Face aux cancers, osons la vie !

Quand les résultats de l'auto-complétion sont disponibles, utilisez les flèches haut et bas pour évaluer entrer pour aller à la page désirée. Utilisateurs et utilisatrices d‘appareils tactiles, explorez en touchant ou par des gestes de balayage.

{{ config.search.suggestions }} soin de support soin de socio-esthétique Rdv de socio-esthétique perte de cheveux liée au cancer ongles fragilisés par le cancer perte de sourcils liée au cancer sport adapté au cancer perte de cils liée au cancer maquillage des cils détente et bien-être

Anti-aromatases : bénéfices versus effets secondaires, le regard croisé d’experts

{{ config.mag.article.published }} 24 janvier 2019

{{ bookmarked ? config.sharing.bookmark.remove : config.sharing.bookmark.add }}

Le bénéfice des anti-aromatases sur les récidives de cancer du sein, vanté par les études cliniques, compense-t-il vraiment les effets secondaires qui leurs sont associés ? Nous avons interrogé 2 spécialistes : le Docteur Mouly, gynécologue, et le Docteur Pistilli, cancérologue.

{{ config.mag.article.warning }}

Depuis les années 90, les médecins disposent d’une nouvelle hormonothérapie pour lutter contre les récidives du cancer du sein : les anti-aromatases. Si les études montrent que ce traitement est plus efficace chez les patientes ménopausées que le médicament prescrit depuis les années 70, le tamoxifène, il n’est pas pour autant dépourvu d’effets secondaires.

Alors, ce bénéfice compense-t-il vraiment son impact sur la qualité de vie des femmes qui le prennent ? Pour répondre à cette question, nous avons interrogé 2 spécialistes : le Docteur Mouly, gynécologue, ancien chirurgien-gynécologue et mammaire à Gustave Roussy, et le Docteur Pistilli, cancérologue spécialisée en pathologie mammaire à Gustave Roussy.

À quel besoin répondait l’arrivée des anti-aromatases ?

Dr Mouly : Avant l’arrivée des anti-aromatases, nous prescrivions du tamoxifène. Comme tout médicament, il est associé à certaines complications. Il y a un risque faible de cancers de l’endomètre, même si je pense que ce risque est lié à une mauvaise exploration avant de démarrer le traitement et que cela ne devrait plus arriver. Il y a aussi des risques veineux et artériels et sur la coagulation.

En 1995, on s’est penché sur le cas des femmes ménopausées. On s’est demandé d’où venaient les œstrogènes chez ces femmes dont les ovaires ont cessé de fonctionner : ils viennent en fait de la conversion des androgènes par une enzyme appelée l’aromatase. C’est comme ça qu’on a développé des médicaments capables de bloquer cette voie de production des œstrogènes après la ménopause : les anti-aromatases.

Quel est le bénéfice apporté par les anti-aromatases ?

Dr Pistilli : Globalement, il a été démontré que les anti-aromatases réduisent le risque proportionnel de rechutes locales et à distance de cancer du sein d’environ 30% par rapport au tamoxifène. Donc, il y a un vrai bénéfice en terme de rechute de la maladie.

En revanche, il n’y a pas un vrai bénéfice sur la survie globale si on compare les anti-aromatases au tamoxifène. Mais il ne faut pas oublier que l’hormonothérapie (par anti-aromatases ou par tamoxifène, en comparaison à l’absence de traitement) a réduit presque de moitié le risque de mortalité des patientes atteintes d’un cancer du sein.

Dr Mouly : Les aromatases n’apportent pas de bénéfice sur la survie globale mais sur le risque de récidive.

Les études ont aussi montré qu’il y a eu plus de décès de causes non liées au cancer avec les anti-aromatases mais ça, on ne le dit pas1. Et puis, on a vu apparaître des effets secondaires : sécheresse vaginale, ostéoporose, douleurs articulaires…

Justement, a-t-on suffisamment pris en considération ces effets secondaires des anti-aromatases lors des essais cliniques ?

Dr Pistilli : Les premières études cliniques ont rapporté des taux d’arthromyalgie [douleurs articulaires, NDLR] autour de 20%. Dans la « vie réelle », hors essai clinique, on était à 60%.

Au début, quand les anti-aromatases ont été introduites, les bénéfices étaient indéniables et on ne s’est pas trop focalisé sur les effets secondaires alors que, dans la pratique clinique quotidienne, on doit gérer pas mal d’effets secondaires. La surveillance des patientes sous hormonothérapie est la priorité maintenant.

