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Les agricultrices face au cancer

{{ config.mag.article.published }} 1 novembre 2021

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Illustration : Matthieu Méron

Être agricultrice, c’est souvent vivre loin de la ville et des centres médicaux. Lorsque la maladie frappe, difficile alors de gérer sa survie et celle de son exploitation. Des aides existent, mais les informations se glanent difficilement.

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À l’automne, chaque année, dans les prairies de la Manche, les vallons du Gers, les champs de Saône-et-Loire ou de la Creuse, d’énormes Chamallows rose vif éclosent. En y regardant de plus près, il s’agit de gros ballots de foin ensachés aux couleurs d’Octobre rose. Ils sont le signe de la mobilisation des agricultrices en faveur de la prévention contre les cancers du sein. Via cette opération, elles reversent à la lutte contre le cancer deux euros par rouleau de film plastique acheté.

Si elles sont fières de se mobiliser pour les autres, que se passe-t-il quand elles-mêmes tombent malades ? Comment parviennent-elles à exercer une activité professionnelle aussi physique avec un corps soudain meurtri ? Comment jonglent-elles entre les rendez-vous, les soins médicaux et les impondérables de la vie à la ferme, où elles travaillent en général au côté de leur mari, et souvent sans avoir les moyens de salarier ne serait-ce qu’un employé.

Comment ? Dans un grand silence déjà, à en juger par la difficulté à susciter leur témoignage. Comme si la maladie demeurait taboue. « Les gens de la terre sont comme la terre, d’une discrétion absolue. Leur métier passe toujours avant leur personne. Quand les paysans viennent raconter leurs problèmes, c’est qu’ils sont vraiment au bout du chemin », prévient Lydie Scharff, salariée au Carrefour rural du Neubourg, dans l’Eure, et bénévole de Solidarité Paysans1.

Présidente de la Ligue contre le cancer en Mayenne, le Dr Bernadette Perrot confirme : rares sont ceux qui poussent la porte de l’association pour faire part de leurs maux et besoins. Pourtant, dans ce territoire majoritairement constitué de petites exploitations agricoles loin de rouler sur l’or, « le moindre accident de parcours expose à la catastrophe ». Toutefois, il reste un rempart : la solidarité, souligne le Dr Perrot. Qu’elle soit familiale, syndicale ou qu’elle vienne des voisins, « ce n’est pas un vain mot dans le monde agricole ».

La campagne, c’est beau, mais c’est loin de tout

Quand on vit, comme Sophie, de la vigne et des pruniers, dans un petit village de 110 habitants entre Villeneuve-sur-Lot et Bergerac, et que la maladie frappe, on mesure vite qu’habiter à la campagne, qui fait tant rêver les citadins, c’est… être loin de tout. « Ici, il n’y a rien, à part un maçon et une coiffeuse. » Le premier médecin ? Il est à 11 km.

Il y a un an et demi, notre quadragénaire a dû subir une hystérectomie ; et, à l’occasion de l’examen postopératoire, on lui a découvert un carcinome de l’endomètre. Illico, elle a été adressée à l’institut Bergonié, à Bordeaux, où elle a enchaîné d’abord six cures de chimiothérapie puis vingt-cinq séances quotidiennes de rayons. À chaque fois, une heure et quart de route pour rallier la capitale de la Nouvelle-Aquitaine. Quid de l’accès à des soins de support ? Même topo, rien à moins d’une heure de route. Finalement, le Covid-19 et les divers confinements ont eu le mérite de lui donner accès à des séances « en visio ».

« Leur métier passe avant leur personne » – Lydie

Noëlle, 50 ans, habite un tout petit bourg de 180 habitants dans le Lot-et-Garonne, où elle pollinise des œillets pour produire des graines destinées aux jardineries, tandis que son mari cultive des céréales. Elle aussi a fait toutes ses chimios à Bordeaux. Et elle garde un très mauvais souvenir de l’heure et demie de trajet que cela lui prenait chaque semaine pour s’y rendre.

