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Mon « sport-thérapie » : la boxe par Mathilde et Charlotte

{{ config.mag.article.published }} 5 août 2024

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A gauche, Charlotte pratique la boxe française adaptée. A droite Mathilde, adepte de la boxe anglaise sans contact. Photo : Ugo Richard

Enfiler les gants ? Sans le cancer, ces deux jeunes femmes n’en auraient sans doute jamais eu l’idée. Mais le besoin vital de ne pas subir la maladie, d’évacuer leur colère, la peur, les a poussées vers la boxe. Un sport de combat, et surtout de résilience...

Charlotte, 40 ans

Je rêvais de faire de la boxe depuis longtemps. Qu’est-ce qui me retenait ? J’ai toujours été sportive et hyperactive, pourquoi ne pas avoir passé le cap avant ? Aucune idée ! Ce dont je suis sûre, c’est que “grâce“ à mon cancer, j’ai découvert MON sport, celui qui me fait vibrer. Quand on m’a diagnostiqué un cancer du sein, en 2023, j’ai eu besoin de trouver une activité. Pour me défouler, décharger ma colère contre l’annonce, contre la maladie. Et puis, ne pouvant plus travailler, je ne me voyais pas passer mes journées à la maison.

« La clé de ma récupération serait mon état de forme »

J’ai commencé la boxe française 3 jours après le début des traitements. Ma façon à moi de préparer mon corps et mon esprit aux opérations – une mastectomie bilatérale intégrale et reconstruction immédiate -, à la chimio, à la rééducation, persuadée que la clé de la récupération se trouverait dans mon état de forme. J’avais besoin de me sentir active dans mon parcours de soin, de ne pas subir. Et de transpirer. Je ne voulais pas d’un sport doux mais quelque chose pour évacuer, au sens large du terme. Évacuer les toxines, les produits nocifs, les médicaments, par la transpiration. Évacuer mes idées noires en tapant dans un sac. Avec la boxe, je me suis construit une nouvelle routine, de nouveaux repères, indépendants de ceux imposés par les rendez-vous médicaux. Pas une seule seconde, je n’ai douté de mon choix. La boxe, c’est ce que je voulais – et c’est ce que je veux toujours ! – faire.

« Ce sport m’aide à accepter mon nouveau corps »

Le côté adapté de la pratique m’a aidée. L’environnement et les encadrants sont rassurants, sécurisants. Si nous ne faisons pas de combats directs, il y a beaucoup de choses à travailler comme la beauté du geste, la technique pure, le cardio. J’ai appris à écouter mon corps, à définir mes nouvelles limites. Que ce soit après la chirurgie, la chimiothérapie, les rayons, j’ai eu très peu d’effets secondaires. Je reste persuadée que c’est grâce à ce que j’ai mis en place en amont. Aujourd’hui, je consolide ce que j’ai créé. Il y a moins de colère dans ma pratique, j’y trouve désormais un côté bien-être, salvateur. Avec la boxe, je me façonne une nouvelle silhouette, j’apprends à vivre avec les prothèses. J’accepte la nouvelle personne que je suis.

Mathilde, 26 ans

Un magasin de sport, un sac de frappe, et l’envie, presque incontrôlable, de taper fort dedans : c’est comme cela que tout a commencé ! Une impulsion, transformée en révélation, me menant, dès le lendemain, dans un club de boxe. Cela faisait un an et demi que l’on m’avait brutalement découvert un cancer de la peau métastasé avec des lésions cérébrales. Alitée, j’ai mis du temps à réaliser. Mais je n’ai jamais rien exprimé sur ma maladie. En voyant ce sac de frappe, c’est comme si je pouvais enfin sortir tout ce que j’avais sur le cœur.

« J’ai enfin pu me vider la tête »

Avant la maladie, j’étais très active et enjouée. L’annonce de mon cancer a été difficile à encaisser, et j’ai perdu cet état d’esprit joyeux qui faisait partie de ma nature et de ma personnalité. Mon corps et mon apparence aussi ont été chamboulés. Toujours tirée à quatre épingles, maquillée, fan de bijoux, je me suis retrouvée, sous l’effet de la cortisone, avec un corps et un visage gonflés, les cheveux rasés… J’avais du mal à me regarder. Mon corps d’avant me manquait.

Et puis la boxe est entrée dans ma vie ! Même si les premières séances ont été difficiles, ce sport a été un élément déterminant pour me redonner confiance en moi, en mon corps. J’ai enfin pu me vider la tête…

« J’imagine frapper mes lésions cérébrales, les aplatir… »

Réserviste dans l’armée depuis l’âge de 17 ans, j’ai appris à ne jamais reculer devant un obstacle, à aimer le goût de l’effort. Dans la vie, je ne dose rien. Avec moi, c’est tout ou rien ! Dans la boxe, j’ai retrouvé cet état d’esprit de « guerrière » que j’aime, même si je la pratique sans contact, à cause des lésions cérébrales. Quand je commence à être dans la difficulté, je pense à des trucs pas cools. Cela décuple mon énergie, me donne un second souffle et je tape plus fort. Je m’imagine frapper les lésions, les aplatir, les faire disparaître. Je fais aussi du biking (cours cardio à vélo en salle, ndlr), 3 fois par semaine, et de la randonnée en montagne dès que j’en ai l’occasion. Comme je prépare à distance le concours de professeurs des écoles, j’organise mon temps pour concilier le sport et mes études. Les 2 sont essentiels pour moi.

Mon_sport_Ma_Therapie-Rose_Magazine_RM26_Portfolio_Ugo_RichardÀ LIRE AUSSI : Retrouvez tous les épisodes de notre série Mon « sport-thérapie » ici.

Retrouvez son témoignage dans Rose magazine n°26, p.36-45


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Méryll Boulangeat

Ex-athlète de haut niveau (spécialiste de skicross, Médaille d’argent au championnat du monde de 2007), elle s’est reconvertie dans le journalisme après sa retraite sportive, en 2012. On la lit parfois dans L’Équipe, Le Monde, mais avant tout dans des revues consacrées à la montagne et aux activités outdoors. Depuis 2017, elle est notre Madame Sport et Évasion. « À travers mes sujets, j’espère apporter un peu de légèreté dans des vies quotidiennes parfois difficiles. »

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