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Touché(e) par un cancer ? Votre pharmacien peut vous aider !

{{ config.mag.article.published }} 30 mai 2024

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Photo : Laurent Villeret

De l’annonce de la maladie au stade de la rémission, le pharmacien est un interlocuteur privilégié dans votre parcours de soins. Accessible, proche, il est présent six jours sur sept et sans rendez-vous !

Vous connaissez le pharmacien en tant qu’expert du médicament. Mais savez-vous que, depuis plusieurs années, de nouvelles missions viennent compléter l’expertise et les compétences de ce professionnel de santé de proximité ? Et tout particulièrement dans le soutien et l’accompagnement des malades en oncologie.

Certaines officines disposent même d’un espace « onco ». La pharmacie Eiffel, dans le quinzième arrondissement de Paris, qui s’étend sur deux étages, fait partie des établissements dotés d’un de ces espaces. Lieu d’échange à l’abri des oreilles et du regard des autres clients, c’est aussi l’endroit où sont présentés des produits spécifiquement conçus pour répondre aux besoins des femmes touchées par un cancer : lingerie adaptée, prothèses mammaires externes, perruques, produits cosmétiques…

« Dans notre parcours très médicalisé, où l’on a l’impression d’être seule ou un numéro parmi tant d’autres, ces espaces sont des bulles de douceur, d’empathie et de bienveillance», juge Alexandra, touchée par un cancer du sein métastatique.

L’espace d’oncologie de la pharmacie Eiffel à Paris (15e) : un lieu où échanger avec son pharmacien en toute discrétion. Photo : Laurent Villeret

Vous avez un doute, un problème, une question liée à votre parcours de soins ? Le pharmacien est là ! Accessible six jours sur sept et – avantage non négligeable – sans rendez-vous ! On fait le point sur les solutions et les réponses qu’il peut vous apporter.

Prévenir et sensibiliser

« Les pharmaciens ont tout d’abord un rôle à jouer dans la prévention des cancers », rappelle Éric Myon, directeur de la pharmacie homéopathique de l’Europe à Paris (8e) et secrétaire général de l’UNPF (Union nationale des pharmaciens de France). En particulier celle des cancers du côlon et bien sûr du sein. « Chaque année, Octobre rose est un mois clé pour sensibiliser les femmes au dépistage et à la prévention de ce cancer. Durant cette période, les pharmaciens doivent jouer un rôle actif. »

Ainsi le pharmacien a-t-il fait le choix depuis 2019 d’intégrer une CPTS, une communauté professionnelle territoriale de santé. Késaco ? C’est un groupement de professionnels oeuvrant sur un même territoire qui s’organisent autour d’un projet de santé afin de répondre à des problématiques communes.

Grâce à ce réseau, Éric Myon bénéficie maintenant de la présence d’une sage-femme dans son officine lors des campagnes de prévention du cancer du sein. Elle y anime des sessions d’information sur des thématiques précises, « par exemple, l’autopalpation ».

Obtenir des conseils de socio-esthétique

Pour celles qui entrent en traitement, le pharmacien est aussi là pour écouter « les questions qu’elles n’ont pas toujours l’occasion ou le temps d’aborder avec leur oncologue », note Éric Zanea, pharmacien manager de la pharmacie Eiffel (Paris, 15e). Notamment concernant les conséquences des traitements sur la peau, les cheveux, les ongles, ou encore les questions de diététique

Sur ces sujets, qui ne sont pas purement médicaux, le pharmacien peut donner des conseils, voire des solutions. « En pharmacie, les patientes peuvent trouver des crèmes et des soins destinés aux peaux et aux cuirs chevelus fragilisés par les traitements de chimiothérapie ou de radiothérapie », détaille Philippe Lebranchu, directeur de la communication du groupement de pharmacies Pharmavie.

L’espace oncologie de cette pharmacie propose des produits cosmétiques et des accessoires adaptés. Photo : Laurent Villeret

Quelle routine pour maintenir une bonne hydratation cutanée ? Comment apaiser une irritation ou une sécheresse sévère ? Besoin d’un vernis pour protéger ses ongles ou d’un fond de teint pour camoufler des boutons ? Pour trouver des réponses, n’hésitez pas à solliciter votre pharmacien !

Dans certaines officines, des ateliers de maquillage sont proposés par des conseillères socio-esthétiques spécialisées. C’est loin d’être le cas partout, mais renseignez-vous au comptoir. En complément de leurs conseils, vous pourrez aussi bénéficier de l’expertise de ces professionnelles sur les affections cutanées et être prise en charge pour des soucis plus complexes. Comme le confirme Blandine, 56 ans, résidente d’Aubers (Nord), atteinte d’un cancer de l’ovaire aujourd’hui métastatique : « À la suite de la prise d’un nouveau traitement contre les nausées, j’ai fait une réaction allergique sur le visage. Ma pharmacienne m’a orientée vers différentes marques, et fourni des échantillons afin que je trouve la crème qui me convenait le mieux. »

Label OncoPharma

Sachez aussi qu’il existe depuis 2023 un label qui permet d’identifier les pharmaciens référents en oncologie. Il s’agit du label OncoPharma, qu’une cinquantaine d’officines avaient déjà obtenu au début de 2024.

Reconnu par l’Association francophone des soins oncologiques de support (Afsos), il a été créé et lancé à l’origine par – et pour – le groupement de pharmaciens Totum. Mais il s’est élargi rapidement à tous les pharmaciens désireux de monter en compétence dans l’accompagnement des patients en oncologie et de leurs aidants. Pour obtenir cette certification, le professionnel de santé doit suivre quarante-deux heures de formation, avec des modules touchant à la fois à ses compétences métier et à son aptitude à communiquer. Une journée entière, animée par un onco-psychologue, complète le dispositif. La certification OncoPharma est attribuée pour trois ans.

