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À quand la médecine personnalisée pour le traitement du cancer ?

{{ config.mag.article.published }} 19 février 2015

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DNA sample being pipetted into Petri dish

Cette façon innovante de traiter le cancer suscite beaucoup d’espoirs. Mais la révolution thérapeutique annoncée se fait attendre…

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Tous les spécialistes du cancer ne jurent plus aujourd’hui que par elles : les thérapies personnalisées, ou ciblées. Tellement plus « efficaces », « intelligentes », « moins toxiques ». Pas un congrès en cancérologie où le sujet ne tienne le haut de l’affiche.

Praticiens, chercheurs, tous communiquent avec un égal enthousiasme sur cette « médecine du futur » qui s’appuie sur le « profilage » de la tumeur. Pour tous les malades, c’est un nouvel espoir qui naît.

Mais attention, pas d’emballement: la banalisation de ces traitements n’est pas pour demain…

Traiter en fonction des anomalies de la tumeur

Certes, une révolution est bien en marche. Grâce aux avancées technologiques réalisées ces dernières années, il est aujourd’hui possible de dresser la carte génétique d’une tumeur et d’en décoder les mécanismes de croissance. Chacune est unique.

« L’idée n’est alors plus de proposer un traitement en fonction de l’organe (poumon, sein, foie…) touché par le cancer, mais en fonction des anomalies moléculaires de la tumeur qu’il porte », explique le Dr Christophe Le Tourneau, oncologue à l’Institut Curie*.

Dans ce centre anti-cancer parisien, l’essentiel de la carte d’une tumeur peut désormais être établi en moins de quatre semaines, pour un coût d’environ 1 000 euros.

La thérapie ciblée : un complément aux thérapies standards

Il y a seulement trois ans, il fallait des mois, pour un montant atteignant plusieurs milliers d’euros. Une économie majeure réalisée en peu de temps, qui contribue grandement à l’essor de ces nouvelles thérapies.

Sauf qu’à l’heure d’aujourd’hui une quinzaine de traitements seulement ont reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM) en France.

« Ces thérapies ciblées n’ont pas encore remplacé les traitements standard (chimiothérapie, hormonothérapie). Elles interviennent pour l’instant en complément : soit au début de la prise en charge, soit en cas de récidive ou d’échappement tumoral », indique le Dr Véronique Diéras, chef du département de recherche clinique à l’Institut Curie.

800 molécules en cours d’évaluation

Par ailleurs, pour certains cancers, elles ne concernent parfois pas plus de 5 % des patients. « Régulièrement, nous avons des questions de femmes qui ne comprennent pas pourquoi elles ne peuvent pas bénéficier d’un traitement dont elles ont entendu parler. Il y a donc un travail d’explication et de réassurance à faire en leur disant qu’elles vont recevoir celui qui est le plus adapté à leur cas », ajoute Véronique Diéras.

« Tout l’enjeu est d’arriver à donner le bon médicament au bon patient et au bon moment », précise le Dr Monica Arnedos, oncologue à l’Institut Gustave-Roussy (IGR), à Villejuif. Avec 800 molécules innovantes en cours d’évaluation dans des essais cliniques précoces à travers le monde, il y a fort à parier que ces traitements de pointe connaîtront de nouveaux développements.

Même si, en matière de cancer, « les « scoops » n’existent pas, précise Agnès Buzyn, présidente de l’Institut national du cancer (Inca). Il ne faut pas s’attendre à voir arriver, du jour au lendemain, un médicament miracle. Les progrès sont réels, mais se font à petits pas ».

Halte au malentendu !

Chez nombre de patients, le terme de « médecine personnalisée » suscite la confusion. Agnès Buzyn, patronne de l’Inca, en convient: « Il serait préférable de parler de médecine de précision. Car, dans l’esprit du grand public, « personnalisée » renvoie surtout à l’idée d’une prise en charge globale du patient. »

Ce qui n’empêche pas que l’un des objectifs majeurs du Plan cancer 3 soit d’intégrer au parcours de soins du patient un suivi individualisé qui prenne mieux en compte ses besoins en fonction de sa situation personnelle, professionnelle, géographique… Une trentaine d’actions en ce sens sont menées actuellement partout en France.

Pierre Bienvault

* En septembre 2012 a été lancé à Curie (en lien avec d’autres centres de lutte contre le cancer) le premier essai clinique fondé sur le profil biologique des tumeurs. Les premiers résultats ont fait l’objet d’une communication au congrès de l’Asco, à Chicago, en juin 2013.


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