Face aux cancers, osons la vie !

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Ma nouvelle vie après le cancer – «J’ai créé ma marque de parfum »

{{ config.mag.article.published }} 21 octobre 2025

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© An240 / Shutterstock

TÉMOIGNAGE. Chez Noura, l’expérience du cancer a provoqué un bouleversement des sens, en particulier de l’odorat. Au bout de son combat a germé chez cette jeune Grassoise l’envie de créer sa marque de parfums. Délicats, féminins, ils ont pour note de fond la célébration de la vie.

Les rêves les plus fous naissent parfois de situations douloureuses où tout semble perdu, envolé. Si l’épreuve du cancer est un rude combat à mener, elle a fait germer en moi un projet qui m’a rendu ma vitalité. Aujourd’hui, au lieu de rêver ma vie, je vis mon rêve. À 47 ans, je créé des parfums. Un métier qui semble couler de source pour une Grassoise ! Et pourtant, ce monde était très éloigné de moi, de mon chemin, quand, en 2013, on me diagnostique un cancer…

J’ai alors 36 ans. Après plusieurs expériences professionnelles peu convaincantes, je trouve enfin ma voie : le soin, et en particulier le soin de nos aînés. Avoir accompagné mon père qui souffrait de la maladie d’Alzheimer n’est sans doute pas étranger à cette révélation.

Je travaille donc dans une maison de retraite, à Cannes, en tant qu’agent de service hospitalier. J’aime ça, mais c’est dur. La fatigue est là, intense, d’autant que je dois jongler entre la garde de mon petit garçon de 10 ans, les levers matinaux et les week-ends au boulot.

S’il faut partir en guerre contre le cancer, je suis prête

Un matin de juin, le 29 précisément, à la sortie de la douche, ma main se pose machinalement entre mon aisselle et mon sein droit. Je sens une boule et, instinctivement, je sais. Deux de mes cousines souffrent d’un cancer du sein, et je n’ai pas de doute sur ce qui m’attend. Consultation en urgence, mammographie, échographie, biopsie

S’il faut partir en guerre, je suis prête. Je vais me battre pour mon fils, pas question de baisser les bras, et encore moins de mourir. Dès le mois d’août, j’enchaîne : tumorectomie, chimiothérapie, radiothérapie.

Le parcours de soins à l’hôpital de Grasse est loin d’être un parcours de santé. Lorsqu’il s’achève, en février 2014, je suis essorée, mais vivante !

Je vais bien, je travaille toujours, j’ai un avenir

J’aurai ensuite pendant cinq ans un rendez-vous de surveillance – semestriel d’abord puis annuel – avec le radiologue. Mais, pour l’heure, je vais bien. je travaille toujours en maison de retraite, j’ai un avenir.

Nous voilà en 2020, la fameuse année du Covid-19. À l’automne, je m’inquiète. J’ai mes raisons : je suis essoufflée, oppressée, angoissée. Je tousse beaucoup. J’ai perdu du poids. Mon teint est aussi terne que mes yeux sont creusés. Quant à mon cœur, il fait des siennes, tout en arythmie. Les tests du Covid-19 successifs s’avèrent tous négatifs. Pneumopathie ?

Le corps médical s’interroge, jusqu’au résultat de l’IRM, sans appel, fin octobre. Il s’agit d’un cancer du poumon, une tumeur maligne de stade IV, inopérable de par sa position. « Ça passe ou ça casse », voilà ce que je me dis et j’ai peur.

Mon fils est en terminale, et ce dernier mot me percute. Et si c’était la fin ? Mourir à 44 ans me semble bien trop tôt !

Je deviens extrêmement sensible aux odeurs

À nouveau traitée à l’hôpital de Grasse, j’enchaîne des séances de chimiothérapie, très lourdes, couplées à une immunothérapie. Je suis souvent hospitalisée, seule face à cette épreuve. Les mesures drastiques d’hygiène face au Covid-19 n’encouragent pas la convivialité ! La fin d’année est rude. Le début de 2021 l’est tout autant. Je ne sais pas si la chance sera de mon côté mais, une fois encore, je veux y croire. Je suis pourtant très affaiblie. Les effets secondaires dus aux traitements me clouent souvent au lit.

Lors de mes séances de chimiothérapie, je deviens extrêmement sensible aux odeurs. Le moindre effluve, même familier, m’indispose, m’écœure, devient insupportable. En parallèle des traitements, des ateliers « senteurs » (nous sommes à Grasse, capitale de la parfumerie !) nous sont proposés. Une façon de nous réconcilier peut-être avec la beauté du monde, si abîmée à l’hôpital. Mais je n’ai ni le courage ni la force d’y participer.

