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ESMO 2023. Cancer de la thyroïde : un nouveau standard de traitement pour une forme rare de la maladie

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Suite aux résultats présentés à l'ESMO 2023, le selpercatinib devient le nouveau standard de traitement en première ligne pour les patients touchés par une maladie avancée ou métastatique et présentant une mutation du gène RET. Décryptage avec le Dr Julien Hadoux, oncologue à Gustave Roussy, qui a coordonné l'étude en France.

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CE QU’IL FAUT RETENIR :

L’essai clinique : LIBRETTO-531

Les patients concernés : les personnes touchées par un carcinome médullaire de la thyroïde localement avancé ou métastatique et présentant une mutation du gène RET.

Le traitement : le selpercatinib (Retsevmo©), une thérapie qui cible cette mutation de RET.

Les résultats : ce traitement permet une diminution du risque de progression de la maladie de 72%. Il devient de ce fait le nouveau standard en première ligne de traitement.

Quelle est la particularité des carcinomes médullaires de la thyroïde ?

Dr Julien Hadoux : Les carcinomes médullaires de la thyroïde sont des cancers rares de la thyroïde qui représentent à peu près 5% des cas. Ils sont caractérisés par une mutation dans un gène que l’on appelle RET. Cette mutation est retrouvée dans environ 80 % de ce type de cancers, c’est donc un événement assez fréquent. Les traitements actuels sont le vandetanib et le cabozantinib, des thérapies ciblées dirigées contre cette mutation.

EN IMAGES : Retrouvez le décryptage complet du Dr Hadoux en vidéo.

En quoi consistait l’essai clinique que vous avez présenté à l’ESMO ?

L’essai LIBRETTO-531 était une étude internationale qui a inclus 291 patients atteints d’un carcinome médullaire de la thyroïde localement avancé, c’est-à-dire inopérable, ou métastatique et dont les tumeurs présentaient cette mutation de RET.

Lors de cette étude, nous avons testé le selpercatinib ((Retsevmo©), NDLR): un médicament qui cible, comme les traitements standard actuels, la mutation de RET mais qui est plus spécifique et plus actif pour la bloquer.

Quels sont les résultats de cette étude ?

Nous avons montré que le selpercatinib permet une diminution du risque de progression de la maladie de 72%. Cette différence était à la fois très significative sur le plan statistique mais également sur le plan clinique.

L’autre élément que nous avons pu évaluer c’est la taux de réponse, c’est-à-dire le pourcentage de patients qui ont vu leurs tumeurs diminuer sous ce traitement. Avec le selpercatinib, ce taux de réponse était de 69,4%, c’est très important. Avec les traitements actuels, vandetanib ou cabozantinib, il était autour de 39%.

INFO+ : Le Dr Julien Hadoux est co-coordinateur d’ENDOCAN-TUTHYREF, réseau national des cancers thyroïdiens réfractaires. Labellisé par l’INCa, il réunit des centres experts répartis sur toute la France pour apporter les meilleurs soins possibles aux patients touchés par ce type de cancer dont le stade est souvent avancé ou métastatique.

Qu’en est-il des effets secondaires

Le profil de tolérance du selpercatinib est meilleur que celui des traitements actuels. On a observé moins d’interruption de traitement à cause des effets secondaires. Ce nouveau traitement n’en est bien évidement pas exempt. Parmi les effets secondaires qui lui sont spécifiques, on peut citer l’hypertension artérielle, la bouche sèche, la constipation, les œdèmes périphériques et les troubles de l’érection chez l’homme. Ils sont toutefois modérés et surviennent chez moins de 20% des patients.

Ces résultats vont-ils conduire à un changement dans la prise en charge des patients ?

Tout à fait. Le selpercatinib est déjà disponible en France dans le cadre d’un accès précoce en 2ème ligne de traitement. Grâce aux résultats de cette étude, une demande va être déposée pour que ce traitement soit disponible dès la première ligne de traitement.

Il va devenir le nouveau traitement de référence en première ligne pour les patients atteints d’un carcinome médullaire de la thyroïde localement avancé ou métastatique et présentant une mutation de RET.

BON À SAVOIR : Le selpercatinib devrait être disponible pour les patients français en 2025.


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Emilie Groyer

Rédactrice en chef du site web de Rose magazine. Titulaire d'un doctorat en biologie, Emilie a travaillé 10 ans dans le domaine des brevets en biotechnologie avant d'opérer une reconversion dans le journalisme. Elle intègre la rédaction de Rose magazine en 2018. Sa spécialité : vulgariser des sujets scientifiques pointus pour les rendre accessibles au plus grand nombre.

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