J’ai deux filles, nées d’une première union, et un petit garçon, que j’ai eu avec un homme dont je me suis séparée quatre mois plus tard.
J’étais en congé parental lorsque l’on m’a diagnostiqué un cancer de l’ovaire, en août 2024. L’ablation, pour laquelle je suis hospitalisée, se passe moins bien que prévu.
Mon ovaire fait de la résistance, sans doute à cause de l’endométriose dont je souffre, et finit par éclater. Je dois repasser sur le billard pour enlever tout ce qui a potentiellement été contaminé par les cellules cancéreuses.
À cet instant, j’ai très peur pour mes enfants. Je remets à leurs papas leurs passeports ainsi que leurs carnets de santé ; et, la veille de l’intervention, j’organise un super-shooting photo avec mes trois loustics. La seule chose que je n’ai pas le temps de faire, c’est un testament.
Le 23 septembre, je suis donc de nouveau opérée : trois chirurgiens et sept heures et demie d’intervention sont nécessaires, une vingtaine de morceaux d’organes sont retirés, et je reste douze jours à l’hôpital, dont huit à regarder le plafond sous péridurale et morphine.
« Maman, tu es super belle ! »
On m’annonce ensuite que je dois faire de la chimio. Je perds mes cheveux ; et, si je prends l’habitude de ne pas me couvrir la tête quand je suis seule, pour mes enfants je porte des perruques rigolotes, dont une rose à grosses boucles.
Mes deux grandes me disent : « Maman, tu es super belle comme ça aussi ! » Alors que, très franchement, je suis loin d’être au top physiquement ! Cet amour inconditionnel est un énorme moteur pour se battre.
J’ai vraiment essayé de garder la face devant les enfants, mais dès la première chimio je me suis retrouvée très affaiblie.
À LIRE : Retrouvez tous les épisodes de notre série « Mamans solo et cancer »
Organiser la garde des enfants
J’ai demandé au papa des filles de réorganiser le planning de garde en fonction de mes séances de chimio.
Il a été très compréhensif et constant. Les week-ends où j’étais totalement épuisée, il prenait également l’une des filles pour me soulager quand ce n’était pas sa semaine.
Avec le papa de Raphaël, tout a été beaucoup plus compliqué quand j’ai attaqué la deuxième partie de la chimio. C’est à ce moment-là qu’il a décidé d’inverser les plannings, de telle sorte qu’ils n’étaient plus synchronisés avec ceux de mes filles.
C’est devenu quasi ingérable, et très stressant. À partir de Noël, je n’ai plus eu de week-end sans enfant, aucun moment pour souffler et reprendre des forces.
Solidarité
Heureusement, j’ai découvert une chaîne d’entraide extraordinaire, une sororité que je n’aurais pas forcément soupçonnée. Des voisines, des mères d’enfants de l’école m’ont spontanément proposé leur soutien.
Certaines sont venues habiter chez moi quand j’ai été hospitalisée ! D’autres se relayaient le matin et le soir pour m’aider avec les enfants, une autre encore me déposait des petits plats.
Mon frère est également venu habiter cinq semaines chez moi, alors qu’il a lui-même trois enfants et qu’il habite à l’autre bout de la France.
C’était vraiment incroyable.
À VOIR AUSSI : Retrouvez la suite du témoignage d’Aurélia en vidéo. Elle se confie sur les sacrifices qu’elle a consentis pour que ses enfants ne manquent de rien, et raconte sa bataille administrative face à la Sécurité sociale pour faire reconnaître ses droits.
Propos recueillis par Cécile Blaize et Laure Marsecaux
Vidéo réalisée par Richard Monteil
Retrouvez l’intégralité de ce article dans le Rose magazine n°29