« La Russie développe le premier vaccin contre le cancer dans le monde : 100% efficace dans un essai clinique, les scientifiques disent “prêt à l’emploi” ». « Le premier vaccin contre le cancer est prêt ! La Russie a officiellement annoncé que son vaccin contre le cancer est prêt pour les essais cliniques et qu’elle recrute des patients gratuitement ». Depuis quelques jours, ces messages sont largement partagés sur les réseaux sociaux.
Quelques exemples de posts Instagram reprenant l’annonce d’un vaccin russe contre le cancer.
Ce que dit vraiment le communiqué de l’agence de presse russe
Tout est parti d’un communiqué publié le 6 septembre 2025 sur le site de l’agence de presse russe TASS. On y lit que Veronika Skvortsova, directrice de l’Agence fédérale médico-biologique de Russie, a profité du Forum économique oriental pour annoncer une avancée majeure obtenue par les chercheurs de son pays : le développement d’un vaccin contre le cancer.
Baptisé Enteromix, ce vaccin personnalisé, basé sur la technologie ARN comme les vaccins anti-Covid, aurait permis de réduire la taille de différents types de tumeurs de 60 à 80%. Grâce à ces résultats prometteurs, obtenus lors d’un essai préclinique précise-t-elle, les recherches se poursuivront dorénavant sur l’homme lors d’essais cliniques de phase 1, principalement dans le contexte du cancer colorectal.

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Un vaccin contre le cancer qui doit encore démontrer son efficacité chez l’homme
Le vaccin Enteromix est donc loin d’être « prêt à être employé ». Les résultats présentés reposent sur des tests « pré-cliniques », c’est-à-dire réalisés sur des cellules cultivées en laboratoire ou sur des animaux. Il peut s’écouler une dizaine d’années entre ces études et la mise sur le marché du traitement.
Rien ne permet non plus d’affirmer que ces résultats précliniques seront reproductibles chez l’homme. Rappelons que moins d’un pourcent des traitements développés parviennent à passer avec succès les différentes phases d’essais cliniques.
Prudence également face aux chiffres avancés par Veronika Skvortsova. À notre connaissance, les résultats de ce vaccin n’ont pas encore fait l’objet d’une publication dans un revue scientifique. Il est impossible pour l’heure de les vérifier.
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Un vaccin contre le cancer loin d’être une première mondiale
Contrairement aux posts sur les réseaux sociaux, le communiqué ne proclame pas qu’il s’agit d’une découverte sans précédent. Et pour cause : l’histoire des vaccins contre le cancer a démarré dans les années 2000. En raison de limitations technologiques, ils ont rapidement été abandonnés, avant de retrouver un second souffle lors de la pandémie de Covid-19 et l’avènement des vaccins à ARN.
La première mondiale ne réside pas non plus dans le fait qu’il s’agisse de vaccins « personnalisés ». Cette approche, qui consiste à produire des vaccins sur-mesure en analysant les mutations présentes dans la tumeur du patient, est déjà mise en œuvre par d’autres acteurs. La biotech française Transgene, pour ne citer qu’elle, travaille sur ce type de vaccin depuis 7 ans.
Certains de ces vaccins, bien plus avancés que le vaccin russe, sont actuellement en phase 3 d’essai clinique dans le mélanome, dernière étape avant la mise sur le marché.

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Un traitement accessible gratuitement, comme tous les traitements en phase d’évaluation
Finissons par la gratuité d’accès pour les patients, souvent mise en avant dans les posts Instagram comme relevant de l’exception. Là encore, il n’en est rien. Les personnes qui intègrent un essai clinique pour bénéficier d’un traitement innovant n’ont bien évidemment pas à le financer.
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