Aussi, après avoir été opérée de son cancer du sein, en janvier 2020, elle a préféré aller à Marmande pour ses séances de radiothérapie. « C’était plus près. » À 57 km précisément, soit moins d’une heure de voiture. Aujourd’hui, c’est pour aller chez le kiné qu’elle doit encore parcourir 25 km chaque semaine. « On se sent éloigné du corps médical, c’est un fait », confirme Anne, coexploitante avec son mari d’un élevage laitier situé entre le Calvados et l’Orne. Soit à 40 km du centre François-Baclesse, de Caen, où elle a été traitée il y a dix ans pour son cancer du sein. « Quand je me suis retrouvée avec une infection et un rejet de prothèse après ma reconstruction, c’était un peu compliqué… »

En milieu rural, les déserts médicaux s’étendent inexorablement et, si on trouve encore des généralistes, c’est parfois la croix et la bannière pour dégoter un spécialiste. De surcroît, « beaucoup sont en secteur 2, donc trop chers », souligne le Dr Bernadette Perrot, en Mayenne, qui se souvient de délais de plusieurs mois avant de décrocher un rendez-vous avec un hématologue pour certaines de ses patientes.

S’arrêter, à quel prix ?

En grande majorité installés à leur compte (69 % des agriculteurs en 2020) et sans employer aucun salarié, les exploitants agricoles (400 000 en 2019 selon l’Insee, dont un quart de femmes) connaissent la même angoisse que bien d’autres professionnels à la tête de leur petite entreprise : face au cancer, le risque est de voir son affaire et l’économie familiale flancher en même temps que sa santé.

Dans ces conditions, se mettre en arrêt maladie ne vient pas forcément à l’esprit des concernés. Anne ne l’a pas envisagé une seconde lorsque son cancer du sein a été diagnostiqué, en 2002, à 31 ans. Alors que ses enfants étaient encore petits, et qu’elle a dû enchaîner mastectomie puis rayons tous les deux jours, le travail à la ferme s’est organisé avec les moyens du bord. Les beaux-parents aidaient à la maison, et, « quand je ne pouvais vraiment pas travailler, mon mari devait courir plus vite pour me remplacer », sourit l’éleveuse. « Aujourd’hui, je m’arrêterais sans hésiter. Mais, à l’époque, ça n’avait aucun intérêt : je n’aurais touché aucune indemnité journalière [IJ] ! » Et pour cause. Les IJ n’ont été mises en place qu’en 2014. C’est la Mutualité sociale agricole (MSA) qui les verse via l’Amexa (assurance maladie des exploitants agricoles).

La MSA est l’acteur unique de la protection sociale dans le domaine de l’agriculture. Quel que soit leur statut, tous les actifs du secteur y cotisent, et elle gère tout : les allocations familiales, la retraite, les accidents du travail et la couverture santé. En cas d’arrêt maladie, le montant de l’indemnité, versée après trois jours de carence2 et jusqu’à trois ans, s’élève royalement à 21,47 euros par jour. Au-delà du 29e jour d’arrêt maladie, elle passe à 28,63 euros. C’est peu… « mais c’est mieux que zéro ! » commente Chantal. Pour bénéficier d’une rallonge, il faut souscrire en plus une assurance privée.

Ces informations basiques, Noëlle ne les avait pas en 2019. Elle a donc cumulé travail et séances de chimio préopératoires d’août à octobre. « Je crois que j’avais tellement intégré qu’en tant qu’agriculteur on n’avait droit à rien que je n’ai même pas pensé à appeler la MSA, jusqu’à ce qu’une amie me conseille de le faire », justifie l’agricultrice, qui s’est enfin mise en arrêt peu avant son opération.

Les caisses de la mutualité ont l’avantage de fonctionner comme un guichet unique, réunissant sécurité sociale et santé-sécurité au travail. Toutes comptent des CPME, « des cellules pluridisciplinaires de maintien en emploi, qui réunissent tous les acteurs de la santé et de l’action sociale, pour mettre en place un accompagnement individualisé des assurés fragilisés par leur cancer », souligne-t-on à la MSA. Elles disposent donc de travailleurs sociaux capables d’évaluer les besoins de soutien économique, physique ou psychologique du malade et de ses proches, et de les aider à faire valoir leurs droits, que ce soit pour la prise en charge de l’achat d’une perruque ou pour l’aide à l’emploi d’un remplaçant.