Je tente la sophrologie. Arriver à convoquer un souvenir olfactif apaisant pourra peut-être m’aider.

J’imagine la douce odeur du jasmin, lorsque, enfant, je passais mes vacances en Tunisie. Mais le pouvoir mental à ses limites, en tout cas sur moi.

Ma pneumologue, avec qui j’ai tissé une jolie relation faite d’écoute et de confiance, s’empare de mon problème. Elle m’offre un petit stick odorant, à base d’herbes, à inhaler durant les séances de chimiothérapie. Je suis touchée, car elle l’a fait faire spécialement pour moi ! Ses effets n’ont rien de miraculeux, mais j’apprécie énormément la démarche. Et je saurai m’en souvenir. Les traitements font leur œuvre. Nous voici en 2022. Les TEP-scan successifs l’affirment : pas de récidive. Une fois encore, seule certitude, je suis toujours vivante.

Si je suis encore là, c’est que j’ai quelque chose à faire

Réaliste, je ne pose cependant pas un point final à mon combat avec le cancer, mais plutôt des points de suspension. Pas question de perdre maintenant une minute, le temps est trop précieux ! Puisque je suis encore là, c’est que j’ai quelque chose à faire, à inventer. Et, au cas où les choses se passent mal, je me dis que j’aimerais laisser une trace, une empreinte, afin que l’on ne m’oublie pas.

Je rêve de création, ce qui me ramène à mes années post-bac, à l’époque où j’avais commencé des études de stylisme. J’imagine quelque chose de beau, qui fait du bien, qui accompagne, qui rassure. Ma pensée s’emballe. Me revient soudainement en mémoire l’impact des odeurs sur mon bien-être durant la maladie. Voilà ce vers quoi je dois aller : créer des parfums pour accompagner les moments de la vie, y compris les plus difficiles, par des senteurs agréables, délicates et rassurantes.

Donc je vais créer ma marque. Je prends cette décision alors que je n’ai aucune connaissance en matière de parfumerie, je suis juste une amoureuse, comme beaucoup de femmes, des belles fragrances ! Et je me sens assez forte pour m’attaquer à l’impossible. Je me lance.

Le parfum, un bouclier invisible

Je bascule dans l’autoentrepreneuriat et j’amorce mon projet en commençant par… lire. Je dévore tout ce que je trouve ayant trait aux parfums. Je repère les nouveautés, les notes olfactives à la mode – l’ambre, l’oud, le santal, le patchouli… Je me renseigne tous azimuts, habitée par mon idée. Mon intuition me guide. Je suis Noura Djen, mon nom sera celui de ma marque. J’en dessine moi-même le sigle : un N et un D entrelacés. Je contacte un artisan parfumeur grassois et construis avec lui, note après note, l’idée que je me fais d’un parfum que je veux unique. L’inspiration est de mon côté, la chimie du sien.

Le miracle opère. Voilà que jaillit mon premier « jus » féminin, dont l’une des notes, la vanille, évoque une douceur tendre, chaleureuse, réconfortante. Je le baptiserai Nour – mon hommage personnel à la vie !

Si mes économies en prennent un coup, question santé, je tiens, emportée par la passion. Je considère que le parfum est un bouclier invisible qui nous protège et nous fortifie dans les batailles de la vie.

Je suis encouragée par un grand parfumeur, étonné de la qualité de ma première création : « Un coup de maître pour une profane ! » Je m’entoure de professionnels bienveillants qui, sensibles à mon histoire, à mon envie, à ma pugnacité, m’offrent une aide inespérée, mais ô combien précieuse !

Un ami peintre dessine le nom des parfums sur le flacon, un jeune designer conçoit mon site internet, une mannequin se prête au jeu du shooting pour incarner mes différentes fragrances, sous l’œil d’un vidéaste très créatif…

Depuis Nour, cinq autres parfums ont vu le jour, et mon dessein reste inchangé : concevoir des jus uniques qui célèbrent la vie et guérissent les blessures.

À LIRE AUSSI : Retrouvez d’autres témoignages de femmes qui ont changé de vie après leur cancer dans notre série « Ma nouvelle vie après le cancer »

Propos recueillis par Bernadette Fabregas

Retrouvez cet article dans Rose magazine n°27


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Bernadette Fabregas Gonguet

Infirmière dans une première vie, elle est devenue journaliste spécialisée en santé dans les années 1990 et collabore régulièrement à la revue Santé mentale, consacrée aux soignants en psychiatrie. Depuis 2021, elle met sa plume empathique au service de notre rubrique « C’est ma vie », dans laquelle elle rapporte la parole de nos lectrices et chronique «leurs mille et unes façons, souvent créatives, de faire face à la maladie ».

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