CE QU’IL FAUT RETENIR :
Le traitement : le vorasidenib est une petite molécule capable de bloquer des mutations touchant les enzymes IDH1 et 2.
Les patients concernés : des personnes atteintes d’un gliome de bas grade ayant été traitées par chirurgie et présentant une mutation dans IDH1/2. Cela représente environ 80% des cas.
Les bénéfices obtenus : réduction de 71% du risque de reprogression de la maladie, retardant ainsi le recours à des traitements conventionnels invalidants comme la radiothérapie et la chimiothérapie.
Les gliomes diffus de bas grade (grade II) sont des tumeurs cérébrales dont l’évolution est lente et qui sont souvent traités par chirurgie. Mais parce qu’ils peuvent se transformer en tumeurs plus agressives de grades III ou IV, les personnes qui en souffrent nécessitent un suivi voire un traitement médical complémentaire si la tumeur n’a pas pu être retirée complètement ou si elle progresse à nouveau.
Des traitements conventionnels invalidants
En cas de reprogression de la maladie, il faudra alors recourir à de la chirurgie (quand cela est possible), de la chimiothérapie ou de la radiothérapie. « Le problème c’est que la radiothérapie peut léser les tissus sains qu’elle traverse pour atteindre la tumeur. Les traitements peuvent donc avoir un impact, à distance du traitement, sur les capacités intellectuelles des patients, en touchant notamment leur mémoire et leur concentration. Or les personnes touchées par ce type de cancer sont souvent des personnes jeunes, entre 30 et 40 ans, qui ont une vie professionnelle, sociale et familiale active. Les séquelles peuvent donc être très invalidants » explique le Pr Khe Hoang-Xuan, chef de service de neuro-oncologie du CHU de la Pitié Salpêtrière.
La première thérapie ciblée dans le gliome
Les oncologues étaient donc dans l’attente d’une thérapie plus ciblée, comme il en existe dans d’autres localisations de cancer comme le sein notamment. C’est désormais chose faite grâce à l’étude INDIGO présentée cette année au congrès international de cancérologie de l’ASCO.
Dans cet essai clinique de phase 3, des patients opérés pour un gliome de bas grade ont reçu du vorasidenib, une petite molécule capable de traverser la barrière hémato-encéphalique et de cibler des mutations responsables du développement du cancer. « Les patients devaient présenter une mutation dans les gènes IDH1/2 pour être éligibles au traitement car c’est en la bloquant qu’il agit. C’est le cas pour la grande majorité des personnes atteintes d’un gliome de bas grade : on la retrouve chez 80% patients » précise le neuro-oncologue.
Retarder le recours à la chimio/radiothérapie
Les résultats obtenus sont inespérés : après 2 ans, 83% des patients traités par le vorasidenib étaient encore en rémission contre 27% des patients ayant reçu le placebo. « C’est la première fois qu’une thérapie ciblée se révèle efficace dans le gliome » s’enthousiasme le Pr Khe Hoang-Xuan.
Au-delà de retarder la progression de la maladie et donc le recours à la chimio/radiothérapie, ce traitement offre un autre avantage pour la qualité de vie des patients : il présente très peu d’effets secondaires. « Cet essai clinique était réalisé en double aveugle ce qui signifie que ni le patient ni le médecin ne sait s’il reçoit ou donne le traitement ou le placebo. Mais on peut parfois s’en douter en raison de l’apparition d’effets secondaires. Là, c’était impossible à savoir » confirme le Pr Khe Hoang-Xuan dont l’équipe a participé à l’étude.
Vers un changement de pratique
À n’en pas douter, ces résultats vont conduire à des changements de pratique. « On espère obtenir un accès précoce rapidement. On attend également des essais cliniques chez des patients qui ont déjà reçu de la radiothérapie ou de la chimiothérapie après la chirurgie pour confirmer que ce traitement est également efficace plus tardivement dans le protocole de soin » ajoute le neuro-oncologue.