Mais le hic, souligne Catherine, 58 ans, viticultrice en Champagne, « c’est qu’il faut faire la démarche soi-même : pas évident d’avoir cette énergie quand on est malade ». Elle, qui se bat depuis quatre ans contre un lymphome reconnu comme maladie professionnelle, a une idée pour pallier le manque criant d’assistance aux personnes en ALD (affection longue durée) : « Pourquoi ne pas nous convoquer d’emblée, pour faire le point sur nos situations et nous conseiller ? » lance-t-elle.

Chantal, qui exploite 66 hectares de céréales dans le Calvados tandis que son mari s’occupe de son côté de 72 hectares, suggère aussi de ne pas hésiter à solliciter l’assistante sociale de son établissement de soins. Elle a pu bénéficier de ce type d’aide lorsqu’elle a été admise au centre de cancérologie de Caen, en 2015, au moment où son cancer du sein métastatique a été diagnostiqué. Et elle se félicite des conseils qu’elle y a reçus, qui lui ont permis de faire face à la situation sans y laisser « trop de plumes… ».

Les vaches, qui va les traire ?

Arrêt de travail ou pas, difficile de vraiment se reposer quand on vit de la terre. « Même si tu ne peux pas porter deux seaux de douze litres de lait sur 100 m parce que tu n’as pas le souffle, il faut bien traire les vaches matin et soir », avance Catherine, éleveuse dans le Doubs qui a vaincu un cancer du poumon il y a une dizaine d’années. Les cultures, elles, sont un peu plus saisonnières, ce qui permet de souffler un peu entre deux coups de bourre. « Pendant deux ou trois mois, dans les serres, c’est plus calme : on peut se contenter d’arrosages », concède Noëlle, notre productrice de graines d’œillet. Mais, chez Sophie, la récolte des pruneaux entraîne une autre activité chronophage : leur cuisson. Et, là, c’est du sept-jours-sur-sept de 6 h 30 à 22 heures. Quand assurer au four et au moulin devient impossible, la solution est de se faire remplacer.

Depuis cinquante ans, le Service de remplacement fédère un réseau d’associations locales ou départementales dont « l’objectif est de maintenir l’outil de production en état de fonctionnement » face aux imprévus, explique son directeur, Franck Laur. Quelque 75 000 chefs d’exploitation (dont 75 % d’éleveurs) y adhèrent. Moyennant une cotisation de 50 euros par an en moyenne – variable d’un département à l’autre –, tout agriculteur confronté à une panne de bras imprévue (accident, maladie, épuisement professionnel) ou non (maternité, vacances) peut y faire appel. « Du jour au lendemain », précise-t-il, le service se charge de trouver un remplaçant disponible et de gérer la partie administrative de l’emploi. L’exploitant, lui, n’a plus qu’à régler la facture.

« Se faire remplacer à temps plein ? Impossible financièrement » – Sophie

Reprendre comme avant ?

Le système n’est cependant pas parfait. Pour Franck Laur, « le plus gros problème est de trouver les bras et les profils qui correspondent à la demande ». Pour les agriculteurs, le gros souci reste avant tout le coût du remplacement. En moyenne, il faut compter 150 euros la journée. Mais, là encore, « c’est variable selon les départements », explique Franck Laur. Selon les calculs de la Coordination rurale, la facture peut s’élever à 5 890 euros pour un mois dans le Finistère, contre 4 550 euros dans l’Orne. Quoi qu’il en soit, « financièrement, c’est impossible de se faire remplacer à temps plein sur l’exploitation ! » résume Sophie. Impossible en effet quand on ne touche que 21 ou 28 euros d’indemnités journalières. Ou alors il faut avoir souscrit une assurance. Il y en a pour les accidents de vie aussi bien que pour les tracteurs. Et, pour limiter le reste à charge, certains contrats de prévoyance comprennent une garantie spécifique.

