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Les bouffées de chaleur vous réveillent la nuit ? Vous vous levez fatiguée, dans des draps trempés de sueur ? Elles vous surprennent aussi en pleine journée : soudainement, votre visage s’empourpre et vous étouffez ?
La solution la plus efficace pour vous en débarrasser serait de prendre un traitement hormonal de la ménopause (THM). Oui mais voilà, vous avez ou vous avez eu un cancer qui contre-indique la THM 1 . Heureusement, des solutions sans hormone contre les bouffées de chaleur existent.
Mais pour comprendre comment soulager les bouffées de chaleur, attardons-nous un instant sur leur origine…

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La cause des bouffées de chaleur : un thermostat déréglé

La température de notre corps est régulée par une petite zone de notre cerveau : l’hypothalamus. Il agit comme un thermostat interne : quand il détecte une augmentation de température, il met en place tout un tas de mécanismes pour la faire redescendre.
Il va :
- ordonner aux vaisseaux sanguins situés juste sous la peau de se dilater (on parle de vasodilatation) pour dissiper la chaleur à la surface. Le sang ainsi refroidi abaissera la température de l’ensemble du corps en circulant,
- accélérer le rythme cardiaque pour accélérer ce processus,
- activer les glandes sudoripares qui produisent la transpiration. En s’évaporant, la sueur refroidira le corps.
Ces mécanismes impliquent différents neurotransmetteurs, des signaux chimiques produits par le cerveau, parmi lesquels : la sérotonine (l’hormone du bonheur), la noradrénaline (l’hormone du stress), ou encore la neurokinine.
Le lien avec la ménopause ? Les oestrogènes canalisent l’hypothalamus. Quand leur niveau chute drastiquement à la ménopause, l’hypothalamus devient alors plus sensible aux changements de température. Le moindre petit écart est considéré par ce thermostat interne comme une surchauffe et actionne son système de refroidissement de façon disproportionnée. C’est la bouffée de chaleur : vous transpirez abondamment, vous devenez écarlates (en raison de la vasodilatation), vous avez une sensation d’étouffement (en raison de l’emballement de votre coeur)…

BON À SAVOIR : Si vous n’avez pas d’antécédent de cancer qui vous empêche de prendre des hormones, et que votre tissu ovarien a été préservé avant les traitements, sachez que vous pouvez rétablir naturellement votre production d’oestrogènes grâce à une greffe.
Pour tout savoir sur cette procédure peu invasive, retrouvez l’interview du Dr Piver, chirurgien pionnier dans le domaine, et le témoignage d’Alexandra qui en a bénéficié après un cancer du col de l’utérus.
L’abufène, le premier traitement sans hormone contre les bouffées de chaleur
L’abufène a été le premier médicament sans hormone à agir sur l’une des causes des bouffées de chaleur : la vasodilatation. Délivré sans ordonnance, ce médicament n’est malheureusement pas remboursé : la haute autorité de santé (HAS) considère, au vu des études menées, que son efficacité n’est pas différente de celle d’un placebo.
Une décision que regrette le Dr Chabbert-Buffet, gynécologue-obstétricienne à l’hôpital Tenon : « L’effet placebo n’est pas une absence d’effet et il est particulièrement élevé quand il s’agit de bouffées de chaleur. Dans certaines études, il peut atteindre 50 % alors qu’il n’est que de 20 % pour la plupart des maladies. Ce médicament peut donc rendre service. D’autant qu’il est très bien toléré. Les seuls effets indésirables référencés sont des picotements dans les doigts qui arrivent dans la demi-heure après la prise et qui disparaissent ensuite. »
Le fezolinetant et l’élinzanetant : des médicaments innovants contre les bouffées de chaleur

Plus récemment, le fezolinetant (Veozah®) et l’élinzanetant ont montré leur efficacité pour réduire les bouffées de chaleur. Ces médicaments innovants agissent directement sur l’hypothalamus en bloquant l’un de ses neurotransmetteurs : la neurokinine.
Le fezolinetant (Veozah®)
À ce jour, seul le fezolinetant est disponible en France. Il est délivré sous ordonnance et n’est à ce jour pas remboursé. Il n’est pas indiqué pour les femmes sous hormonothérapie car son innocuité n’a pas été démontrée dans ce contexte. Cela pourrait bientôt changer puisqu’un essai clinique est en cours.
L’élinzanetant
Une autorisation de mise sur le marché (AMM) ayant été demandée pour l’élinzanetant, il pourrait être prochainement accessible aux femmes souffrant de bouffées de chaleur, y compris celles sous hormonothérapie. Une étude a en effet confirmé son efficacité chez des femmes recevant ce traitement.
Les antidépresseurs, efficaces contre les bouffées de chaleur