Dr Mouly : En 2005, j’ai été invité, avec toute l’équipe de Gustave Roussy, où je travaillais alors, à assister au premier congrès « Femmes et cancer » à Rio pendant lequel les résultats préliminaires de l’étude ATAC2 ont été présentés. Les résultats montraient un bénéfice de 3 % sur le risque de récidive à 5 ans.

Mais ils avaient oublié de présenter les effets secondaires. Alors j’ai levé la main et j’ai demandé : « Pourquoi taper si fort sur des femmes de très bon pronostic et faire que leur qualité va devenir catastrophique pour un si faible bénéfice ? Peut-être faudrait-il faire une distinction entre les femmes avec un bon pronostic des femmes avec un mauvais pronostic ». L’oncologue qui présentait les résultats m’a répondu : « Qu’est-ce que tu nous emmerdes avec le vagin des femmes ! ». Ça m’a choqué parce que je pense que la qualité de vie d’une femme est aussi importante et qu’il faut regarder la balance bénéfice-risque.

Les indications des anti-aromatases ont-elles changé maintenant qu’on connaît mieux leurs effets secondaires ?

Dr Pistilli : Sur la bases des études scientifiques, toutes les recommandations internationales vont dans la même direction : le premier choix doit être les anti-aromatases pour les femmes post-ménopausées mais il faut prendre le temps de parler avec la patiente des effets secondaires et instaurer une relation de confiance avec elle pour qu’elle n’hésite pas à venir nous en parler.

Pour les femmes en pré-ménopause, c’est à discuter. Étant donné les effets secondaires, on ne prescrit les anti-aromatases qu’aux femmes à risque majeur de rechute, c’est-à-dire des femmes de moins de 35 ans avec une atteinte ganglionnaire initiale. Pour ces femmes, les études ont montré un bénéfice des anti-aromatases.

Quand la patiente ne tolère pas les anti-aromatases, on passe au tamoxifène. Mais dans ma pratique, cela n’arrive pas souvent. On peut gérer les effets secondaires s’ils sont pris en charge précocement. Pour ça, il faut en parler bien en amont avec la patiente, bien expliquer comment on peut les gérer, comment le style de vie permet de les réduire.

J’insiste beaucoup sur l’activité physique régulière car il a été montré qu’elle réduit les douleurs, les bouffées de chaleur, la prise de poids… À Gustave Roussy, on a mis en place le programme « Mieux vivre le cancer ». Les femmes y échangent sur leurs expériences et c’est souvent plus motivant que n’importe quelle parole d’un oncologue. Je préviens aussi les patientes que si l’activité physique ne suffit pas, il faut qu’elle nous contacte pour qu’on mette en place des traitements. J’explique aussi que la première année est souvent la plus difficile. Cela permet d’éviter de devoir changer de traitement en passant d’une aromatase à l’autre ou en passant d’une anti-aromatase au tamoxifène.

Concernant les troubles gynécologiques, nous n’avons pas beaucoup de solutions : des gels lubrifiants ou le laser vaginal. Nous n’avons pas de solutions efficaces pour la libido à part proposer une consultation avec un sexologue. Mais les patientes en parlent rarement avec leur oncologue et c’est une problématique de couple très difficile à gérer.

Dr Mouly : Avec le temps, je me suis aperçu que, lorsqu’on commençait l’hormonothérapie par des anti-aromatases, les femmes avaient très mal et ne la supportaient pas. Alors on passait au tamoxifène. Des études récentes proposent d’ailleurs de commencer par le tamoxifène avant de passer à une anti-aromatase.

Les études montrent qu’il y a 25% d’abandon avec les anti-aromatases alors que ce taux est de 19% avec le tamoxifène. Les hormonothérapies sont importantes, il ne faut pas les abandonner. Les anti-aromatases sont d’excellents médicaments pour les femmes qui sont à risque de récidive mais, si elles ne les supportent pas, on peut passer au tamoxifène parce qu’il protège aussi, surtout si on respecte des règles hygiéno-diététiques : arrêt de la cigarette, perte de poids, activité physique… Le tamoxifène présente aussi l’avantage d’éviter l’ostéoporose, les arthromyalgies et les myalgies. Il permet une lubrification vaginale et d’avoir une vie de femme.

Je pense qu’il faut adapter le traitement à chaque patiente, voir qui on a devant soi et ne pas se limiter à un âge et une tumeur.

1. dans l’étude comparant le tamoxifène au létrozole, un anti-aromatase, on a déploré 60 décès non liés à un cancer parmi les femmes sous létrozole et 48 parmi les femmes sous tamoxifène. Il n’y a toutefois pas différence significative entre les 2 groupes.

