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Sucre, lait, viande, thé, jeûne : les soi-disant alliés et ennemis du cancer

{{ config.mag.article.published }} 19 août 2020

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Cancérogène la viande ? Anticancer le thé vert ? Info Intox ? On entend tellement de salades que l’on se demande quoi mettre dans son assiette. Et si on commençait par retrouver le goût du bon sens…

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Entretenir le plaisir de manger participe à la guérison. Seulement voilà, il y a les traitements qui modifient le goût, qui rendent certaines odeurs insupportables, la mastication pénible, la déglutition douloureuse, quand ce n’est pas la nausée qui monte en regardant une brique de lait. Se nourrir est, pour bon nombre de malades du cancer, un problème. Selon les études, on estime entre 30 et 50 % le taux de patients qui perdent du poids ou sont potentiellement dénutris. Alors même que l’organisme a besoin d’un bon apport énergétique pour lutter. À cette difficulté à s’alimenter s’ajoutent les injonctions alimentaires, souvent contradictoires, véhiculées par les médias et sur les réseaux sociaux, où fleurissent aussi nombre d’histoires individuelles de personnes racontant ce qui a marché pour elles ; histoires qui, à force d’être relayées, commentées, « likées », deviennent dans l’esprit des gens des vérités universelles. Des aliments un temps encensés se trouvent ainsi subitement diabolisés, et vice versa. C’est ainsi que s’imposent des interdits et des musts alimentaires – bref, des nouvelles normes. Or celles-ci reposent bien souvent sur des principes plus moraux ou philosophiques que scientifiquement prouvés.

La viande, vraie ennemie ?

Un exemple ? La viande. Désormais sur la liste rouge des courses de beaucoup de Français, malades ou bien portants. Tout est parti du Centre international de recherche sur le cancer (Circ), qui, en 2015, a classé la viande rouge (bœuf, agneau, porc, cheval…) comme « probablement cancérogène ». Cet avis des experts a fait la une des médias. Partout, on pouvait lire et entendre que la viande « causait le cancer ». Mais que signifie exactement ce classement du Circ ? En réalité, ce n’est pas la viande en tant que telle qui a été classée comme cancérogène, mais sa consommation excessive, avec un apport supérieur à 500 g par semaine. Quelque 700 études analysées par les experts du Circ ont montré qu’au-delà de ce seuil le risque de cancer colorectal augmentait. Un excès qui favoriserait aussi le cancer de la prostate, du pancréas, et du sein1,2. La recommandation du Circ était donc de limiter sa consommation de viande à des quantités raisonnables. À cette condition, on peut en manger sans crainte. Durant un cancer, un apport en viande rouge est par ailleurs recommandé, car elle apporte du fer et de la vitamine B12, des nutriments essentiels pour prévenir l’anémie. En outre, les protéines animales sont de meilleure qualité, et plus variées, que les protéines végétales. « Mais, bien évidemment, si les patients ne supportent plus la viande rouge ou n’en veulent plus, il est possible de la remplacer par des œufs, de la viande blanche, du poisson ou encore des légumineuses », souligne Virginie Simeone-­Boumendil, diététicienne à l’hôpital européen Georges-Pompidou (Paris). L’essentiel est de varier ses sources de protéines, pour ne jamais en manquer.

Une intox pur sucre

Du pur bon sens finalement, que Virginie a parfois bien du mal à faire passer. Lors d’un atelier culinaire qu’elle animait à la fin de 2019 à la Maison Rose Paris, elle a dû faire face à une véritable bronca quand il s’est agi de goûter le gâteau qui avait été préparé. « On y avait mis qu’une seule cuillère de miel. Mais pour certaines participantes c’était une de trop, elles ont carrément refusé d’en prendre une part », raconte-t-elle.

