Face aux cancers, osons la vie !

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Je me suis sauvée – « Grâce à la greffe de tissu ovarien, je revis ! » »

{{ config.mag.article.published }} 25 juin 2025

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TÉMOIGNAGE. Alexandra a 23 ans quand la ménopause lui tombe dessus. En cause : l'hystérectomie qu'elle a dû subir à cause de son cancer du col de l'utérus. La jeune femme insiste pour qu’on conserve son tissu ovarien avant l'opération. Cette demande laisse tout le monde perplexe : sans utérus, à quoi bon ? Alexandra est pugnace, elle finit par obtenir gain de cause. Dix-huit ans plus tard, son acharnement porte ses fruits. Elle nous raconte.

Nous sommes en 2003. Je suis diagnostiquée d’un adénocarcinome du col de l’utérus. Il s’agit d’un cancer rare et le mien est particulièrement agressif. Comme j’ai seulement 23 ans, on sort l’artillerie lourde : chimiothérapie, radiothérapie, curiethérapie et hystérectomie totale.

« Conserver vos ovaires ? Pour quoi faire ?

À l’annonce de ce protocole, la première pensée qui me traverse l’esprit est que je ne pourrai jamais avoir d’enfant. Je ne peux pas le concevoir. Je sais qu’il y a des protocoles pour préserver la fertilité, je demande à en bénéficier. “Pourquoi faire ? On va retirer votre utérus et les mères porteuses ne sont pas autorisées en France” me rétorque-t-on. Je ne me démonte pas : “On ne sait pas de quoi l’avenir sera fait. Les choses peuvent changer.

Peut-être par pitié, peut-être parce qu’ils me croyaient condamnée, peut-être parce qu’ils ont compris ma détresse, ou peut-être un peu tout ça, les médecins finissent par céder. Trente fragments de mes ovaires sont cryoconservés.

Ménopausée à 23 ans

Les traitements sont difficiles. Je m’en sors malgré tout. Mais pas sans séquelles. On avait omis de me rappeler que les ovaires ne servent pas seulement à faire des bébés. Ils sont aussi la principale source d’hormones sexuelles, comme les oestrogènes. Et sans ce “carburant”, on flétrit. Ma peau se ride, je n’arrive pas à me muscler malgré le sport, les bouffées de chaleur m’épuisent, mes os se déminéralisent. Côté sexualité, j’ai la libido au fond des chaussettes et mon vagin asséché et raccourci me vaut des remarques de la part de mes rares partenaires. Bref, je suis ménopausée. Et comme mon corps n’y était pas préparé, les symptômes sont costauds. 

Pour couronner le tout, mon cancer récidive en 2008. Je repars dans les traitements avec des doses de cheval. Encore une fois, je m’en sors. Mais à quel prix ! Je suis épuisée. Physiquement, psychologiquement. J’ai l’impression qu’on m’a volé ma vie de jeune adulte. Les médecins que je rencontre ne sont pas très aidants. Les seuls traitements hormonaux qu’ils me proposent me provoquent de l’acné, de la rétention d’eau et… un masque de grossesse. Cruelle ironie quand on ne peut pas enfanter. 

La greffe de tissu ovarien : mon ticket de sortie de la ménopause

Pendant ce temps, je reçois tous les ans une lettre du CECOS* pour me demander si je veux continuer à conserver mon tissu ovarien. A chaque fois, ma réponse est la même : Oui ! Et je les questionne en retour : pourra-t-on un jour me le greffer ? On fait bien des greffes d’utérus alors pourquoi pas ? Je les ensevelis de courriers. Je crois que je les rends fous !

Et puis, contre toute attente, en 2021, le Pr Blandine Courbière, spécialiste de la fertilité dans le centre où mes ovaires ont été congelés, me contacte. Elle m’explique qu’il existe une nouvelle procédure qui consiste à greffer du tissu ovarien sous la peau. Non pas pour avoir un bébé, mais pour rétablir une production d’hormones sexuelles et donc, sortir de la ménopause. L’opération est simple au premier abord : on me fait une petite incision au niveau de la zone pelvienne et on m’implante quelques-uns de mes fragments de tissu ovarien. Seul bémol : c‘est encore expérimental. Le succès de l’intervention est incertain. Peu importe ! C’est ma chance ! Je ne le savais pas à l’époque mais la raison pour laquelle je conserve depuis si longtemps ces petits bouts de moi s’éclaire enfin ! 

Les traitements contre le cancer peut provoquer une ménopause précoce - roseupassociation - rosemagazineÀ LIRE AUSSI : Vous voulez en savoir plus sur la greffe de tissu ovarien ? Lisez notre interview du Pr Piver, pionnier dans le domaine.

Ma fonction hormonale reprend !

L’opération est programmée en juin 2021. À mon réveil, je ne constate aucun changement. Pas même un petit renflement au niveau de la greffe. Le Pr Courbière m’avait prévenue : la reprise de la fonction ovarienne peut prendre 6 mois. Je dois être patiente. J’ai conscience que c’est l’opération de la dernière chance. Alors je fais tout pour me chouchouter : je mange sainement, je fais du sport,… Je prends soin de moi comme si j’attendais un enfant. 

Les premiers signes se font sentir 3 mois plus tard. Ils évoquent l’arrivée des règles (qui ne viendront pas puisque je n’ai plus d’utérus) : pertes vaginales, mal aux seins. Je réalise une prise de sang pour vérifier mes taux hormonaux et je m’empresse de communiquer les résultats au Pr Blandine Courbière. C’est confirmé : ma fonction hormonale reprend ! 

La résurrection

Je revis. Ma peau se retend, mon corps se sculpte, mes os se renforcent, les bouffées de chaleur disparaissent. Je suis mieux dans mon corps et dans ma tête. Je me trouve jolie, désirable. Je me sens femme, tout simplement. A 42 ans, il était temps ! 

C’est bluffant tout ce dont ces petits bouts d’organes sont capables. Mais leur durée de vie est limitée. En mai 2023, ils cessent de fonctionner. Je suis toutefois sereine : il reste suffisamment de fragments congelés pour m’en regreffer et, en août 2023, 3 mois après la deuxième greffe, tout repart. Je vais pouvoir profiter encore quelques années de la jeunesse dont le cancer m’a privée.

C’est une immense satisfaction de savoir que mon combat n’aura pas été vain. Mais aussi qu’il épargnera des années de souffrance à d’autres femmes dans mon cas : grâce au succès d’opérations comme la mienne, la greffe de tissu ovarien est dorénavant aussi autorisée dans le but de retarder la ménopause provoquée par les traitements du cancer.

Propos recueillis par Emilie Groyer

*Centre d’étude et de conservation des oeufs et du sperme humain


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Emilie Groyer

Rédactrice en chef du site web de Rose magazine. Titulaire d'un doctorat en biologie, Emilie a travaillé 10 ans dans le domaine des brevets en biotechnologie avant d'opérer une reconversion dans le journalisme. Elle intègre la rédaction de Rose magazine en 2018. Sa spécialité : vulgariser des sujets scientifiques pointus pour les rendre accessibles au plus grand nombre.

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