le Dr Chabbert-Buffet, gynécologue-obstétricienne à l’hôpital Tenon. On peut aussi conseiller des accompagnements non-médicamenteux : acupuncture, yoga, relaxation, méditation, hypnose : même s’ils ne permettent en général pas de réduire la fréquence des crises, ils diminuent leur intensité et les rendent plus tolérables. »

Un seul médicament non-hormonal autorisé

Le seul médicament non-hormonal contre les bouffées de chaleur a avoir obtenu une autorisation de mise sur le marché est l’Abufène. Un traitement que la haute autorité de santé (HAS) a décidé de ne pas rembourser car son efficacité n’est pas différente de celle d’un placebo. Une décision que regrette le Dr Chabbert-Buffet : « L’effet placebo n’est pas une absence d’effet et il est particulièrement élevé quand il s’agit de bouffées de chaleur : dans certaines études, il peut atteindre 50 % alors qu’il n’est que de 20 % pour la plupart des maladies. Ce médicament peut donc rendre service. D’autant qu’il est très bien toléré. Les seuls effets indésirables référencés sont des picotements dans les doigts qui arrivent dans la demi-heure après la prise et qui disparaissent ensuite. »

Des alternatives efficaces mais hors AMM

Toutes ces solutions ne suffiront malheureusement pas à soulager les femmes dont les bouffées de chaleur sont très intenses comme c’est le cas des patientes sous hormonothérapie. « 75% des femmes en ménopause induite par les traitements ont des crises invalidantes alors que cela touche au maximum 50% des femmes ménopausées naturellement reconnaît le Dr Chabbert. Il existe des alternatives réservées au cas particulier de ces femmes pour lesquelles le traitement hormonal est formellement contre-indiqué. Il s’agit de médicaments qui sont autorisés pour d’autres indications. Leur prescription en dehors de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) est prévue par la loi mais elle est très contraignante pour les médecins : ils doivent en informer les patientes, fournir des études qui justifient leur utilisation dans une autre indication et l’inscrire clairement dans le dossier médical et sur l’ordonnance. La conséquence, c’est que le traitement n’est pas pris en charge par l’assurance maladie. »

Ces traitements prescrits en dehors de leur indication sont des anti-dépresseurs : la fluoxétine, la paroxetine, la venlafaxine et la sertraline (seuls les 2 derniers sont proposés aux femmes sous Tamoxifène en raison d’interactions médicamenteuses). « On les prescrit à dose très progressive pour éviter les effets secondaires qui sont majoritairement : être un peu dans le pâté” et avoir la bouche sèche au début du traitement. Puis, on augmente tout doucement jusqu’à trouver la dose efficace qui est souvent inférieure à la dose anti-dépressive. Les patientes ont parfois peur de l’accoutumance. Il n’y en a pas sur le plan psychique. Sur le plan physique, en revanche, il peut y avoir un syndrome de sevrage avec des nausées et des vertiges à l’arrêt du traitement s’il n’est pas fait progressivement » explique la gynécologue.

Leur effet bénéfique sur les bouffées de chaleur a été découvert par hasard et confirmé depuis par des études cliniques : un soulagement a été observé en moyenne dans 60% des cas. Pourtant, les laboratoires pharmaceutiques n’ont pas fait les démarches pour obtenir une AMM dans le traitement des bouffées de chaleur des femmes sous hormonothérapie : ce marché de niche présente peu d’intérêt pour eux. « Les associations de patients ou les sociétés savantes pourraient saisir le ministère pour obtenir une autorisation temporaire d’utilisation. Cela permettrait aux médecins d’être plus à l’aise et cela rassurerait aussi les patientes » explique la gynécologue. Pas évident en effet de se voir prescrire un anti-dépresseur quand on ne se sent pas abattue.

Des traitements qui ne sont toutefois pas la panacée : leurs effets sont temporaires, ils diminuent généralement au bout de quelques mois. La gynécologue fonde ses espoirs sur une autre approche : « Des recherches sont actuellement menées sur des molécules découvertes, non pas par hasard (lire notre article “Demain un médicament contre l’incontinence pour soulager les bouffées de chaleur ?”), mais grâce à une meilleure connaissance du phénomène biologique impliqué dans les bouffées de chaleur . »

Ces futurs médicaments sont encore à un stade très précoce et leur efficacité a été étudiée à ce jour sur quelques patientes seulement. Il faudra sans doute attendre au moins 5 ans avant qu’ils arrivent dans nos pharmacies.


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Emilie Groyer

Rédactrice en chef du site web de Rose magazine. Titulaire d'un doctorat en biologie, Emilie a travaillé 10 ans dans le domaine des brevets en biotechnologie avant d'opérer une reconversion dans le journalisme. Elle intègre la rédaction de Rose magazine en 2018. Sa spécialité : vulgariser des sujets scientifiques pointus pour les rendre accessibles au plus grand nombre.

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