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PLFSS2026 : “Le manque de visibilité sur notre budget freine l’innovation”

{{ config.mag.article.published }} 20 novembre 2025

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© Thibaut Voisin / Institut Curie

Alors que les débats autour du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) 2026 s'éternisent, retardés par l’instabilité politique, les chefs d'établissements hospitaliers sont contraints de naviguer à vue, sans visibilité budgétaire claire.  Le Pr Steven Le Gouill, directeur de l'Ensemble hospitalier de l'Institut Curie, décrypte pour nous l'impact concret de cette paralysie politique sur l’organisation de ses services, les investissements et, in fine, sur la prise en charge des patients. 

Comment vivez-vous les débats autour du PLFSS en tant que directeur d’établissement ?

Pr Steven Le Gouill : C’est un temps politique de discussion dont on peut se réjouir. Je trouve cela normal que les parlementaires, qui sont les représentants des citoyens, débattent d’un budget car il faut être rationnel avec l’utilisation des moyens à notre disposition.

L’Ondam1 est d’ailleurs conséquent : l’année dernière, il était de 265 milliards d’euros. Ce n’est pas rien : cela représente 9% du PIB. Et il progresse régulièrement.

Ce montant, pour les établissements de santé, est ensuite réparti selon les actes et les activités que nous pratiquons. Et cette répartition change d’une année sur l’autre.

En quoi cela est-il problématique ?

Pour comprendre, prenons l’exemple du budget de votre famille. Vous avez déterminé un budget pour les vêtements, un budget pour la nourriture, un budget pour le logement… Et du jour au lendemain, on réduit votre budget nourriture. 

Vous pourriez être tenté de prendre sur le budget vêtement pour compenser, mais vous ne pouvez pas. Vous pourriez aussi vous dire que, la prochaine fois que vous inviterez des amis à dîner, vous leur demanderez de payer une partie des frais, pour vous y retrouver. Mais là aussi, vous vous y refusez.

C’est exactement ce qui se passe pour les établissements de santé et cela a notamment un impact pour des structures à but non lucratif et sans reste-à-charge pour les patients, comme l’Institut Curie, ainsi que tous les centres de lutte contre le cancer Unicancer. La force de notre modèle est de ne pas répercuter le déficit de financement sur nos patients. Nous tentons d’amortir  au mieux, d’être toujours plus vertueux. Mais, à un moment donné, l’équation ne passe pas.

Quelle conséquence cela pourrait-il avoir à plus ou moins long terme ?

Ce manque de visibilité sur notre budget freine notamment l’innovation qui demande des investissements parfois très importants.

Avez-vous un exemple concret ?

La radiothérapie. Un quart des radiothérapies réalisées en France le sont dans des centres Unicancer qui traitent 600 000 patients par an. À l’Institut Curie nous appliquons l’hypofractionnement, une nouvelle façon de délivrer les rayons, avec beaucoup de moins de séances tout en maintenant l’efficacité thérapeutique. Cette technique reflète une logique de désescalade thérapeutique et d’amélioration de la qualité de vie des patients, en réduisant les effets secondaires sans compromettre les résultats cliniques. Elle implique l’investissement dans des machines très précises, dont le coût peut atteindre 10 millions d’euros.

Le PLFSS prévoyait une réduction de 10% des tarifs de la radiothérapie applicable au 1er janvier 2026.  Avec une prévision pluri-annuelle, nous aurions réfléchi autrement notre plan de financement. Ce type d’à-coups ne permet pas une vision à long terme, voire à moyen terme. Bien évidemment, Unicancer s’est mobilisé pour que cette mesure ne soit pas appliquée et nous espérons être entendus.

Qu'est-ce que la radiothérapie - roseupassociation -rosemagazineÀ LIRE AUSSI :  Pour en savoir plus sur la radiothérapie hypofractionnée dans le cancer du sein, lisez notre article

Que demandez-vous pour avoir une gestion plus pérenne de votre établissement ?

L’Institut national du cancer a fixé un plan décennal. Cette stratégie sur 10 ans intègre la prévention, l’accessibilité aux soins,… Il faudrait que nous ayons la même approche pour le budget santé. Cela nous permettrait d’avoir une vision sur le long terme et de prévoir sereinement nos investissements pour la prise en charge des cancers de demain qui intégrera forcément par des thérapies innovantes – l’immunothérapie, médecine de précision… – ou encore des projets ambitieux comme l’Institut des Cancers des Femmes2 que mène l’Institut Curie. 

Toutes ces innovations doivent être évaluées dans des centres experts accessibles à tous, comme le sont les centres de lutte contre le cancer. Et, en effet, cela a un coût. Pourquoi ne pas réfléchir à la construction un plan pluri-annuel de financement de la santé, comme cela existe déjà pour les armées ? Cela est d’autant plus un impératif que les besoins en santé sont croissants. En cancérologie par exemple, certaines études prédisent déjà 30 millions de nouveaux cas de cancer par an d’ici 2050 à l’échelle mondiale. Il faut s’y préparer.

Propos recueillis par Emilie Groyer

1. L’Ondam est un objectif national de dépenses d’assurance maladie fixé chaque année par le PLFSS.
2. L’Institut des Cancers des femmes est un institut hospitalo-universitaire qui vise à renforcer le continuum recherche – soin en rapprochant les expertises scientifiques, médicales, paramédicales de l’Institut Curie avec celles de l’Université PSL et de l’Inserm, ainsi que des associations de patientes.


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Emilie Groyer

Rédactrice en chef du site web de Rose magazine. Titulaire d'un doctorat en biologie, Emilie a travaillé 10 ans dans le domaine des brevets en biotechnologie avant d'opérer une reconversion dans le journalisme. Elle intègre la rédaction de Rose magazine en 2018. Sa spécialité : vulgariser des sujets scientifiques pointus pour les rendre accessibles au plus grand nombre.

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