Que cherchez-vous à l’unité de recherche Inserm 917 (Microenvironnement et cancer) ?
À comprendre comment les lymphomes se développent et à optimiser leur prise en charge. Avec mon équipe, nous nous intéressons surtout au dialogue entre les cellules tumorales et leur microenvironnement. Grâce aux nouveaux outils dont nous disposons, nous pouvons observer à la loupe, en couleurs et dans toute leur diversité, ces grosses cellules pas très accessibles qui produisent des anticorps dans l’organisme, les lymphocytes B. On essaie de comprendre comment ces cellules, lorsqu’elles deviennent cancéreuses, « discutent » avec celles qui les entourent, qui forment la niche de la tumeur et leur apportent ce dont elles ont besoin pour grandir, se multiplier… Notre plan ? Identifier de nouvelles cibles thérapeutiques, qui sont justement des molécules impliquées dans ce dialogue, et développer des stratégies pour cibler ces interactions.
Comme l’étude Relevance, à laquelle vous participez ?
Oui. Cette étude randomisée, promue par le groupe français des lymphomes (Lymphoma Study Association ou Lysa), s’adresse à des patients porteurs de lymphomes folliculaires. L’objectif est d’évaluer un traitement anticancéreux associant exclusivement des thérapies ciblées sans avoir recours à la chimiothérapie. Pour y parvenir, nous comparons deux bras de traitement : d’un côté, le bras standard, associant l’anticorps monoclonal anti-CD20, ou rituximab, et une chimiothérapie. Et de l’autre, le bras expérimental, associant le rituximab au lénalinomide (Revlimid), une thérapie ciblée qui active le système immunitaire et donc le rend potentiellement plus efficace en présence de rituximab. Cette association rituximab-Revlimid, qui a déjà pu être testée chez des patients porteurs de lymphome, montre une très bonne tolérance et une grande efficacité.
Existe-t-il d’autres voies de recherche pour lutter contre les lymphomes ?
Oui. Depuis le rituximab, qui a ouvert la voie, une vingtaine d’autres anticorps monoclonaux, ainsi que de nouveaux traitements ciblés comme les inhibiteurs de BTK, SYK et PI3K, permettent d’attaquer les cellules cancéreuses de différentes façons : en ciblant des marqueurs situés à la surface de la cellule cancéreuse, pour déclencher l’attaque du système immunitaire, par exemple. Ou en bloquant des voies moléculaires impliquées dans la croissance tumorale. Ou encore en rendant le microenvironnement de la cellule cancéreuse défavorable à sa multiplication.Mieux on comprendra le mécanisme de ces maladies, plus on optimisera les combinaisons possibles. Et plus on lancera de nouvelles molécules sur le marché, plus nous obtiendrons de réponses. Petit à petit, nous sommes en train de faire pencher la balance du côté des patients qui vont guérir.