2. étude clinique comparant l’efficacité du tamoxifène à celle de l’anastrozole, un anti-aromatase, chez des femmes ménopausées avec cancer du sein.

Propos recueillis par Emilie Groyer


{{ config.mag.team }}

Emilie Groyer

Rédactrice en chef du site web de Rose magazine. Titulaire d'un doctorat en biologie, Emilie a travaillé 10 ans dans le domaine des brevets en biotechnologie avant d'opérer une reconversion dans le journalisme. Elle intègre la rédaction de Rose magazine en 2018. Sa spécialité : vulgariser des sujets scientifiques pointus pour les rendre accessibles au plus grand nombre.

Problèmes de fertilitéActualité

Faut-il plus de temps pour tomber enceinte après un cancer du sein ?

Délai pour tomber enceinte, risque de complications, recours à la PMA... Une étude française se penche sur les grossesses des femmes après un cancer du sein. Les données sont rassurantes.

7 août 2025

Symptômes et diagnosticVrai-Faux

Autopalpation des seins : le vrai du faux

Si, en s’examinant elles-mêmes, des femmes ont pu détecter leur cancer du sein, ou sa récidive, l'autopalpation est loin d’être suffisant pour assurer un bon dépistage. Explications.

6 août 2025

HormonothérapieActualité

L’hormonothérapie par dégradeurs du récepteur aux oestrogènes : un nouvel espoir contre les cancers du sein métastatiques

Le congrès international de cancérologie de l'ASCO à Chicago a mis en lumière une nouvelle classe d'hormonothérapie : les dégradeurs du récepteurs aux oestrogènes ou ERD.

6 juin 2025

L'après cancer {{ config.podcast.label }}

Osons la vie – Justine accepte de tourner la page du cancer

Diagnostiquée d’un cancer du sein en 2020, alors qu’elle était enceinte, Justine a subi de lourds traitements tout en menant sa grossesse à terme. Un parcours éprouvant qui l’a changé, et qui dure encore 4 ans après. Car elle est encore sous hormonothérapie et sous surveillance rapprochée. Si elle est de nature optimiste, “tourner la page du cancer” reste difficile pour elle.

{{ config.event.all }}
Mobiliser son corpsAtelier

Avirose, l’aviron adapté après un cancer du sein

3 septembre 2025 • 10h00 - 11h00

L'Avirose, de l'aviron que l'on pratique sur des rameurs, a été spécialement conçu par Jocelyne Rolland, kinésithérapeute, pour remobiliser ses muscles après une opération du sein, du creux de l'aisselle, ou une reconstruction mammaire. Particulièrement complet, il permet de renforcer les bras, les jambes mais aussi le tronc, sans risque. Cet atelier est animé par Juliette Moreau, kinésithérapeute et professionnelle de la Fédération Française d'Aviron.

Mobiliser son corpsAtelier

Avirose, l’aviron adapté après un cancer du sein

10 septembre 2025 • 10h00 - 11h00

L'Avirose, de l'aviron que l'on pratique sur des rameurs, a été spécialement conçu par Jocelyne Rolland, kinésithérapeute, pour remobiliser ses muscles après une opération du sein, du creux de l'aisselle, ou une reconstruction mammaire. Particulièrement complet, il permet de renforcer les bras, les jambes mais aussi le tronc, sans risque. Cet atelier est animé par Juliette Moreau, kinésithérapeute et professionnelle de la Fédération Française d'Aviron.

Mobiliser son corpsAtelier

Avirose, l’aviron adapté après un cancer du sein

17 septembre 2025 • 10h00 - 11h00

L'Avirose, de l'aviron que l'on pratique sur des rameurs, a été spécialement conçu par Jocelyne Rolland, kinésithérapeute, pour remobiliser ses muscles après une opération du sein, du creux de l'aisselle, ou une reconstruction mammaire. Particulièrement complet, il permet de renforcer les bras, les jambes mais aussi le tronc, sans risque. Cet atelier est animé par Juliette Moreau, kinésithérapeute et professionnelle de la Fédération Française d'Aviron.

Recherche et essais cliniquesConférence

Octobre Rose – Comment la biopsie liquide va révolutionner la prise en charge des cancers du sein

24 septembre 2025 • 13h00 - 14h00

Comment la biopsie liquide va-t-elle révolutionner le diagnostic et le traitement des cancers du sein ? Posez vos questions à nos experts !