Comprendre mon traitement

« Depuis quelques années, on assiste à une augmentation des thérapies orales [traitements anticancéreux pris sous forme de comprimés, ndlr] », constate Philippe Lebranchu (Pharmavie). Plus la peine alors de se rendre dans son établissement de santé pour suivre son traitement : il se prend à domicile.

Pour les malades concernés, cela signifie moins de contraintes et de fatigue liées au rythme des rendez-vous médicaux et aux déplacements. Mais cela les isole de leur équipe médicale. La pharmacie devient alors un relais sur lequel peuvent se reposer les oncologues. C’est là qu’on va s’assurer que la personne a bien compris son traitement, et surtout qu’elle le suit !

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La pharmacie Eiffeil propose aussi des livrets d’information sur les cancers et les traitements. Photo : Laurent Villeret

Il s’agit aussi de lui apporter un soutien pour l’aider à gérer de potentiels effets indésirables. Depuis 2021, un dispositif (1) a été mis en place pour permettre aux pharmaciens d’assurer cette mission. Il s’articule autour d’une série d’entretiens menés tout au long de l’année. D’abord, l’entretien initial, pour évaluer les informations qu’on vous a transmises, vous donner des précisions sur votre schéma thérapeutique, s’assurer que vous vous appropriez bien les modalités d’administration de votre traitement, échanger sur les éventuelles interactions médicamenteuses… Puis arrive l’entretien sur la gestion des effets indésirables et la vie quotidienne. Et enfin, l’entretien d’observance.

« Ces consultations d’oncologie durent une vingtaine de minutes, et sont prises en charge par l’assurance maladie », souligne Éric Myon. Elles sont aussi menées par des pharmaciens spécifiquement formés.

Elles se sont révélées « très utiles », nous confie Audrey depuis Orbais-l’Abbaye (Marne). La jeune femme, traitée pour un cancer du sein métastatique, s’est trouvée un peu désarçonnée quand son oncologue lui a prescrit un antidépresseur. « J’ai pu demander des explications lors d’un entretien avec ma pharmacienne, qui m’a rassurée et surtout expliqué le rôle de ce médicament. »

Me soutenir au quotidien

Faciliter votre qualité de vie, améliorer votre confort, vous simplifier certaines démarches font partie des missions de votre pharmacien. Audrey, qui suit une thérapie orale, a développé avec sa pharmacienne une véritable relation de confiance : « C’est une vraie ressource aidante dans un parcours de soins qui demande de la mémoire et de l’organisation ! Je peux lui envoyer mes ordonnances par e-mail, et elle me dépose les médicaments directement chez moi. Elle a parfois été amenée à m’avancer un médicament dont j’attendais l’ordonnance de renouvellement. »

C’est lors d’un banal passage dans sa pharmacie de quartier à Pau (Pyrénées-Atlantiques) que Pamela, 54 ans, touchée par un cancer du sein HER2 triple positif, a découvert que sa pharmacienne avait, elle aussi, lutté contre un cancer.

« Je lui ai raconté mon histoire, et elle m’a raconté la sienne. Ça m’a beaucoup touchée, et j’ai pu lui poser de nombreuses questions. Quand j’ai été confrontée à des effets secondaires importants, elle m’a bien accompagnée, en liaison avec l’équipe médicale, pour me conseiller des patchs antidouleurs et des pansements pour apaiser les brûlures de la radiothérapie. »

Péroline, quant à elle, se félicite d’avoir évoqué ses problèmes intestinaux et de sommeil avec sa pharmacienne, qui a su lui trouver des solutions non seulement efficaces, mais aussi qui correspondaient à ses attentes, « c’est-à-dire des solutions naturelles ».

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Photo de Marie Genel

À LIRE AUSSI : Bien gérer sa thérapie orale

Me guider dans le choix d’une prothèse

Après une ablation partielle ou complète de la poitrine, où se rendre pour obtenir une prothèse mammaire externe ? Soit chez un prothésiste, soit dans votre pharmacie. C’est là que s’est rendue Péroline, 38 ans, après avoir subi une mastectomie du sein gauche.

Habitante de Mornant, près de Lyon, elle a trouvé dans son officine habituelle non seulement une écoute, mais une attention qui l’émeut encore. « Florence et Noémie, deux femmes passionnées parleur métier, m’ont reçue comme une cliente VIP dans un espace dédié pour choisir cet objet si particulier. J’ai pu leur poser toutes les questions que j’avais en tête, en confiance et en toute intimité. »

Pour rappel, les pharmaciens qui dispensent ces prothèses ont suivi un diplôme universitaire (DU) d’orthopédie. Ils sont donc au fait des différentes techniques chirurgicales, et à même de prendre les mesures nécessaires pour fournir la prothèse la plus adaptée à la patiente.

À ÉCOUTER

Podcast Canc'hérosAbigaïl Castronovo, pharmacienne à Corbeny, dans l’Aisne, a créé le podcast Canc’Héros. Elle y donne la parole exclusivement à des femmes, qu’elles soient atteintes par un cancer ou professionnelles de santé. Dix-sept épisodes sont déjà disponibles à l’écoute sur toutes les plateformes. Si on y entend beaucoup parler de cancer du sein, Abigaïl compte s’intéresser dans une seconde saison au parcours de celles touchées par un lymphome ou un cancer de l’ovaire.

1. Pour tout savoir sur le dispositif d’accompagnement des patients sous anticancéreux oraux, et trouver une pharmacie qui le propose près de chez vous, rendez-vous sur le site de la Sécurité sociale : ameli.fr.

Retrouvez cet article dans Rose magazine n°26, p.59


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Peggy Cardin-Changizi

Journaliste

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