Webinaire proposé par RoseUp autour de l’alimentation à privilégier pendant les traitements

Ce n’est pas la première fois qu’elle constate ce rejet radical du sucre chez des patientes. Leur argument se fonde sur une pratique médicale bien réelle : l’utilisation du PET Scan. Cet examen d’imagerie permet de repérer les cellules très consommatrices de sucre. Comment ça fonctionne ? Sous l’effet d’un sucre fluoré que l’on a préalablement injecté dans le sang, les cellules gourmandes en énergie s’illuminent. Ce qui est le cas des cellules cancéreuses, qui prolifèrent très rapidement et qui ont donc de gros besoins en sucre. Pour un grand nombre de malades, cela démontre que le sucre est le carburant des tumeurs. En l’éliminant de son alimentation, on va donc priver les cellules cancéreuses de ce qui les nourrit, et donc les tuer. CQFD ? Pas tout à fait. Cet argument, avancé aussi par certains adeptes du régime cétogène, néglige d’indiquer que, lors d’un PET Scan, le cerveau lui aussi scintille, car les neurones sont de grands consommateurs de sucre. Et que, lorsque cet examen est réalisé après un effort physique, les muscles aussi brillent de mille feux.

Tout cela pour dire que le sucre est avant tout le carburant de tout l’organisme, et pas seulement des tumeurs. On en a un besoin vital. Quant à savoir si s’en priver permet de mieux supporter les traitements, voire d’augmenter ses chances de guérison, cela reste à prouver. « Aucune étude scientifique réalisée chez l’homme n’a montré qu’un régime pauvre en glucides a un impact positif sur l’évolution du cancer, rappelle Paule Latino-Martel, coordinatrice du réseau National Alimentation Cancer Recherche (NACRe). En revanche, en cas de privation glucidique, l’organisme pioche dans les réserves de protéines stockées dans les muscles et de lipides dans le tissu adipeux, ce qui entraîne une fonte musculaire et favorise la dénutrition, et peut aussi augmenter la toxicité médicamenteuse et le risque d’infection3. »

Il va sans dire que la consommation de sucre doit être raisonnée. Si l’on peut se passer des produits contenant des sucres ajoutés, il convient de conserver des aliments naturellement riches en glucides, comme les fruits, et de privilégier les aliments riches en fibres tels que les légumes, les pains complets, ou encore les pâtes et riz complets.

Quid du lait ?

Source importante de protéines, mais aussi de calcium et de vitamine D, les laitages à base de lait de vache, de chèvre ou de brebis sont, eux, particulièrement importants pour les patientes traitées par hormonothérapie, en raison du risque d’ostéoporose. Seulement, ils suscitent une grande méfiance depuis la fin des années 1990 et la publication de plusieurs livres dont ceux du Dr Jean Seignalet ou encore du Pr Henri Joyeux. Dans leur ligne de mire : principalement le lait de vache, qui, parce qu’il est riche en facteurs de croissance, favoriserait la prolifération des cellules cancéreuses.

Pourtant, un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) daté de 2012 explique que, au cours de la fabrication du lait UHT et des laitages, le lait cru subit de nombreuses transformations qui conduisent à la destruction de ces facteurs de croissance. Par ailleurs, il faut avoir en tête que l’utilisation d’hormones de croissance a été interdite en 1996 dans les élevages, et enfin que les études portant sur l’impact du lait sur le développement des cancers réfutent les dires de ces médecins. « Seule une consommation excessive équivalente à deux ou trois litres de lait par jour a été associée à la survenue du cancer de la prostate. Autant dire que le commun des mortels est peu concerné », indique le Dr Bruno Raynard, chef de l’unité transversale de diététique et de nutrition à Gustave-Roussy (Villejuif). À l’inverse, l’équivalent de deux portions de produits laitiers par jour serait protecteur contre le cancer colorectal ou le cancer du sein, selon une étude publiée dans Annals of Oncology, en 2012, et dans le rapport du Fonds international de recherche sur le cancer (WCRF), en 2018.

Jeûne et thé vert, faux amis ?

Alors que des poussées de « lait-bashing » reviennent périodiquement dans les médias, d’autres produits ou pratiques alimentaires connaissent un engouement qui ne se dément pas, dont pourtant rien ne valide scientifiquement les bénéfices qu’on veut bien leur attribuer. À commencer par le jeûne, dont la vogue remonte à la diffusion, en 2012, sur Arte, du documentaire Le jeûne, une nouvelle thérapie ?, de Xavier de Lestrade, devenu dans la foulée un livre best-seller. Une large place y était consacrée aux travaux du médecin américain Valter Longo. Le propos aboutissait à cette idée séduisante : se priver de manger quelques jours avant la chimiothérapie affaiblirait les cellules cancéreuses, permettrait de mieux en supporter les effets secondaires et stimulerait en prime le système immunitaire. Reste que cette pratique n’a encore jamais démontré son efficacité chez l’homme, comme le rappellent les membres du réseau NACRe dans leur rapport d’expertise sur le sujet, en 2017. Au contraire, les études cliniques montrent que les patients en cancérologie perdent du poids et de la masse musculaire. Or, durant les traitements, l’amaigrissement est justement à éviter car il augmente la toxicité médicamenteuse, ce qui peut aboutir à l’arrêt des traitements.

