Lorsqu’il est opérable, le cancer du poumon non à petites cellules1 se guérit par chirurgie (suivie ou non d’une chimiothérapie) dans 70% des cas. Mais pour les 30% de patients restants, le risque de rechute à court terme est élevé.
Il y a 3 ans, l’arrivée de l’osimertinib (Tagrisso) faisait grand bruit au congrès international de cancérologie de l’ASCO. Ce traitement, qui cible une mutation de l’EGFR, a en effet permis de réduire de plus de 80% le risque de rechute chez les patients opérables présentant cette mutation. Environ 1500 patients sont concernés en France chaque année. La thérapie ciblée revient sur le devant de la scène avec des résultats en survie globale impressionnants : une réduction de moitié du risque de décès.
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Ne pas attendre la rechute
Le Pr Girard, oncologue spécialiste du poumon à l’institut Curie, confirme l’importance de ces résultats : « Ils vont changer les pratiques sans l’ombre d’un doute. Après les résultats de 2020, on se demandait encore s’il ne valait mieux pas attendre la rechute avant d’utiliser cette thérapie ciblée. Après tout, la grande majorité de nos patients sont guéris après la chirurgie, alors pourquoi les exposer inutilement à un nouveau traitement ? » Ces nouveaux résultats apportent une réponse claire : mieux vaut prévenir la rechute que la guérir, en d’autres termes, agir avant qu’elle ne soit là.
Rechercher systématiquement une mutation de l’EGFR
Ces résultats s’accompagneront obligatoirement d’un autre changement de pratique : rechercher systématiquement une mutation de l’EGFR chez les patients. « Actuellement, on recherche en générale cette mutation quand le cancer du patient reprogresse. Au vu de ces résultats, il faudra la faire dorénavant dès le diagnostic, selon le Pr Girard. Cela représenterait une perte de chance pour le patient de ne pas le faire »
CE QU’IL FAUT RETENIR :
Le traitement : L’osimertinib (Tagrisso) est une thérapie ciblée contre une mutation de l’EGFR
Les patients concernés : des personnes touchées par un cancer du poumon non à petites cellules, opérable et présentant une mutation de l’EGFR (ce qui représente environ 1500 personnes par an France)
Les bénéfices obtenus : réduction de 50% le risque de décès
Emilie Groyer
1. Forme la plus répandue du cancer du poumon