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Tatouage de l’aréole mammaire : Alexia Cassar vous conseille

{{ config.mag.article.published }} 4 octobre 2020

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Le cancer du sein est derrière vous et, après votre reconstruction, vous envisagez de recourir au tatouage pour redessiner vos aréoles mammaires ? Alexia Cassar, créatrice du salon The tétons tattoo shop et référence dans le domaine, vous dit tout sur cette technique pour vous aider à faire ce choix en toute connaissance de cause.

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Quelles sont les différentes techniques de reconstruction mammaire ?

Alexia Cassar : Après une ablation du sein, les patientes qui le souhaitent peuvent bénéficier d’une reconstruction. La première étape de cette intervention ne recrée que le galbe du sein lui-même, et non celle du mamelon, ni la coloration de l’aréole qui l’entoure.

Ensuite, plusieurs options se présentent : reconstituer ou non le volume du mamelon par une greffe, ou en surélevant la peau du sein reconstruit pour former un petit relief et/ou opter pour un tatouage, soit médical soit artistique. Ce dernier pourra recréer la coloration de l’aréole, voire simuler le volume du mamelon ou même des veines ou des grains de beauté.

Enfin, dernière option, avec ou sans reconstruction : certaines femmes préfèrent ne pas rechercher le réalisme. Un tatoueur peut alors proposer un motif couvrant les cicatrices et/ou le sein reconstruit, pour « faire peau neuve ».

Vaut-il mieux se faire tatouer à l’hôpital, en institut de beauté ou chez un tatoueur professionnel ?

Tout d’abord il faut savoir que les techniques mises en œuvre, et les résultats obtenus, diffèrent selon le choix effectué. Le tatouage médical doit être réalisé par
un professionnel de santé, à l’hôpital (auquel cas il est pris en charge) ou chez un dermatologue, en ville.

Il consiste en l’application, sous anesthésie, de pigments comparables à ceux utilisés pour un maquillage semi-permanent, mais conditionnés de manière stérile. La gamme de teintes disponibles est limitée, et les couleurs perdent de leur intensité au fil du temps, nécessitant généralement d’intervenir à nouveau au bout de un à deux ans.

Certains instituts de beauté proposent, sans anesthésie, des interventions de
dermopigmentation mettant en œuvre des substances colorées similaires, mais qui ne
sont pas toujours conditionnées de manière stérile.

Le tatouage artistique 3D est une approche différente. Cette pratique née aux Etats-Unis recourt aux mêmes encres que pour un tatouage classique. Celles-ci sont donc permanentes, et plusieurs centaines de teintes sont disponibles pour un rendu très réaliste.

De quelle prise en charge pourrai-je bénéficier?

C’est l’autre critère primordial de choix. Contrairement au tatouage médical, pris en
charge par la sécurité sociale, avec éventuellement un complément des mutuelles, le
tatouage artistique n’est pas un geste médical. Il n’est donc pas remboursé, sauf parfois au titre des aides sociales de la sécurité sociale ou des mutuelles.

Je facture 450 euros pour un sein, 700 euros pour les deux et 100 à 150 euros lorsque des retouches s’avèrent nécessaires. Une somme inférieure à celle généralement demandée pour une dermopigmentation en cabinet esthétique, qui n’est pas non plus prise en charge de manière systématique.

Dans quel cas le tatouage artistique est-il possible ?

Il est envisageable quel que soit le type de reconstruction qui a été effectué : par
lambeau, lipofilling ou pose d’une prothèse, avec ou sans reconstruction du mamelon.
Je demande toujours un avis médical, notamment parce que cette pratique est en
revanche contre-indiquée aux personnes atteintes d’une maladie infectieuse, d’une pathologie chronique, d’une maladie systémique grave, d’allergies graves ou d’une
maladie dermatologique évolutive. On ne la pratique pas non plus lorsque la cliente est enceinte ou allaite.

La dernière intervention ayant laissé une cicatrice doit remonter à au moins un an, et le dernier lipofilling à au moins six mois. Pour un tatouage sur la cicatrice elle-même, il faudra même patienter deux ans.

La peau ne doit par ailleurs pas être trop fine ou trop endommagée par les traitements reçus, et les cicatrices ne doivent plus être violacées ni inflammatoires. Si elles le sont toujours, des massages peuvent aider à préparer la peau avant d’envisager un tatouage.

Enfin, précision importante, je n’effectue aucun tatouage pendant les périodes de
chimiothérapie ni pendant les traitements par thérapie ciblée. Si le tatouage n’est pas
(ou pas encore) possible, certains sites marchands proposent des décalcomanies, dont la durée de vie est de sept à dix jours.

Comment se déroule le tatouage ?

Lors du premier contact, par mail, je demande à recevoir la date de la dernière intervention ainsi que des photos afin de me rendre compte de l’état de la peau et des cicatrices, pour évaluer si je peux tatouer. Je retourne une note d’information récapitulant l’ensemble des contre-indications, et je demande à mes clientes de solliciter l’avis de leur médecin, et de me signer un document attestant de leur consentement éclairé.

Le rendez-vous dure cinq à six heures au total, mais le tatouage lui-même ne prend que trente à quarante-cinq minutes. Auparavant, je prends le temps d’examiner soigneusement la peau puis d’y réaliser un dessin à main levé. Nous choisissons ensuite la couleur, en anticipant la perte d’intensité qui interviendra au cours du premier mois avant stabilisation définitive. Cette atténuation de la couleur dépend de nombreux paramètres dont l’âge, la carnation ou la nature des traitements reçus : mon expérience est déterminante pour l’anticiper.

Le tatouage lui-même peut être légèrement douloureux –nous n’avons pas le droit de réaliser d’anesthésie -, mais je travaille sur ce ressenti avec mes clientes pour les aider à l’accueillir comme un retour à la vie de cette partie de leur corps, dans laquelle justement les sensations sont très atténuées après une reconstruction. Et d’ailleurs ce n’est presque rien après tout ce qu’elles ont déjà traversé. Elles repartent avec un pansement transparent, à garder pendant trois jours. La cicatrisation dure trois semaines à un mois.

Une seconde séance d’une durée similaire peut être programmée trois mois après la première s’il faut effectuer des retouches, par exemple pour rectifier un peu la couleur lorsqu’elle s’est un peu trop éclaircie localement autour d’une cicatrice.

Comment choisir son tatoueur ?

Avec soin ! Le tatouage artistique après une reconstruction mammaire étant une pratique relativement récente, importée des Etats-Unis, elle n’est pas encadrée, et son enseignement est inexistant en Europe. Or intervenir sur une peau cicatricielle ne s’improvise pas.

Pour maîtriser cet art délicat, l’idéal est non seulement d’apprendre les techniques de base du tatouage, mais aussi de consacrer six à douze mois de plus pour en apprendre les spécificités auprès de ceux qui le pratiquent sur le continent américain. Il est donc important de bien vérifier la compétence du tatoueur et de préférer un professionnel aguerri, d’autant plus que l’intervention est définitive.

EN VIDÉO
Retrouvez l’intégralité du webinaire animé par Alexia Cassar, créatrice du salon The tétons tattoo shop, (et bien d’autres) sur notre chaîne YouTube.

 


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Muriel De Vericourt

Journaliste scientifique

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