CE QU’IL FAUT RETENIR :
L’essai clinique : TROPION-Breast01
Les patientes concernées : les femmes touchées par un cancer du sein hormonodépendant métastatique ayant déjà reçu plusieurs lignes de traitement.
Le traitement : le Datopotamab deruxtecan (Dato-DXd), un ADC1 couplant une chimiothérapie à un anticorps ciblant Trop-2, une protéine présente à la surface des cellules tumorales.
Les résultats : ce traitement permet de retarder le moment où la maladie va progresser à nouveau. Ces résultats doivent encore être confirmés.
Pouvez-vous nous présenter l’étude TROPION-Breast01 à laquelle vous avez participé et dont les premiers résultats ont été présentés à l’ESMO ?
Dr Barbara Pistilli : Il s’agit d’une étude de phase 3 qui a concerné des femmes touchées par un cancer du sein métastatique hormonodépendant ayant déjà reçu des traitements en condition métastatique, comme des hormonothérapies ou des thérapies ciblées et une ou deux lignes de chimiothérapie.
Pourquoi était-il important de s’intéresser à ces femmes ?
Aujourd’hui, les femmes touchées par un cancer du sein métastatique hormonodépendant ont accès à une première ligne de traitement qui a récemment révolutionné leur prise en charge : les inhibiteurs de CDK4/6. Quand cette thérapie ne s’avère plus efficace, on a encore la possibilité de recourir à de l’hormonothérapie, seule ou en combinaison avec d’autres thérapies ciblées.
Après cela, nous n’avons à notre disposition que des chimiothérapies dont l’efficacité est limitée et qui peuvent causer des effets secondaires importants. C’est pourquoi il était important de trouver des nouvelles molécules, plus efficaces et moins toxiques, pour que les femmes puissent bénéficier de ces traitements le plus longtemps possible, tout en préservant leur qualité de vie.
Quel traitement était testé dans cette étude ?
Le traitement expérimental était le Datopotamab deruxtecan (Dato-DXd). Il appartient à une nouvelle classe de traitements, les ADC1 . Ils permettent de véhiculer une chimiothérapie très puissante directement dans la tumeur grâce à un anticorps qui reconnaît une protéine – ici Trop2 – exprimée préférentiellement à la surface des cellules cancéreuses.
Ce nouveau traitement s’est-il avéré efficace ?
Les résultats ont montré que ce nouveau traitement retarde la progression de la maladie par rapport à une chimiothérapie standard. Par ailleurs, le nouveau traitement était mieux toléré par les patientes.
Cela va-t-il conduire à un changement dans la prise en charge des patientes ?
Ces résultats sont prometteurs mais je pense qu’il faut attendre d’avoir plus de recul. Il faudra aussi comprendre à quel moment introduire cette thérapie dans le parcours de soi et déterminer quelles patientes en tireront le meilleur bénéfice.
EN IMAGES : Retrouvez le décryptage complet du Dr Pistilli en vidéo.
Propos recueillis par Emilie Groyer
1. Les ADC (pour antibody-drug conjugates) sont des chimiothérapies couplées à des anticorps dirigés contre une protéine présente à la surface des tumeurs. Cette association permet d’acheminer la chimiothérapie directement au coeur de la tumeur.