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Tout savoir sur l’hormonothérapie

{{ config.mag.article.published }} 5 décembre 2018

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L’hormonothérapie permet de réduire le risque de récidives des cancers hormono-dépendants, notamment après un cancer du sein. Comment ça marche, qui peut en bénéficier, quels sont les effets secondaires ? On fait le point.

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C’est quoi une hormone ?

C’est une substance sécrétée dans le sang par certains tissus ou glandes du corps humain. Les hormones transmettent un message à des organes situés à distance. Pour décoder ce message, les organes doivent être équipés de capteurs qu’on appelle des récepteurs.

Chez les femmes, les plus connues sont les œstrogènes.

À quoi servent normalement les œstrogènes et comment sont-ils produits ?

Les œstrogènes régulent principalement le développement des seins et le cycle menstruel. Ils jouent aussi un rôle dans le maintien de la masse osseuse.

Avant la ménopause, ils sont synthétisés majoritairement par les ovaires. Leur sécrétion est très finement régulée. L’une des hormones impliquée dans ce contrôle est la LH-RH synthétisée par l’hypothalamus, une zone du cerveau.

Après la ménopause, quand les ovaires cessent de fonctionner, les œstrogènes proviennent de la transformation de molécules produites par la glande surrénale, les androgènes, par l’action d’un enzyme : l’aromatase. Cette transformation a lieu dans le tissu adipeux, le foie, les muscle, le cerveau et le tissu mammaire.

Quel est le lien avec le cancer ?

Certaines tumeurs sont dotées de récepteurs aux hormones. On dit qu’elles sont “hormonosensibles”. C’est le cas de la plupart des cancers du sein et de certains cancers de l’endomètre.

On estime que 60 à 75% des femmes atteintes d’un cancer du sein ont des tumeurs avec un récepteur aux œstrogènes. En présence de ces hormones, la croissance de la tumeur est stimulée.

À quoi sert l’hormonothérapie ?

Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, l’hormonothérapie n’est pas un traitement à base d’hormones. Au contraire. L’hormonothérapie a pour but de bloquer l’action des hormones et ainsi, éviter de “nourrir” la tumeur.

hormonothérapie-vrai-faux-roseup association-rosemagazine-face aux cancers osons la vie-shutterstock_2119409498-e1659456830534À LIRE AUSSI : Testez vos connaissances sur l’hormonothérapie grâce à notre article Hormonothérapie : le vrai du faux.

À qui sont-elles destinées ?

Les hormonothérapies sont proposées aux femmes atteintes d’un cancer du sein hormonodépendant1, de stade précoce ou non-métastatique.

Elles peuvent aussi être prescrites à des femmes atteintes de cancer de l’endomètre métastatique mais de façon beaucoup moins systématique que pour le cancer du sein.

Quelles sont les différents types d’hormonothérapie pour le cancer du sein ?

Il existe trois types d’hormonothérapie pour le cancer du sein :

– Les anti-œstrogènes. Ils empêchent les œstrogènes de se fixer sur leur récepteur et donc de délivrer leur message : stimuler la croissance de la tumeur. C’est le cas du tamoxifène.

– Les anti-aromatases (ou inhibiteurs de l’aromatase). Ils empêchent la production d’œstrogènes à partir des androgènes après la ménopause. C’est le cas du létrozole, de l’anastrozole et de l’exémestane.

– Les analogues de la LH-RH (ou GnRH). Ils empêchent la LH-RH de stimuler la production d’œstrogènes par les ovaires. C’est le cas de la goséréline, de la leuproréline et de la triptoréline.

Les différentes hormonothérapies ont-elles les mêmes indications ?

Dans les cancers du sein précoce, les hormonothérapies sont administrées soit en traitement adjuvant pour limiter les risques de récidives, soit en traitement néoadjuvant pour réduire la taille de la tumeur et la rendre opérable.

– Les anti-œstrogènes sont prescrits aux femmes avant ou après la ménopause.

– Les anti-aromatases sont prescrits aux femmes ménopausées, préférentiellement au tamoxifène (sauf si les anti-aromatases sont mal tolérés) car les études montrent un bénéfice du point de vue du taux de récidive à 10 ans. Ils peuvent aussi être prescrits avant la ménopause, aux femmes de moins de 35 ans présentant une atteinte ganglionnaire, en raison de leur haut risque de rechute. Dans ce cas, les anti-aromatases sont prescrits en complément d’analogues de la LH-RH.

Combien de temps dure le traitement ?

L’hormonothérapie prescrite en adjuvant dure au moins 5 ans.

Chez les patientes avec un atteinte ganglionnaire, une prolongation du traitement peut être proposée (généralement pour 7 ou 10 ans au total) : des études récentes ont en effet montré que continuer le traitement réduit les risques de récidives.

Pour les femmes ménopausées, l’hormonothérapie peut démarrer par un traitement par anti-aromatases et être suivi par un traitement au tamoxifène, ou inversement.

En 2020, une étude française a montré qu’une femme sur 6 arrêtait son hormonothérapie après un an en raison des effets secondaires.

Quels sont les effets secondaires ?

Ce sont souvent ceux de la ménopause : bouffées de chaleur, fatigue, prise de poids, dérèglement du cycle menstruel chez la femme non ménopausée, pertes, sécheresse vaginale, …

Les anti-aromatases augmentent aussi le risque de sécheresse et d’atrophie vaginale, ainsi que de douleurs ostéoarticulaires et d’ostéoporose.

Le traitement par tamoxifène est associé à une augmentation du risque de développer une thrombose veineuse ou un cancer de l’endomètre mais les cas sont rares.

Pour réduire ces effets secondaires, la dose des traitements ou le moment de leur prise peut être ajustée. Le type de molécule utilisé aussi peut être changé. N’hésitez donc pas à en parler à votre médecin.

Merci au Dr Pistilli, cancérologue médical à Gustave Roussy, pour son aide dans l’écriture de ce késako.

1. On considère, en général, qu’un cancer est hormonodépendant quand au moins 10% de cellules qui composent la tumeur expriment le récepteur aux œstrogènes et/ou le récepteur aux progestérones


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Emilie Groyer

Rédactrice en chef du site web de Rose magazine. Titulaire d'un doctorat en biologie, Emilie a travaillé 10 ans dans le domaine des brevets en biotechnologie avant d'opérer une reconversion dans le journalisme. Elle intègre la rédaction de Rose magazine en 2018. Sa spécialité : vulgariser des sujets scientifiques pointus pour les rendre accessibles au plus grand nombre.

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