Lorsque le 2 janvier 2024, on m’a diagnostiqué un cancer du sein, je ne me suis pas vraiment inquiétée. Je parlais même à mes proches d’un « petit cancer »…
Jusqu’à ce que l’IRM révèle une masse de 8,5 cm, qui imposait une mastectomie et une chimio.
J’ai immédiatement pensé aux jumeaux. Ils n’avaient que 3 ans, et il faut beaucoup d’énergie pour s’en occuper, les faire manger, les laver, les occuper, etc. Ce sont des heures et des heures de tâches à accomplir chaque jour. Je savais que ça allait être dur, que je serais à plat physiquement et moralement.
Sororité
Le papa est resté très en retrait, il a continué à prendre les enfants un week-end sur deux, ni plus ni moins. Je pense que c’était compliqué pour lui émotionnellement de me voir malade.
J’ai eu la chance de pouvoir m’appuyer sur les femmes de ma famille : ma maman, mes sœurs et mes tatas. Elles ont élaboré des plannings, posé des congés, dormi à la maison… Bref, elles se sont relayées pour me soutenir et gérer les jumeaux.
Et, franchement, quand on est au fond du seau après les chimios, que l’on a envie de dormir et de vomir, c’est super important d’être accompagné.
La culpabilité de ne pas pouvoir m’occuper de mes enfants
Moi qui suis d’ordinaire une pile électrique, je n’avais plus aucune énergie. Et cela m’a fait énormément culpabiliser : j’ai eu beaucoup de mal à accepter de ne pas pouvoir m’occuper pleinement de mes enfants. Eux avaient besoin de bouger, ils avaient envie d’aller dehors, et moi je ne pouvais pas me lever du canapé…
Je leur ai toujours dit la vérité, avec des mots d’enfants, mais sans détour : « Maman a un méchant bobo dans le sein, et donc il a fallu l’enlever. »
Mes enfants, un soutien quand je n’étais pas bien
Ils m’ont tout de suite demandé si j’allais en remettre un, ce à quoi j’ai répondu que oui, j’allais le refaire. « Tu vas en avoir un tout neuf ! Il va être de quelle couleur ? » Ce qui est génial à cet âge, c’est que rien ne semble grave.
Quand mon fils, Charles, m’a vue pour la première fois la boule à zéro, il m’a dit : « Maman, tu es belle ! » Ils ont été très mignons, câlins et compréhensifs quand je n’étais pas bien.
Mais, depuis que les gros traitements sont terminés, et qu’ils voient que j’ai repris du poil de la bête, ils en profitent pour se lâcher !
L’après cancer
L’après-cancer est finalement assez difficile : il y a une espèce de creux, on se sent un peu seule après avoir été très entourée, et il faut essayer de retrouver une vie normale.
Il n’est pas toujours évident de reprendre le rythme avec les enfants, de les préparer, de les emmener à l’école, de faire les courses, etc.
J’ai eu l’occasion d’intégrer un programme post-cancer proposé par la Fondation Arc-en-Ciel : on fait du sport, on est suivi par une diététicienne, on peut voir une psychologue. Tout ça m’aide beaucoup !
À LIRE : Retrouvez tous les épisodes de notre série « Mamans solo et cancer »
Propos recueillis par Cécile Blaize et Laure Marsecaux
Retrouvez l’intégralité de ce article dans le Rose magazine n°29
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