L’INCa conseille de s’autopalper.
VRAI MAIS…
« L’observation régulière des seins, pour identifier un changement puis consulter, est conseillée, mais elle ne doit pas se substituer à la surveillance réalisée par un professionnel de santé », indique-t-on à l’Institut national du cancer (INCa).
Elle ne dispense pas de « réaliser une consultation tous les ans dès l’âge de 25 ans, et tout au long de sa vie, pour un examen clinique des seins ».
Enfin, « pour les femmes de 50 à 74 ans », pas question de zapper la mammographie (gratuite) de dépistage prévue tous les deux ans.
S’autopalper, c’est facile.
FAUX.
« Trop peu de femmes savent s’autopalper dans les règles de l’art », constate Camille Chanzy, sage-femme, dans son étude réalisée en 2017 sur 330 patientes.
Pour parcourir tout le volume mammaire sans oublier aucune zone, le Dr Pauline Baissas, chirurgienne gynécologue à la clinique Saint-Pierre de Perpignan, conseille : « Mettez-vous face à un miroir et imaginez votre sein divisé en quatre quadrants : nord, sud, est, ouest. Puis faites le tour de votre sein, en déplaçant doucement vos doigts dans chaque quadrant, depuis le bord du sein jusqu’au mamelon. Remontez ensuite du bord du sein jusqu’à la clavicule, puis palpez-vous sous les bras. »
Un geste à faire chaque mois, toujours à la même période.
OÙ S’INITIER ?
On ne compte plus les outils pour apprendre les bons gestes ! On pense au kit d’autopalpation offert par Même (dispo dans les pharmacies). Rayon applis, celle de Keep a breast est gratuite et bien faite ( disponible sur Play Store et Apple Store).
Si vous préférez les tutos en vidéo, on vous conseille « Les quatre étapes de l’autopalpation mammaire » par Juju la Gygy, sur sa page Facebook. Enfin, il y a les formidables ateliers Pouet-pouet, que l’association Jeune & Rose organise partout en France.
On peut s’autopalper n’importe quand.
FAUX.
Il faut le faire en première partie du cycle menstruel si l’on est réglée, car en deuxième partie les seins sont souvent tendus et plus douloureux.
Pour les femmes ménopausées, le mieux est de se fixer une date (par exemple en début de mois) pour ne pas oublier de le faire.
Si vous sentez une boule sous vos doigts, ce n’est pas forcément synonyme de cancer du sein : il peut s’agir d’un kyste bénin.
Avec un facteur de risque de cancer du sein élevé, l’autopalpation ne sert à rien.
VRAI.
« Les femmes présentant des facteurs de risque élevés (antécédents de cancer du sein dans la famille, prédisposition génétique, symptômes avant 50 ans…) doivent mettre en place un suivi personnalisé avec un gynécologue ou leur médecin traitant », indique le Dr Estelle Pipon, radiologue à l’institut Paoli-Calmettes, à Marseille.
L’autopalpation permet de réduire le nombre de cas mortels.
FAUX.
« Il n’existe aucune preuve que l’autopalpation réduise la mortalité par cancer du sein », a conclu en 2023 le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF).
C’est un outil de diagnostic.
FAUX.
« C’est un “plus” dans la boîte à outils de la prévention pour celles qui ont envie de le faire, mais ce n’est en aucun cas un outil de diagnostic », insiste le Dr Estelle Pipon.
Face à une anomalie perçue à la palpation, « même un professionnel de santé n’est pas capable de dire s’il s’agit d’un cancer ou pas. Seule une imagerie [échographie et mammographie, ndlr] peut le confirmer ».
Alors, au moindre doute, on prend rendez-vous chez son généraliste, son gynéco ou une sage-femme, qui procédera à une nouvelle palpation et prescrira les examens nécessaires.
Ce n’est pas un outil de dépistage efficace.
VRAI.
Loin d’être un « moyen de dépistage efficace et validé, l’autopalpation fait notamment augmenter le nombre de biopsies qui ne donnent aucun signe de cancer », note le CNGOF.
Par ailleurs, « à trois ou quatre millimètres de diamètre, une tumeur reste indétectable au toucher », ajoute le Dr Pauline Baissas.
Pour le Dr Suzette Delaloge, oncologue et directrice du programme Interception (prévention personnalisée des cancers) à l’institut Gustave-Roussy, à Villejuif, cet autoexamen laisse croire « que l’on fait un dépistage efficace, alors que l’on détourne les femmes du seul examen ayant démontré son efficacité : la mammographie ».
LES SIGNES À REPÉRER :
• une grosseur au niveau d’un sein ou sous l’aisselle (non douloureuse) ;
• une déformation du sein apparue récemment ;
• une modification du mamelon ou de l’aréole (une rétraction, un changement de coloration, un suintement ou un écoulement) ;
• une modification de la peau (une rougeur, un œdème, une rétraction ou un aspect de peau d’orange) ;
• une douleur mammaire localisée, des ganglions palpables au niveau des aisselles.
Retrouvez cet article dans le Rose magazine n°27
