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« À cause du Covid-19, on a changé mon protocole de thérapie ciblée »

{{ config.mag.article.published }} 23 mars 2020

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Illustration : Matthieu Méron

Séverine suit une thérapie ciblée pour un cancer du sein métastatique. A cause l'épidémie de coronavirus et de son système immunitaire affaibli, elle voit son programme thérapeutique bouleversé. Entre angoisse et confinement, elle nous raconte.

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Sortir avec parcimonie, visage masqué et un flacon de gel hydroalcoolique toujours à portée de main, Séverine en avait déjà pris l’habitude depuis un moment. Faire attention aux virus en tous genres aussi : « avec une fille collégienne, à la maison c’était obligé ».

Peur de ne pas trouver son médicament

L'Institut Gustave Roussy donne ses préconisations pour les malades de cancer-rosemagazine-roseupassociation
L’Institut Gustave Roussy, premier centre de cancérologie en Europe

À bientôt 44 ans, Séverine est atteinte d’un cancer du sein métastatique. Après une série de séances de chimiothérapie (taxol), elle suit désormais une combinaison d’hormonothérapie et de thérapie ciblée (ribociclib) à L’Institut Gustave Roussy. Le rythme : « trois semaines de traitement, une semaine de pause ».

Retirée dans la maison familiale de l’Essonne dès le 15 mars, elle a vécu une partie de cette première semaine de confinement dans la peur de ne pas réussir à trouver son médicament pour sa séance du lundi 23 mars. Soulagement, mercredi : « le produit était arrivé à la pharmacie, mon mari a pu aller le chercher. »

Une thérapie ciblée qui fait baisser l’immunité

Séverine a beau se considérer « chanceuse » dans son confinement – « on a un petit jardin », elle n’en est pas sereine pour autant. Et pour cause: « on m’a prévenue. Ce traitement fait énormément baisser mon immunité ». Elle est d’ailleurs astreinte à des prises de sang régulières, pour surveiller son taux de globules blancs et particulièrement les polynucléaires neutrophiles, dont le rôle est de défendre l’organisme. « Si les polynucléaires neutrophiles sont supérieurs à 1000 en début de cycle, on continue le traitement. S’ils chutent en dessous de 500 en milieu de cycle, on suspend jusqu’au prochain. » Cette neutropénie fragilise. Le traitement lui impose aussi un électrocardiogramme tous les 15 jours.

Changement de traitement

chimiothérapie RoseUp Association Face aux cancers osons la vie

Vendredi matin, à une petite semaine de son prochain rendez-vous à l’Institut Gustave Roussy, Sévérine n’avait encore reçu qu’une consigne, par mail. On lui conseillait de « renoncer au rendez-vous chez le dentiste, qui était prévu lundi, pour une injection destinée à renforcer les os. Ce traitement peut aussi provoquer une ostéonécrose maxillaire ». Pour le reste, son calendrier était encore maintenu.

Redéfinir le bénéfice du traitement et le risque de la contagion, pour chaque patient

Séverine se préparait alors à faire venir l’infirmière pour sa prise de sang, préférant ne pas se déplacer au labo. Et avait décidé de se rendre à Gustave Roussy avec sa propre voiture, au lieu du taxi. Le trajet lui sera finalement épargné. En fin d’après-midi vendredi, l’oncologue du centre de cancérologie, où l’on s’affaire depuis une semaine à limiter au maximum la venue des patients (lire nos précédents articles) l’a appelée. Chaque oncologue ré-interroge la balance bénéfice/risque comme nous l’expliquait le Pr Krakowski. « On bascule mon traitement sur une autre molécule de thérapie ciblée, le palbociclib, qui ne nécessite pas d’électrocardiogramme régulier. Mon mari s’est précipité à la pharmacie dans la foulée pour commander le nouveau traitement. On l’aura lundi, ouf ! » L’oncologue rappellera Séverine jeudi pour faire le point.

LIRE AUSSI : Retrouvez tous nos articles sur la vaccination, l’impact de la pandémie sur les malades de cancer, les risques face au Covid-19, les pertes de chance… dans notre dossier complet Cancer et coronavirus.

 


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Claudine Proust

Elle a débuté en 1989 au Parisien, puis s’est spécialisée dans les sujets de santé, d’éthique et de société. Depuis 2016, elle est pigiste pour divers titres (Top santé, Pleine vie...) et collabore régulièrement à nos pages. « Ce que j’aime dans le magazine Rose, c’est le lien avec et entre les lectrices. L’incroyable énergie, la gaîté (oui !) et la sororité qu’elles transmettent. »

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