Comme nous l’avons vu, la sérotonine est essentielle à la régulation de notre température corporelle. Elle est également impliquée dans la dépression. C’est pourquoi certains anti-dépresseurs, qui agissent sur ce neurotransmetteur, peuvent aussi contribuer à réduire la fréquence et l’intensité des bouffées de chaleur. C’est le cas de
- la venlafaxine (Effexor®),
- du citalopram (Seropram®),
- de la fluoxétine (Prozac®) et
- de la paroxetine (Deroxat®).
Leur efficacité a été validée chez des femmes avec un antécédent cancer, sous hormonothérapie ou non. La fluoxétine et la paroxetine sont toutefois contre-indiquées pour les femmes sous Tamoxifène. Ces 2 médicaments interagissent en effet avec cette hormonothérapie en empêchant son action.
« Pour lutter contre les bouffées de chaleur, on prescrit ces médicaments à dose très progressive pour éviter les effets secondaires qui sont majoritairement : être un peu “dans le pâté” et avoir la bouche sèche, au début du traitement. Puis, on augmente tout doucement jusqu’à trouver la dose efficace qui est souvent inférieure à la dose anti-dépressive. Les patientes ont parfois peur de l’accoutumance. Il n’y en a pas sur le plan psychique. Si l’arrêt ne se fait pas progressivement, il peut y avoir en revanche un syndrome de sevrage avec des nausées et des vertiges » explique le Dr Chabbert-Buffet.
La venlafaxine, le citalopram, la fluoxétine et la paroxetine ayant obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) uniquement pour le traitement de la dépression, ils ne sont malheureusement pas remboursés lorsqu’ils sont prescrits pour lutter contre les bouffées de chaleur.
“Leur prescription hors AMM est prévue par la loi mais elle est très contraignante pour les médecins : ils doivent en informer les patientes, fournir des études qui justifient leur utilisation dans une autre indication et l’inscrire clairement dans le dossier médical et sur l’ordonnance» ajoute la gynécologue.
À REGARDER : Vous voulez en savoir plus sur la ménopause induite par les traitements du cancer ? Regardez le replay de notre webinaire avec le Dr Christine Rousset-Jablonski, gynécologue au Centre Léon Bérard et spécialiste de la ménopause.
Les médicaments contre l’épilepsie et la tension artérielle réduisent aussi les bouffées de chaleur

Deux autres familles de médicaments, détournées de leur indication initiale, peuvent également être prescrites contre les bouffées de chaleur. Il s’agit :
- des anti-épileptiques gabapentine (Neurontin®) et prégabaline (Lyrica®),
- de l’anti-hypertenseur clonidine (Catapressan®).
Ces médicaments agissent sur la noradrénaline et ont été testés avec succès contre les bouffées de chaleur chez des femmes avec antécédent de cancer, sous hormonothérapie ou non.
Comme pour les anti-dépresseurs, ces médicaments n’ayant pas obtenu d’AMM pour le traitement des bouffées de chaleur, ils ne sont pas remboursés dans cette indication.
L’oxybutynine, une solution peu prescrite
En 2018, une étude menée chez des femmes traitées par hormonothérapie a montré que l’oxybutynine, un médicament contre l’incontinence urinaire, permettait de réduire la fréquence des bouffées de chaleur. « En France, il n’a pas d’AMM dans cette indication et il est peu utilisé hors AMM, notamment à cause de ses effets secondaires : sécheresse buccale, rétention urinaire… » précise le Dr Christine Rousset-Jablonski, gynécologue au Centre Léon Bérard.
L’acupuncture contre les bouffées de chaleur

S’appuyant sur les données scientifiques disponibles, l’Afsos a publié un référentiel sur l’usage de l’acupuncture comme soin de support en oncologie. Ce document confirme notamment l’efficacité de cette pratique pour soulager les bouffées de chaleur provoquées par les traitements contre le cancer comme les hormonothérapies.
EN REPLAY
Nausées, vomissements, douleurs, radiodermites, bouffées de chaleur,… l’acupuncture peut soulager de nombreux maux et effets secondaires causés par le cancer et ses traitements.
Quels bienfaits sont prouvés scientifiquement ? Existe-t-il des contrindications ? L’acupuncture peut-elle interagir avec les traitements contre le cancer ? Comment choisir son praticien ?
Le Dr Henri Yves Truong Tan Trung, médecin acupuncteur, Président du Collège français d’acupuncture et coordinateur du référentiel de l’association francophone pour les soins oncologiques de support (Afsos) sur l’acupuncture, répond ces questions et bien d’autres dans ce webinaire.
Lutter contre le stress pour limiter les bouffées de chaleur

Puisque le stress joue un rôle prépondérant dans le déclenchement des bouffées de chaleur, toutes les activités qui vous aident à vous apaiser sont vos alliées :
- relaxation,
- yoga,
- méditation,
- pleine conscience…
Les gestes simples pour réduire les bouffées de chaleur

Enfin, vous pouvez limiter les bouffées de chaleur, sans médicament, en évitant tout simplement ce qui peut faire grimper votre température. Limitez par exemple :
- les boissons chaudes, l’alcool et les aliments épicés,
- les douches et bains trop chauds, les saunas et les hammams.
Le choix de vos vêtements est aussi important : privilégiez des tenues amples et légères, confectionnées en fibres naturelles qui favorisent l’évaporation de la transpiration.
Une bonne hygiène de vie vous aidera également à lutter contre les bouffées de chaleur. Il est recommandé :
- d’arrêter de fumer,
- de pratiquer une activité physique régulière et ,
- de maintenir un indice de masse corporelle (IMC) inférieur à 25.
2. Association francophone des soins de support en oncologie
Merci au Dr Chabbert-Buffet, gynécologue-obstétricienne à l’hôpital Tenon et au Dr Christine Rousset-Jablonski, gynécologue au Centre Léon Bérard, pour leur aide dans l’écriture de cet article.