Une autre option est de souscrire un contrat de groupe annuel auprès du Service de remplacement, lequel, adossé à un assureur privé partenaire, propose différentes formules, aux tarifs et franchises variables. Un contrat qui peut permettre de couvrir jusqu’à 70 % du coût d’un remplacement, avec un plafond d’heures. Selon les départements, il existe par ailleurs des aides du conseil départemental ou de coopératives.

Enfin, les caisses locales de la MSA, peuvent, selon les départements et leurs moyens, allouer une aide exceptionnelle après examen du dossier. Noëlle a réussi à obtenir une allocation remplacement pour 120 heures, avec un reste à charge de 8 euros de l’heure. Tout l’enjeu a été de bien « les étaler, en essayant de ne pas en prendre trop chaque jour », afin que cela couvre la durée de son arrêt maladie.

On le voit, s’arrêter totalement est une gageure. Mais, de toute façon, celles que nous avons interrogées ne souhaitent pas se retrouver complètement hors champ. « Même si on ne conduit plus le tracteur, on a besoin de sortir, d’aider, parce que c’est notre métier », relève Chantal. Catherine renchérit : « On n’a pas le temps de ruminer et de s’apitoyer sur soi. La grande question, c’est juste… comment on en ressort ? »

Car reprendre le dessus n’est pas évident. « Je pensais qu’on se remettait vite, mais non. Repartir comme avant, c’est compliqué », souffle Noëlle. Impossible aujourd’hui pour elle d’envisager de travailler au rythme de quinze heures par jour durant les huit mois de pleine saison : « On m’a conseillé de faire attention et prescrit un mi-temps thérapeutique, que je gère comme je peux. » Malgré la marche, et l’heure de gym quotidienne à laquelle elle se tient, rester debout des heures dans la serre surchauffée lui est devenu pénible, à cause de douleurs articulaires générées par ses traitements. « Alors je travaille un peu le matin, un peu le soir. Mais, l’an prochain, il faudra prendre quelqu’un. »

Pour Sophie, le choix est plus douloureux. Ses vignes et ses vergers ne se trouvent qu’à 50 m de la maison, mais, « dès que je mets les pieds sur un terrain de trous et de bosses, je vois bien que c’est impossible d’avancer, même avec des bâtons… Il va falloir que je démissionne de l’exploitation. Les trois associés restants essaieront de se simplifier le travail en faisant appel à une entreprise pour semer et traiter. » Elle confie, désemparée : « J’ai toujours travaillé là. Je ne sais pas très bien vers quoi me tourner. » On lui a suggéré de se réorienter dans le secrétariat médical. « Compliqué : la formation est à Bordeaux. Quant à trouver un emploi qui ne soit pas agricole ici, il faut aller au moins à 20 ou 30 km… ».

LA SANTÉ DES AGRICULTRICES À LA LOUPE

Depuis 2005, une grande étude épidémiologique, coordonnée par l’unité Inserm du Dr Pierre Lebailly au centre François-Baclesse, de Caen, avec la MSA, scrute l’état de santé des agriculteurs et les expositions professionnelles susceptibles d’avoir une influence sur la survenue de cancers. Un suivi mené dans onze départements sur 181 842 personnes, dont 46 % de femmes. Selon le dernier bulletin, publié en novembre 2020, les agriculteurs ne sont pas plus touchés par un cancer que le reste de la population.

Mais, en plongeant dans le détail des 43 cancers analysés, on observe que certains sont malgré tout plus fréquents dans le monde agricole, en particulier les cancers du sang chez les femmes : +25 % de myélomes et +55 % de lymphomes. Le sur-risque de développer ces maladies ou encore certaines leucémies est clairement associé à des activités telles que le traitement antiparasitaire des animaux, la désinfection de leurs bâtiments et des machines à traire, et les traitements phytosanitaires des cultures.

 

Illustration de Matthieu Méron

Retrouvez cet article dans Rose Magazine (Numéro 21, p. 64)

1. Solidarité Paysans est une fédération créée en 1992 pour lutter contre l’exclusion en milieu rural.
2. En cas d’arrêt maladie, le délai de carence était fixé à sept jours jusqu’à cette année. Désormais, les IJ sont donc versées après trois jours de carence, comme c’était déjà le cas pour une hospitalisation.


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Claudine Proust

Journaliste

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