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Laurence : du cancer du sein au tatouage des aréoles

{{ config.mag.article.published }} 25 août 2020

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Lorsque le cancer du sein la frappe à 46 ans, Laurence n'y voit pas une fatalité. Plutôt un signe qu'il est temps de changer de vie. Après plusieurs formations en France et aux États-Unis, elle est aujourd'hui artiste-tatoueuse et accompagne les femmes touchées par la maladie dans leur reconstruction.

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« Après mon cancer, j’avais envie d’exercer une profession qui avait du sens. Après deux métiers et des années de peinture, je me suis alors demandée ce que je pouvais faire de tout ça… » Laurence a 46 ans quand on lui diagnostique son cancer du sein. C’était en 2014. L’annonce ne l’étonne pas vraiment : « Ma grand-mère en a eu un à 76 ans, ma mère à 56. Ça formait une sorte de suite logique mathématique ». Une Tumorectomie, des séances de radiothérapie, un curage axillaire et des cures de chimiothérapie plus tard, le destin lui envoie un premier signe sous la forme d’un article de presse. « Je suis tombée sur un portrait de Vinnie Meyers. » La star américaine du tatouage des aréoles mammaires. « Je me suis tout de suite dit : c’est exactement ça que je veux faire. » Sure de sa décision la quadra se donne les moyens de parvenir à son but.

Une formation en dermopigmentation décevante

À l’été 2018, Laurence s’inscrit à une formation de dermopigmentation des aréoles mammaires. « Il ne s’agit pas de tatouage à proprement parler mais je voulais tester cette technique qui est proposée dans les hôpitaux. Connaître les différences avec un tatouage traditionnel, ses limites… » Elle y découvre le maniement du dermographe, se familiarise avec les différentes cicatrices au travers de cas d’école, apprend comment reporter des repères pour respecter la symétrie des seins… Sa première aréole, c’est sur un homme qu’elle la réalisera ! Mais cette technique et son rendu ne la convainquent pas. On est loin du réalisme attendu par la passionnée de peinture. « Pour moi, réaliser une aréole, c’est comme réaliser un portrait : c’est une juxtaposition d’ombres et de lumières. Mais cet aspect artistique a été très peu abordé pendant la formation. Et puis, les pigments peuvent virer et s’estomper avec le temps. » Laurence préférerait une solution plus durable…

Elle se lance alors dans une longue formation dans une école de tatouage traditionnel. Les « cœurs et les têtes de mort », ce n’est pourtant pas son truc. Mais encore une fois, le destin va lui montrer qu’elle est sur la bonne voie. « J’y ai rencontré des personnes sensibilisées et engagées dans la lutte contre le cancer du sein. Qui ont notamment œuvré pour une meilleure information autour du cancer héréditaire et de la mastectomie prophylactique, bien avant que celle-ci soit médiatisée par Angelina Jolie. » Cette formation lui ouvre également de nouvelles perspectives. « Mon prof m’a convaincue de ne pas me cantonner aux aréoles mammaires et de faire du tatouage traditionnel pour les femmes qui ne souhaitaient pas passer par la case reconstruction ou qui voulaient simplement dissimuler leurs cicatrices. »

Direction les États-Unis pour se perfectionner dans le tatouage

Après son cancer du sein, Laurence a décidé de devenir tatoueuse d'aréoles mammaires - roseupassociation - rosemagazine
Laurence, aux côtés du tatoueur David Allen, dans son studio à Chicago.

Malgré cette formation d’un an, Laurence, jusqu’au-boutiste (elle s’est d’ailleurs fait tatouer le sein « pour connaître la sensation de l’aiguille sur ma propre peau » selon ses mots) ne considère pas pour autant son apprentissage terminé. Elle souhaite à présent apprendre à tatouer la peau des femmes qui ont, comme elle, été touchées par un cancer du sein. Pour cela, il va falloir qu’elle traverse l’Atlantique : en France, cette technique est encore trop peu répandue. Qu’à cela ne tienne. En juillet 2019, elle débarque à Chicago pour rencontrer David Allen. Le tatoueur a une spécialité : orner les poitrines des femmes opérées de feuillages et de fleurs dans un subtil dégradé de gris. « Il a développé une technique moins traumatisante pour des peaux qui ont reçu des greffes, lambeaux, implants… Je voulais absolument qu’il me l’enseigne ». Trois mois plus tard, elle retourne une nouvelle fois aux États-Unis. Après “la ville des vents”, cap sur “la grosse pomme”. New-York. C’est là que se trouve l’institut Sauler, une référence dans le domaine du tatouage de l’aréole mammaire en 3D.

Heureuse de contribuer à la reconstruction des femmes

Ça y est. Cette fois, Laurence est prête à se lancer. Il ne lui reste “plus qu’à” trouver le lieu idéal : un espace chaleureux qui ne rappelle pas aux femmes la salle d’attente d’un médecin. Et en même temps, qui respecte les normes. « Je suis très à cheval sur l’hygiène. » Pas facile de débusquer cette perle rare. « Surtout que je ne pouvais pas emprunter : les assureurs ne me suivaient pas à cause de mon cancer. » Laurence finit tout de même par trouver l’endroit propice et réalise les travaux nécessaires pour le transformer en véritable cocon. « Et quand tout fut fini, et que je pouvais enfin accueillir des femmes, Emmanuel Macron a fait son allocution pour annoncer le confinement ! »

Après son cancer du sein, Laurence a décidé de devenir tatoueuse d'aréoles mammaires - roseupassociation - rosemagazineLe destin se jouerait-il cette fois de Laurence ? Il en faudrait plus pour la dévier de sa route et entamer son enthousiasme. La tatoueuse prend son mal en patience. « Vivement que l’été soit passé, que je puisse vraiment démarrer mon activité en septembre ! J’ai hâte de pouvoir aider les femmes dans la dernière étape de leur reconstruction. Il y a un tel besoin. Et puis, quand je tatoue, je suis heureuse. Tout simplement. Heureuse de partager ce moment d’échange avec des femmes qui ont vécu la même histoire. Et surtout, heureuse de les voir se découvrir dans le miroir, une fois le tatouage terminé. C’est un grand moment d’émotion. »

INFO+

Retrouvez le travail de Laurence sur son site internet : https://www.dermareole.com/

Propos recueillis par Emilie Groyer


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Emilie Groyer

Rédactrice en chef du site web de Rose magazine. Titulaire d'un doctorat en biologie, Emilie a travaillé 10 ans dans le domaine des brevets en biotechnologie avant d'opérer une reconversion dans le journalisme. Elle intègre la rédaction de Rose magazine en 2018. Sa spécialité : vulgariser des sujets scientifiques pointus pour les rendre accessibles au plus grand nombre.

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