Autre « allié » dont on vante régulièrement les vertus anticancer : le thé vert. Des études expérimentales ou chez des animaux ont bien suggéré qu’à forte dose ses feuilles, riches en polyphénols, pouvaient lutter contre la prolifération des cellules tumorales. Néanmoins, chez les personnes en traitement de cancer, l’effet est tout autre. « On sait que le thé vert peut interférer avec des chimiothérapies et des radiothérapies, indique Paule Latino-Martel. Pour cette raison, il est généralement recommandé aux patients d’éviter d’en boire le jour du traitement ainsi que les deux jours qui le précèdent et qui le suivent. » Que conclure de tout ça ? Que la nutrition fait partie des soins et que, pour éviter d’avaler n’importe quoi, la meilleure chose à faire est encore de consulter un diététicien spécialiste.

3 questions eu Dr Philippe Pouillart

Enseignant-chercheur en pratiques culinaires et santé à UniLaSalle, il est l’auteur de Quelle alimentation pendant un cancer (éd. Privat, 2019).

Certains patients font davantage confiance aux informations sur les forums ou les réseaux sociaux qu’à celles fournies par les instances officielles, comment l’expliquez-vous ?

Dr P. P. : C’est qu’ils ne trouvent pas de réponses à leurs questions en matière de nutrition. En 2010, dans le cadre de notre étude Neodia, j’ai constaté que seuls 10 % des 200 patients interrogés avaient de bonnes connaissances en matière d’alimentation durant un cancer. Rien d’étonnant quand on sait que, en 2020 encore, seuls 40 % des personnes accèdent à des ateliers d’éducation thérapeutique ou d’accompagnement diététique dans notre département de l’Oise, à l’hôpital ou en ville. Il faut aussi reconnaître que les patients sont parfois au milieu d’une cacophonie.
Ils reçoivent des soignants eux-mêmes des messages paradoxaux et contraires aux recommandations. Sans compter la presse, qui relaie parfois de fausses informations. Dans cette situation, les patients sont nécessairement tentés de s’informer sur internet pour se faire leur propre avis.

Or il y a « à boire et à manger » sur internet…

Effectivement, de nombreux sites sont tenus par des individus se revendiquant naturopathes ou coachs en santé. Ces personnes n’ont pas les compétences suffisantes, du moins en onco-nutrition, pour faire des recommandations personnalisées. De même, les expériences individuelles relatées sur les forums ou les réseaux sociaux ne sont pas valables pour tout le monde. On ne peut pas transférer d’une personne
à l’autre un régime alimentaire, encore moins lorsque l’une d’elles souffre d’un cancer.

En quoi internet a-t-il modifié le comportement des malades à l’égard de l’alimentation ?

Aujourd’hui, les malades veulent s’investir. Ils ont conscience de l’importance de l’alimentation pour lutter notamment contre le risque de dénutrition qui limite le bénéfice des traitements anticancéreux. Ils ont l’impression de savoir,
c’est bien pour cela que
la vigilance est de mise.

 

Retrouvez cet article dans Rose Magazine (Numéro 18, p. 70)

1. A. Diallo et al., « Red and processed meat intake and cancer risk : results from the porspective NutriNet-Santé cohort study », International Journal of Cancer, septembre 2017
2. V. Bouvard et al., « Carcinogenicity of consumption of red and processed meat », The Lancet Oncology, décembre 2015
3. Rapport d’expertise collective « Jeûne, régimes restrictifs et cancer : revue systématique des données scientifiques et analyse socio-anthropologique sur la place du jeûne en France », réseau NACRe, novembre 2017


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Anne-Laure Lebrun

Journaliste scientifique

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